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Les Etudes Genre en Suisse : entre dynamisme et institutionnalisation précaire

par Gaël Pannatier et Magdalena Rosende


Date de mise en ligne : [25-06-2013]




Les Etudes Genre en Suisse : entre dynamisme et institutionnalisation précaire

par Gaël Pannatier et Magdalena Rosende

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Résumé

Les Etudes Genre ont connu un développement réjouissant cette dernière décennie en Suisse, avec la création de plusieurs postes dans les universités. Derrière ce tableau idyllique, il faut cependant relever que la plupart des postes, centres ou projets ne sont pas stables et que les avancées sont le produit de luttes et d’investissements de temps importants de la part des chercheur·e·s féministes. Dans ce pays fédéraliste, plurilingue, et composé de dix universités de taille modeste, la particularité du champ des Etudes Genre est la volonté de mise en réseau sur le plan national. Elle se traduit notamment par deux projets qui oeuvrent pour beaucoup dans l’essor des Etudes Genre : le LIEGE (Laboratoire interuniversitaire en Etudes Genre) basé à l’Université de Lausanne (et principalement romand) et la plateforme internet GenderCampus, rattachée à l’Université de Berne.

Un panorama des enseignements et principaux courants de recherche présents en Suisse illustre ce développement. S’intéressant aux théories et cadres conceptuels mobilisés par les enseignant·e·s et chercheur·e·s, il met en évidence l’existence de traditions scientifiques différentes suivant la zone linguistique considérée. Les travaux de la relève en Suisse romande complètent cet aperçu.

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Dans le cadre de cette rencontre internationale du RING, nous avons choisi d’exposer la situation helvétique en deux volets : en premier lieu, le développement récent et les caractéristiques de l’institutionnalisation des Etudes Genre en Suisse ; en deuxième lieu, un aperçu des principaux courants de recherches présents, mais aussi des champs demeurant inexplorés.

I. Une institutionnalisation très récente et une mise en réseau nationale

Depuis une petite décennie 1, les Etudes Genre occupent une place, certes toujours précaire mais de mieux en mieux accueillie, dans les universités suisses 2. Durant des années, la recherche féministe s’est effectuée en grande partie dans l’ombre, souvent portée par des personnes occupant des postes instables au sein ou à l’extérieur des universités et généralement liés aux mouvements féministes. Si les universités alémaniques avaient un peu d’avance dans l’intégration du genre dans les enseignements dans les années ’90 (influencées par le champ académique allemand), les cours dispensés en Suisse romande ont bien progressé depuis la fin des années ’90 et la situation est depuis peu assez homogène sur le plan national. L’actuelle conquête d’espaces institutionnels en Suisse, tels les enseignements fléchés Genre dans les cursus d’études et la création de centres ou d’unités Genre interdisciplinaires, permet maintenant de diffuser la perspective de genre. De plus, grâce à des projets de mise en réseau et des plate-forme d’informations, les contacts et les échanges scientifiques se multiplient et les informations circulent mieux. Enfin, cette perspective prend depuis quelques années aussi pied dans les cursus des Hautes Ecoles Spécialisées 3, ainsi que dans des recherches appliquées, principalement dans le secteur de la santé et du social.

Moments-clés dans le développement des enseignements en Etudes Genre

En retraçant très brièvement l’histoire et en brossant le paysage des Etudes Genre dans les enseignements universitaires en Suisse, trois jalons nous semblent primordiaux. La première étape que nous souhaitons relever est la création de Centres de recherche interdisciplinaires en Etudes Genre dans les trois principales universités de Suisse allemande 4. Disposant de moyens financiers limités et précaires, ces centres ont cependant permis une visibilisation et une coordination de l’information concernant les études féministes dans ces universités. Ils ont été fondés par des enseignant·e·s rattaché·e·s à différentes facultés, intégrant la perspective de genre dans leurs recherches et dans leurs cours. Il faut souligner que cette dynamique alémanique a été fortement marquée par le développement institutionnel des études féministes en Allemagne, en avance d’une dizaine d’années sur la Suisse. 5

Une autre étape a été la création des premiers postes de professeur·e·s en Etudes Genre. Au-delà d’enseignements (dès les années 80) et de recherches, développés au gré d’initiatives individuelles et non institutionnalisés, les deux premiers postes de professeure auxquels a été explicitement attaché le label « Etudes Genre » ont été créés à l’Université de Lausanne en automne 2000 et à l’Université de Bâle au printemps 2001. Appuyés par le contexte international et national favorable de ces dernières années, ils sont le fruit de mobilisations d’étudiant·e·s, de doctorant·e·s et d’enseignant·e·s de ces universités, conjointement à un appui venant du haut, soit du rectorat de ces universités. L’ouverture de ces chaires a été un signal important. Elle a permis d’une part l’ancrage clair de ces études dans l’institution - même si les moyens restent modestes - et le développement de dynamiques au sein de ces deux universités, notamment avec la mise sur pied, à partir de Lausanne, d’un réseau de chercheures en Etudes Genre : le LIEGE - Laboratoire interuniversitaire en Etudes Genre (2001), et d’un centre d’Etudes Genre à Bâle (2001). D’autre part, l’objectif actuel de chacune des autres grandes universités suisses est la création d’au minimum une chaire en Etudes Genre. L’Université de Genève a aussi franchi le pas, en créant en 2005 un poste de professeure en Etudes Genre et va aussi institutionnaliser son Centre en Etudes Genre. Par ailleurs, les postes attribués aux Etudes Genre dans le corps intermédiaire (assistant·e·s, maître assistant·e·s, ?) se multiplient également dans différentes universités.

