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Efigies (communication collective)
Christine Planté
Ginevra Conti Odorisio, professeure d’histoire, Université de Rome 3
Dans cet exposé, je présenterai, en première partie, quelques données historiques sur le problème de l’institutionnalisation des études de genre dans les Universités, en Italie, de 1985 à 2005. J’aborderai, en seconde, la question complexe de l’usage de ce concept dans la recherche scientifique. Un des résultats les plus intéressants du mouvement féministe a été celui de souligner l’absence de connaissances de l’histoire des femmes et en général de l’apport des femmes à l’histoire, aux sciences et aux différentes disciplines, comme l’histoire de la pensée politique, dont je m’occupe.
Sciences Po, le MLF et la mémoire des luttes féministes
Juliette Rennes et Rose-Marie Lagrave
Si la catégorisation d’un phénomène comme "nouveau" est un principe récurrent de production de l’information, lorsque ce principe concerne le traitement des mouvements sociaux et des mobilisations, il a aussi pour effet d’effacer l’histoire des luttes. Il est ainsi courant que des féministes se voient qualifier de "nouvelles" quand bien même elles se présentent comme des héritières des luttes antérieures.
Eleni Varikas
Si, dans ses versions dominantes, la réflexion féministe a historiquement montré un attachement pathétique au projet de la modernité, cette passion - malheureuse car trop souvent à sens unique - est en train de s’affaiblir quand elle ne se tourne pas purement et simplement en son contraire. Pour ne pas avoir rempli ses promesses émancipatrices, la modernité devient l’objet d’une interrogation qui tend à déstabiliser quelques-unes des certitudes les mieux installées de notre tradition de l’Aufklärung, cette même tradition qui a vu naître la demande de l’émancipation des femmes.
Michèle Riot-Sarcey
S’il nous fallait rendre compte des discours d’exclusion des femmes de la cité, cet article n’y suffirait pas ; bien d’autres avant moi ont analysé ces discours, sans cependant infléchir l’écriture de l’histoire politique vers la critique des relations de pouvoir où s’inscrit le devenir historique des femmes. Du point de vue du mode de penser le politique, nous sommes toujours ou presque assignées à « la loi » énoncée par Auguste Comte :
« C’est ainsi que dans toutes sociétés humaines, la vie publique appartient aux hommes et l’existence des femmes est essentiellement domestique. Loin d’effacer cette diversité naturelle, la civilisation la développe sans cesse, en la perfectionnant. »
Christine Planté
Pour décrire les positions en présence dans les différents travaux concernant la place des femmes et les rapports sociaux entre les sexes, on a l’habitude de recourir aux termes, supposés antinomiques, d’égalité et de différence, ou encore on parle d’un féminisme égalitaire et d’un féminisme identitaire . Le premier, héritier des Lumières, revendiquerait l’application à toutes et à tous des droits des individu(e)s né(e)s libres et égaux/ ales, ce qui suppose de démontrer que les femmes sont bien des individus, des êtres humains, autant que les hommes, et que la différence des sexes, les comportements sexuels tels qu’ils sont connus, sont impensables indépendamment de leur construction sociale, historique et culturelle. Le deuxième, tenant la différence pour acquise, dénonce son occultation, ses travestissements ou utilisations par une société phallocentrique, cherche à en changer le sens et la valeur, et la place au fondement d’une réflexion théorique, politique et éthique.
Virgínia Ferreira, Université de Coimbra (Portugal)
La difficulté de conceptualiser les femmes, comme collectif social, par la Sociologie et d’autres sciences sociales, aussi bien que les problèmes suscités par le concept de " gender " sont présents dans l’oeuvre de beaucoup d’auteurs, femmes et hommes, qui, au Portugal, ont effectué des recherches dans ce domaine. Voyons quelques exemples, entre celles et ceux qui me semblent plus significatives/significatifs.
Gaël Pannatier et Magdalena Rosende
Les Etudes Genre ont connu un développement réjouissant cette dernière décennie en Suisse, avec la création de plusieurs postes dans les universités. Derrière ce tableau idyllique, il faut cependant relever que la plupart des postes, centres ou projets ne sont pas stables et que les avancées sont le produit de luttes et d’investissements de temps importants de la part des chercheur·e·s féministes. Dans ce pays fédéraliste, plurilingue, et composé de dix universités de taille modeste, la particularité du champ des Etudes Genre est la volonté de mise en réseau sur le plan national. Elle se traduit notamment par deux projets qui oeuvrent pour beaucoup dans l’essor des Etudes Genre : le LIEGE (Laboratoire interuniversitaire en Etudes Genre) basé à l’Université de Lausanne (et principalement romand) et la plateforme internet GenderCampus, rattachée à l’Université de Berne.
Michèle Riot-Sarcey
Au risque de nous répéter, encore faut-il revenir sur l’usage du genre comme outil d’analyse historique. Mal introduit en France — sans doute à cause de sa polysémie —, il est souvent assimilé au sexe féminin, en tant que donnée biologique et, par voie de conséquence, de donnée historique.