Le troisième jalon dans les enseignements est très récent (2005-2007) avec le projet Gender Studies Suisse. Ce projet national a été mis sur pied par la commission « KOFRAH - Gender Studies », groupe de travail (composé d’une représentante des Etudes Genre par université) formalisé en 2002 pour porter et coordonner les Etudes Genre sur le plan national, notamment sur la scène politique. Ce projet - déposé auprès de la Conférence universitaire suisse (CUS) - a été approuvé en automne 2004 mais sévèrement amputé (3.2 millions de francs suisses 2 millions pour 10 universités au lieu des 6 millions planifiés au Parlement). Il a permis la création de postes (le plus souvent à temps partiel vu les coupes budgétaires) d’enseignant·e·s en Etudes Genre dans toutes les universités de Suisse (sauf le Tessin), pour une durée de 2 ans et demi, dès septembre 2005. Il permet aussi de mettre en place, en octobre 2005, un Bachelor interdisciplinaire avec orientation genre à l’Université de Bâle. L’ensemble du projet Gender Studies Suisse vise à développer les Etudes Genre dans toutes les universités suisses, contrairement à certaines volontés politiques qui ne souhaitaient que deux centres spécialisés dans ce domaine, l’un en Suisse romande et l’autre en Suisse allemande. Le projet justifie son choix par une coordination de l’offre d’enseignements et une complémentarité entre les universités sur le plan national. L’objectif sera de stabiliser ensuite les postes qu’il a pu développer, en tentant de les faire financer par les différentes universités. Enfin, la commission « KOFRAH - Gender Studies » va tout mettre en ?uvre pour tenter d’obtenir une prolongation du projet pour le prochain plan quadriennal 2008-2011 de la politique scientifique suisse. 6

Encore peu de soutien pour la recherche en Etudes Genre

Ce tour d’horizon rapide doit être complété par un aperçu de la situation de la recherche féministe en Suisse. Pour l’instant, malgré un discours actuel favorable à l’intégration d’une perspective de genre dans l’ensemble des programmes de recherche en sciences humaines et sociales, cela reste une déclaration d’intention non contraignante et très peu de projets financés par le Fonds national de la recherche suisse (FNS) incluent réellement une dimension de genre. L’exception a été le Programme national de recherche 35 centré sur les femmes dans la loi et dans la société (Social and Legal Status of Women - Ways to Equality). Celui-ci a été un signal et une ressource importante pour la recherche dans ce domaine. C’est la seule fois où la recherche féministe a été dotée d’un apport financier appréciable, en soutenant 24 projets dans différentes disciplines entre 1993 et 1997. Plus récemment, malgré l’investissement des chercheuses éministes qui se sont coordonnées dans tout le pays pour obtenir un pôle de recherche national (PRN) en Etudes Genre, les deux projets déposés ont passé plusieurs étapes de sélection mais n’ont pas été retenus dans la phase finale (en 2000 et 2004). Actuellement, des démarches sont menées par les chercheuses féministes pour tenter d’obtenir un nouveau Programme national de recherche.

Un premier bilan sur le plan institutionnel

L’insertion actuelle des Etudes Genre au sein des universités helvétiques s’explique à la fois par les engagements, individuels et collectifs, qui ont ?uvré à leur reconnaissance et par l’extension d’un discours général sur l’égalité des sexes qui, depuis une quinzaine d’années, a pris une large place dans le débat public, et, plus modestement, dans la politique scientifique appuyant les Etudes Femmes - Etudes Genre. En moins de dix ans, de nouvelles structures ont déjà beaucoup transformé le paysage des Etudes Genre en Suisse, et indéniablement, celles-ci sont en train d’acquérir une certaine visibilité aux yeux des étudiant·e·s (offre plus développée, mieux diffusée et plus accessible), des chercheuses et des chercheurs (centres de compétences, colloques de recherches, réseaux, etc.), du milieu académique et de la société. 7

Nous nous voulons optimistes par rapport à la situation suisse et aux avancées récentes, mais il n’en reste pas moins que les moyens alloués aux Etudes Genre demeurent limités et que la majorité des projets et des postes sont précaires. De plus, le dynamisme actuel est largement dû à un investissement important des enseignant·e·s et personnes engagé·e·s en faveur des études féministes, qui se retrouvent le plus souvent submergé·e·s par l’ampleur de la tâche (participation à des commissions, propositions et développements de projets de recherches, encadrement des étudiant·e·s, des mémoires et des thèses en Etudes Genre notamment), en raison de leur petit nombre et de leur position à la marge des créneaux scientifiques habituellement reconnus.

La mise en réseau : point fort des Etudes Genre en Suisse

Dans cette dernière partie consacrée à l’institutionnalisation des Etudes Genre en Suisse, nous aimerions signaler un aspect qui semble spécifique à la Suisse en comparaison à la situation internationale, et qui est particulier au domaine des Etudes Genre au sein des disciplines et de la structure de l’enseignement et la recherche (très décentralisée) en Suisse. Celle-ci concerne l’effort déployé depuis cinq ans environ pour la collaboration sur le plan national. Les chercheur·e·s et enseignant·e·s féministes se sont investi·e·s dans un travail collectif pour soumettre des projets englobant la majorité des universités suisses. C’est le cas sur plusieurs plans :

  • - élaboration de deux projets de recherches d’envergure nationale composés d’équipes pluriuniversitaires et articulés autour de différents thèmes touchant à l’ensemble des domaines de la vie sociale, politique et économique structurés par les rapports sociaux de sexe (projets qui n’ont finalement pas été retenus dans la dernière étape de la sélection opérée au niveau fédéral) ;
  • - création d’une école doctorale suisse en Etudes Genre - chapeautée par Bâle et gérée de manière décentralisée en quatre sous-écoles 8 ; poursuite d’un deuxième cycle d’école doctorale sur le même modèle ;
  • - création d’une commission nationale pour les Etudes Genre - la « KOFRAH - Gender Studies » qui échange des informations, se mobilise sur différents dossiers politiques et a mis en place un projet de développement coordonné des enseignements en Etudes Genre dans l’ensemble des universités ;
  • - création et développement de deux réseaux / plate-forme d’informations centrés sur les Etudes Genre : le réseau LIEGE (Laboratoire interuniversitaire en Etudes Genre, plutôt francophone) et le site www.gendercampus.ch (plutôt germanophone).

Cette dynamique de coopération nationale ne va pourtant pas de soi. En effet, si les instances scientifiques et le contexte politique visent actuellement à une collaboration renforcée (mais concurrentielle) en Suisse, la démarche ne prend forme que très lentement, freinée, d’une certaine manière, par l’ancrage régional et l’autonomie des universités, qui dépendent des cantons et non de la politique fédérale. Parmi les difficultés structurelles auxquelles les chercheur·e·s en Etudes Genre ont à faire face, la multiplicité des langues reste une barrière centrale, un problème tout à fait concret qui ne facilite pas l’élaboration des projets, les discussions nationales et les échanges scientifiques - par ailleurs basés sur des traditions et des orientations théoriques différentes. Le fonctionnement très indépendant et variable de chaque université, lié au contexte particulier du système politique helvétique (fédéralisme décentralisé), ne favorise pas non plus des coopérations supra-universitaires. Enfin, il ne faut pas sous-estimer la concurrence entre les universités.

Chaque brèche dans cette politique scientifique à la fois ouverte aux Etudes Genre et réticente à leur « trop grand » développement constitue cependant une occasion à saisir pour implanter la recherche féministe dans l’institution universitaire. C’est ce qui s’est passé avec deux projets nationaux actuellement très dynamiques dans le champ des études féministes helvétique : la plateforme d’informations Gender Campus (www.gendercampus.ch) et le réseau de chercheur·e·s LIEGE (www.unil.ch/liege). Ils visent à soutenir les personnes intéressées par les Etudes Genre et les questions d’égalité dans les Hautes Ecoles, le premier étant rattaché à l’Université de Berne et plutôt orienté vers l’espace germanophone, le deuxième à l’Université de Lausanne et orienté vers l’espace francophone. Vous trouvez deux encadrés en fin de texte, qui présentent brièvement les objectifs et activités de ces deux projets.

Après ce tour d’horizon des développements récents intervenus dans le Etudes Genre sur le plan suisse, nous vous proposons un aperçu des principaux axes d’enseignement et de recherche présents dans ce pays. Dans cette partie, nous nous focaliserons surtout sur l’aire francophone.

II. Panorama des enseignements et des recherches : prédominance des sciences sociales

Si les enseignements fléchés genre ont conquis des espaces institutionnels dans certaines disciplines ou domaines d’études, force est de constater que le genre est quasi ignoré dans plusieurs filières universitaires. L’examen des enseignements intégrant une perspective de genre dans les universités francophones et germanophones, que ce soit au niveau des cours, des séminaires (ou travaux pratiques) montre une prépondérance des sciences humaines au détriment des sciences exactes. Les thématiques abordées dans les cursus d’études et la recherche académique varient sensiblement suivant les universités et s’inscrivent dans des traditions féministes différentes. L’examen de l’usage des concepts, du concept de genre notamment, montre que ce terme a des acceptions variées, suivant le statut - descriptif ou analytique - accordé à la notion.

L’enseignement : une offre croissante mais différenciée

Le recensement mené dès 2005 par Gender Campus donne un excellent aperçu des enseignements intégrant (partiellement ou fondamentalement) 9 une perspective de genre dans les dix universités suisses. En automne 2006, il est ainsi possible de suivre des cours centrés sur le genre au niveau bachelor dans l’ensemble du pays. Si l’offre ne cesse d’augmenter depuis quelques années, la gamme d’enseignements est cependant très diversifiée, dans la mesure où leur nombre varie fortement suivant l’université considérée. Relativement étendue à Bâle, Berne, Genève, Lausanne, et Zurich, la liste de cours intégrant une perspective de genre est plus réduite dans les autres universités 10, où elle se présente la plupart du temps sous forme de modules. 11

L’Université de Bâle arrive en tête en matière d’offre d’enseignements. Depuis 2005, il est en effet possible de suivre une filière complète en Etudes Genre (Bachelor et Master) 12. Remarquons que Bâle est la seule université helvétique proposant un Bachelor en Etudes Genre. Par ailleurs, une branche libre « Genre » peut être incluse dans le cursus de n’importe quelle faculté. En place depuis l’automne 2006, le Master en Etudes Genre est interdisciplinaire, à l’instar de celui de Genève. Pour l’instant, ce grade n’est délivré que dans ces deux universités (mais des branches secondaires genre vont bientôt être disponibles dans les masters de Lausanne, Berne et Zurich).
Mentionnons enfin l’existence depuis 2002 de quatre écoles doctorales en Etudes Genre, auxquelles participent les universités de Bâle, Berne, Fribourg, Genève, Lausanne et Zurich.

Prédominance des sciences humaines

Quelle que soit l’université prise en considération, les enseignements adoptant une perspective de genre sont concentrés dans les facultés de sciences humaines, à l’exception du droit et de l’économie. Dans le champ des sciences exactes, l’offre est rare, voire inexistante. Dans les facultés de biologie et médecine romandes, les cours intégrant le genre se comptent ainsi sur les doigts d’une main. Enfin, dans les deux écoles polytechniques fédérales, où sont formés les ingénieur·e·s, les cursus d’études méconnaissent le genre.

Plus précisément, les enseignements centrés sur le genre ont surtout été développés dans le domaine des sciences sociales. La prédominance de ce champ d’études est ainsi marquée dans l’ensemble des universités suisses. En Suisse romande, la sociologie arrive en tête de l’offre de cours intégrant une perspective de genre, suivie par l’anthropologie (ethnologie). Les disciplines littéraires occupent une place croissante. En queue de peloton, on trouve la science politique, l’histoire, la philosophie. 13

Des traditions scientifiques différentes

L’examen du contenu des matières enseignées fait ressortir un contraste important entre l’offre germanophone et l’offre francophone, un contraste qui recoupe en grande partie des courants de recherche féministe différents.

Dans les universités alémaniques, les enseignements en Etudes Genre traduisent l’influence de la culture scientifique anglo-saxonne, tandis que l’offre des universités romandes manifeste davantage l’influence de la culture scientifique française. Comme signalé auparavant, en Suisse alémanique, les Etudes Genre bénéficient de l’institutionnalisation des études féministes en Allemagne, pays où elles sont clairement marquées par les débats théoriques anglo-saxons. La théorie queer, les études postcoloniales, les Cultural Studies ainsi que les Men’s Studies, des matières ou domaines dont la reconnaissance institutionnelle est acquise aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, sont inclus dans les cursus universitaires alémaniques. De même, l’articulation des différents rapports sociaux, de sexe, race et classe apparaît centrale dans plusieurs enseignements développés à Bâle et Berne. Enfin, les cours tendent à mettre l’accent sur la présentation/discussion de théories et concepts, moins sur l’exposé d’analyses de faits sociaux à la lumière du genre.

En Suisse romande, l’influence de la tradition théorique féministe française est marquée, que ce soit au niveau des corpus théoriques, des concepts 14 ou encore des thématiques, parmi lesquelles prédominent le travail (domestique et rémunéré), l’emploi, les violences à l’égard des femmes, le sexisme, la sous-représentation politique, l’homosexualité, etc. La situation commence à changer, à l’Université de Lausanne en particulier, puisque des enseignements traitent des problématiques théoriques anglosaxonnes : un séminaire est ainsi consacré à l’articulation des systèmes de genre, race et classe ; un cours examine diverses théories féministes comme la théorie Straight, les théories féministe et queer des sexualités ou les effets du genre dans la construction des objets scientifiques 15.
[cf. encadré. Bâle versus Genève/Lausanne ci-dessous]

Enfin, il faut relever que ce contraste s’observe également au niveau des thématiques développées dans les quatre écoles doctorales existantes. 16

Nous conclurons ce tour d’horizon de l’enseignement en Etudes Genre en faisant un arrêt sur image sur le concept de genre, et plus exactement sur l’usage du concept. En l’absence d’une étude approfondie couvrant l’usage du genre dans le champ scientifique helvétique et le contexte plurilingue, il n’est pour l’instant guère possible de cerner précisément les usages - la réception et la façon de conceptualiser le genre - des notions de part et d’autre des frontières linguistiques, ainsi que les difficultés conceptuelles soulevées par le développement des Etudes Genre 17. L’examen des descriptifs d’enseignement disponibles sur Gender Campus met cependant en évidence l’existence de diverses acceptions, tant en Suisse romande qu’en Suisse alémanique. Au-delà des problèmes que soulève la traduction de la notion Geschlecht 18, on constate que le terme genre a tantôt le statut de catégorie analytique, tantôt celui de catégorie descriptive. Ainsi, dans certains cas, le genre renvoie à un système d’oppression des femmes, à un régime politique et épistémologique qui produit la différence de sexe, et connote l’idée d’asymétrie entre groupes de sexe ; dans d’autres, la notion est employée comme un synonyme de sexe et désigne le sexe social, cet usage servant alors à constater l’existence d’inégalités entre les sexes sans en référer à un système ou processus de domination.

La recherche féministe en Suisse romande : des thèmes variés

Dans cette seconde partie, nous nous intéresserons aux recherches qui intègrent une perspective de genre. Limité au contexte francophone, notre aperçu se fonde sur les travaux de la relève, c’est-à-dire les mémoires de licence, les mémoires de DEA, les thèses (en cours et achevées) ainsi que sur quelques recherches réalisées sur mandat.

L’examen 19 des 91 recherches recensées au printemps 2006 par le LIEGE 20 fait apparaître une nette prédominance des sciences sociales - à l’instar du domaine de l’enseignement. Par ordre décroissant, les disciplines dans lesquelles s’inscrivent ces travaux sont la sociologie, suivie par l’histoire, les Etudes Genre, les lettres, les études de développement et la psychologie. La science politique, le droit et l’économie sont le parent pauvre de la recherche romande.

Nous constatons ensuite que la plupart des travaux proposent une réflexion fondée sur une recherche empirique, les discussions de théories et de concepts étant exceptionnelles 21. La gamme des thématiques abordées est variée et reflète l’influence des constructions théoriques et thématiques féministes françaises : division sexuelle du travail, accès des femmes aux professions et fonctions monopolisées par les hommes, chômage féminin, etc. ; accès des femmes à l’art ; formation ; langage ; santé et reproduction ; mouvements féministes ; prostitution ; homosexualité ; identités sexuées ; médias ; migrations ; sexisme et racisme.

Voyons maintenant quel est l’usage du concept de genre dans les travaux menés par la relève. À l’instar de l’enseignement, la recherche se caractérise par un usage différencié du concept, tantôt employé comme outil analytique, tantôt comme outil descriptif, illustrant une nouvelle fois la polysémie du terme. D’une part, le genre désigne un attribut individuel, la notion renvoie au sexe social, et a le statut de catégorie descriptive qui sert à constater les inégalités sociales. Dans ce cas, il est difficile de savoir si les rapports de pouvoir sont pris en considération dans la réflexion, si la différence des sexes est problématisée.

En second lieu, le genre est envisagé comme un principe structurant l’ordre social, économique et symbolique, c’est-à-dire comme un principe de division et de vision du social et les catégories du féminin et du masculin sont considérées comme entretenant des rapports dissymétriques et formant un système. Dans ce second cas de figure, le genre a clairement le statut d’une catégorie analytique.

Les termes de « genre » et de « Geschlecht » recouvrent des significations divergentes de part et d’autre des frontières linguistiques. Cette polysémie n’est pas spécifique à la Suisse. Le développement des Etudes Genre dans les pays occidentaux se caractérise en effet par un paysage varié, renvoyant à des constructions théoriques, à des concepts qui diffèrent non seulement suivant le champ scientifique considéré mais également d’une tradition linguistique à l’autre. L’examen de la réception des concepts centraux des Etudes Genre dans notre pays s’avère aujourd’hui indispensable. C’est cette même question qui a retenu l’intérêt des organisatrices du colloque international qui se déroulera en septembre 2007 à Berne 22 sous le titre de « Gender - Genre - Geschlecht : Travelling Concepts ».

Deux exemples illustrant les différentes traditions scientifiques féministes dans le contexte helvétique : Bâle et Genève/Lausanne

À l’Université de Bâle, le cursus d’études et les activités de recherche proposés par le centre d’Etudes Genre sont clairement marqués par les débats théoriques anglo-saxons, que ce soit au niveau des thématiques ou des perspectives d’analyse. Y sont enseignées les théories féministes de la connaissance, de la (dé)construction sociale du genre, de la différence, la Queer Theory, les Cultural Studies, les Mens’s studies, les études postcoloniales et l’histoire transnationale, ainsi que l’approche ethnométhodologique du genre (Doing Gender), l’analyse de discours et de récits. Judith Butler, Michel Foucault, Erwing Goffman, pour ne citer que quelques auteur·e·s, y occupent ainsi une place importante. Les étudiant·e·s ont accès à une gamme de thèmes qui reflètent l’évolution du champ de recherche anglo-saxon : corps naturel ou construit ; effets de la globalisation ; apport du féminisme et de la théologie de libération à la théologie classique ; histoire de l’hystérie ; politique et histoire coloniale ; introduction des Etudes Genre en médecine, sciences naturelles et techniques ; étude de la masculinité hégémonique ; sexe, genre et nation.

A Genève et Lausanne, les enseignements disponibles au niveau Bachelor et Master sont concentrés dans les disciplines de sciences sociales, en sociologie en particulier. Le cursus d’études renvoie à une culture scientifique orientée vers les Etudes Genre appliquées, dans la mesure où l’accent est mis moins sur les débats conceptuels et théoriques que sur l’analyse de processus et mécanismes de différenciation et hiérarchisation de sexe. Bien que les cours fléchés genre abordent les différentes constructions théoriques et cadres conceptuels féministes, le travail et l’emploi, les médias, la famille, la vie politique, les violences, l’histoire des mouvements féministes, analysés à la lumière du genre, comptent parmi les thématiques inclues dans les programmes d’études.

Ainsi, le Master en Etudes Genre de l’Université de Genève, centré sur la thématique « travail, politiques et genre », est composé de trois orientations : marché du travail, économie, trajectoires ; politiques, formation et emploi ; genre et société. Les enseignements obligatoires concernent des thématiques aussi diverses que la quantification du genre, les méthodes d’analyse statistique ; genre, égalité : concepts, théories et débats ; histoire de la division sexuée du travail et de la formation ; approches économiques de la division sexuée du travail ; méthodologie du genre ; marché du travail et genre.

À Lausanne, la gamme de cours dispensés mêle des thèmes divers. Parmi les enseignements disponibles, figurent une introduction aux études et aux théories féministes ; la sociologie des sciences dans une perspective de genre ; les identités sexuelles comme productions culturelles ; genre, citoyenneté et construction de l’autre ; histoire du mouvement des femmes en occident ; genre, culture et médias ; questions de recherche sur les rapports sociaux de sexe ; critique féministe et Etudes Genre dans le champ littéraire ; genre et médecine : femmes et hommes dans le champ de la santé.

Le projet Gender Campus

Lancée au printemps 2002, la plate-forme internet Gender Campus regroupe des informations liées aux Etudes Genre et à l’égalité entre femmes et hommes dans les universités et Hautes Ecoles Spécialisées (HES) suisses, en allemand, français et anglais. Subdivisée en quatre sections, elle est devenue une référence sur le plan national dans les Etudes Genre et un pôle d’informations sur le plan international. Le Gender Calendar permet de prendre connaissance des manifestations, congrès et colloques publics, des postes vacants et des bourses d’études. Il est complété par une lettre d’information pour les personnes intéressées. La section Gender Studies regroupe des informations sur la recherche et les enseignements en Etudes Genre, donnant une vue d’ensemble des différents cycles de formation dans les universités et Hautes Ecoles helvétiques. Gender Equality se centre sur les questions d’égalité entre femmes et hommes dans ces institutions.

Depuis l’automne 2005, un espace de Gender Campus recense l’ensemble des enseignements intégrant une perspective de genre existant dans les universités suisses. Cet outil très pratique permet de repérer les cours et séminaires des différentes disciplines dispensés dans les neuf universités suisses.

La section internet Gender Platform offre une plateforme informatique performante. Elle met de nombreux outils technologiques à disposition des différents partenaires de projets pour se présenter au public, organiser des forums de discussion, des listes de diffusion, des banques de données et pour leur communication interne. Cette partie interactive a surtout été développée depuis début 2004 et connaît un large succès puisque de nombreux projets l’utilisent (environ 20 fin 2006, servant aussi bien aux Commissions nationales que pour l’organisation de colloques ou encore pour le fonctionnement des Ecoles doctorales). L’outil renforce également la coopération nationale - et internationale - en facilitant le travail à distance par internet.

En quelques années, Gender Campus a prouvé son potentiel. Ce projet est toutefois financé depuis ses débuts par différents fonds à durée limitée et sa situation demeure précaire. Pour 2006 et 2007, son financement est assuré par le projet de coopération Gender Studies Suisse. Nous espérons la poursuite du projet, qui permettrait de financer la plate-forme pour quatre années supplémentaires.

Le réseau LIEGE

Le LIEGE rassemble des personnes en formation, des chercheur·e·s et des enseignant·e·s qui adoptent une approche de genre dans leurs travaux et contribuent à promouvoir l’égalité des sexes. Ses objectifs principaux sont de créer des liens entre chercheur·e·s, de développer une réflexion critique sur les inégalités de sexe et de soutenir dans une démarche collective toutes les personnes qui veulent intégrer une perspective de genre dans leurs projets scientifiques, y compris au niveau de leurs études. Le LIEGE est ouvert à toute personne intéressée par ces questions, quels que soient leur statut (universitaire ou non) et leur discipline. Ce réseau suisse a été lancé en mai 2001, à partir de l’Université de Lausanne, financé dans le cadre du Programme fédéral à l’Egalité des chances, dans le module mentoring. Le nombre de membres s’est développé rapidement, de manière intensive les premiers mois, atteignant 150 personnes après une année, puis de manière constante au cours des quatre dernières années, pour finalement regrouper aujourd’hui plus de 600 personnes (dont les profils figurent dans une base de données favorisant la prise de contacts). Ce succès témoigne de l’importance d’une telle mise en réseau.

L’originalité de la démarche du LIEGE réside dans sa tentative d’être une alternative à la structure académique dominante. Le LIEGE se conçoit comme un système de soutien collectif, où les relations sont horizontales, chaque participant·e pouvant demander des informations ou de l’aide aux autres, quel que soit son statut. Il encourage les échanges, les possibilités de collaboration et permet aux chercheur·e·s de nouer un dialogue au-delà des disciplines. Cet espace est d’autant plus nécessaire que les personnes intégrant une perspective de genre sont toujours très minoritaires dans leurs instituts ou leurs filières d’études, et qu’il est souvent difficile de légitimer l’orientation féministe de ses recherches et de trouver des partenaires dans le champ.

La coordination du LIEGE a développé plusieurs activités, axées pour la plupart sur les collaborations scientifiques et les échanges de savoir-faire, ainsi que sur la circulation de l’information (publication d’une newsletter hebdomadaire, site internet, publication de brochures sur la situation des Etudes Genre en Suisse). Afin de favoriser les liens scientifiques, le LIEGE a également mis sur pied un Work in progress annuel en Etudes Genre. Ces rencontres permettent une présentation des travaux en cours, et des contacts intéressants entre chercheur·e·s plus ou moins avancé·e·s dans leurs parcours (et donnent lieu à la publication d’une brochure diffusant les recherches présentées). Par ailleurs, le LIEGE favorise et soutient la création de groupes de travail et de réflexion. Les membres se regroupent selon leurs questionnements et intérêts, par rapport à des thèmes de recherche, ou à des problématiques liées à l’égalité et au genre.

Le LIEGE est également le berceau de la reconfiguration de Nouvelles Questions Féministes. En effet, la revue a pu être relancée en 2002 grâce aux nouvelles forces qui se sont dégagées du LIEGE, qui a favorisé les échanges au sein et autour de la revue, et la récolte des fonds nécessaires à sa publication. La coordination du LIEGE assume par ailleurs le secrétariat de rédaction de la revue, et le comité de rédaction de la revue (formé d’une quarantaine de femmes) a adopté un fonctionnement similaire à celui des groupes de travail qui se sont constitués au sein du LIEGE : une communication et organisation horizontale, un mélange de chercheuses expérimentées et plus débutantes, et de militantes dans et hors des universités.

Pour conclure, il faut relever que malgré son succès, ses nombreuses productions, les résultats du projet et l’étendue du LIEGE, ce réseau est toujours précaire et son financement n’est garanti pour l’instant que jusqu’à la fin 2007.


Notes :

1. Certains éléments de cette première partie ont déjà été présentés dans la contribution de Gaël Pannatier et Patricia Roux « Institutionnalisation des Etudes féministes en Suisse. Le défi de l’intégration et du maintien d’une dimension critique », pp. 105 à 117, in Transmission : Savoirs féministes et pratiques pédagogiques, sous la direction de Soline Blanchard, Jules Falquet et Dominique Fougeyrollas. CEDREF, 2006.

2. Il y a dix universités en Suisse, dans l’ensemble de petite taille (5 à 15’000 étudiant·e·s), et disposant d’une forte autonomie régionale : Genève, Lausanne, Neuchâtel (francophones), Fribourg (bilingue), Bâle, Berne, Zurich, St-Gall, Lucerne (germanophones) et le Tessin (italophone).

3. Le paysage de la formation tertiaire suisse est composé d ?une part des universités et d ?autre part de Hautes Ecoles Spécialisées, plus orientées vers la pratique.

4. Le Kompetenzzentrums Gender Studies (KGS, 1998) à Zurich, l ?Interdisziplinären Zentrums für Frauen - und Geschlechterforschung (IZFG, 2001) à Berne, le Zentrum Gender Studies (ZGS, 2001) à Bâle.

5. En Suisse romande par contre, l ?influence de la France ? très présente à l ?instar de l ?Allemagne pour la Suisse alémanique dans le monde académique ? n ?a pas favorisé la situation, l ?institutionnalisation y étant encore plus difficile qu ?en Suisse. La Suisse romande a plutôt bénéficié de l ?avancée alémanique et d ?un appui fédéral.

6. Voici un survol des postes et des formations en Etudes Genre en Suisse en 2006 (beaucoup d ?autres enseignements intègrent une perspective de genre mais ne sont pas fléchés comme tels et leur pérennité n ?est pas assurée) :

  • Licence (Bachelor) : 1 poste de professeure en Etudes Genre à Lausanne (2000), 1 à Bâle (2001), 1 à Genève (2005) ; planification d ?un poste professoral à Zurich pour 2007 (en négociation) et d ?une deuxième poste à Genève ; dans toutes les universités, différents postes intermédiaires plus précaires, tels que maître-assistantes, chargées de cours, assistantes ; une filière genre (Bachelor Geschlechterforschung) dès octobre 2005 à l ?Université de Bâle.
  • Master : en place depuis 10 ans, une seule formation postgrade existait en Suisse, le Diplôme d ?études approfondies alémanique en Etudes Genre (DEA commun à Genève et Lausanne). Il s ?est terminé sous cette forme l ?été 2006. Les Universités de Genève et de Bâle offrent depuis la rentrée 2006 un master interdisciplinaire en Etudes Genre, tandis que l ?Université de Lausanne proposera une orientation genre dans son master en sciences sociales et que celles de Zurich et de Berne s ?acheminent elle aussi vers un projet de master avec option genre.
  • Ecoles doctorales : un projet national a fonctionné de 2002 à début 2005, avec un système décentralisé en 4 écoles de 15 à 20 doctorant·e·s (Bâle, Berne-Fribourg, Genève-Lausanne, Zurich). Un deuxième projet a démarré au printemps 2005 pour trois années (son budget a été coupé des deux tiers, stoppant le système de bourses que couvrait le premier projet). Un nouveau projet est envisagé pour 2008-2011.
  • Pour un état des lieux détaillé des enseignements disponibles à tous les niveaux de la formation universitaire, le site Gender Campus offre depuis septembre 2005 une consultation en ligne de l ?ensemble des enseignements centrés sur le genre dans la totalité des universités suisses : www.gendercampus.ch

7. Pour une présentation de la situation, voir l ?encadré en fin de texte.

8. Genève-Lausanne, Berne-Fribourg, Zürich et Bâle.

9. Ce recensement se fonde sur les réponses des enseignant·e·s, ce qui empêche de cerner précisément la place occupée par la perspective de genre.

10. C’est-à-dire Fribourg, Lucerne et Neuchâtel. Il convient de noter ici qu’il n’y a pas de relation causale entre la taille des universités et le développement institutionnel des Etudes Genre.

11. Ces modules peuvent être interdisciplinaires ou interfacultaires.

12. Cette filière a été créée en collaboration avec d’autres universités, dont l’Université de Fribourg-en-Brisgau.

13. Il convient de signaler qu’à Bâle, les cours pionniers en Etudes Genre ont été créés en histoire. Dans les universités francophones (à Lausanne et plus récemment à Genève), la prédominance des sciences sociales est étroitement liée à la création de postes professoraux fléchés genre.

14. Dans les résumés des enseignements, les concepts de patriarcat, rapports sociaux de sexe, domination masculine prédominent.

15. Cet enseignement s ?inscrit dans le champ des études féministes des sciences.

16. Comme le révèlent assez bien les intitulés « Gender in motion. Wandel und persistenz in den Geschlechterverhältnissen » (Bâle), « Gender : scripts und prescripts » (Berne et Fribourg), « Gedächtnis, Körper und Geschlecht. Interdisziplinäre studien aus den perspektiven der gender studies » (Zurich) et « Restructuration des sphères publique et privée » (Genève et Lausanne).

17. En septembre 2007, un colloque international consacré au transfert des concepts des Etudes Genre entre les différentes régions linguïstiques se déroulera à Berne. Signalons ici que ce colloque accordera une attention particulière au développement des concepts dans les régions francophones et germanophones, aux contextes scientifiques, ainsi qu’aux échanges, ou absence d’échange entre les deux communautés linguïstiques. Présentation complète : www.izfg.unibe.ch/travelling_concepts/index.htm.

18. En allemand, Geschlecht désigne à la fois sexe et genre. Dans cette langue, il n ?existe pas une terminologie spécifique pour distinguer les dimensions biologiques et sociales.

19. L’analyse porte sur les résumés de recherche rédigés par les auteur·e·s.

20. Cf. LIEGE (2006). Recherches intégrant une perspective de genre en Suisse romande. Etat des lieux en 2006. Université de Lausanne.

21. Ces modules peuvent être interdisciplinaires ou interfacultaires.

22. Appel et programme : www.izfg.unibe.ch/travelling_concepts/f/call_1.htm

Curriculum vitae

Gaël Pannatier, diplômée en sciences politiques, est coordinatrice du réseau scientifique suisse LIEGE (Laboratoire interuniversitaire en Etudes Genre) réunissant plus de 550 personnes intéressé·e·s par les Etudes Genre et les questions d’égalité (cf www.unil.ch/liege). Elle est également secrétaire de rédaction de Nouvelles Questions Féministes. Sur le plan de la politique scientifique féministe, elle est membre depuis plusieurs années du Comité national de l’Association Suisse Femmes Féminisme Recherches et de la coordination nationale des Etudes Genre (KOFRAH-GenderStudies.ch).

Dernières publications :

Pannatier G, Roux P, Institutionnalisation des études féministes en Suisse. Le défi de l’intégration et du maintien d’une dimension critique. In : Actes des Journées Transmission, Falquet J., Fougeyrollas D. (Eds), Paris : L’Harmattan, 2006.
Cossy V., Pannatier G., Perrin C., Roux P. (Eds), Nouvelles Questions Féministes : Les logiques patriarcales du militantisme, vol. 24/n° 3, 2005.
Nienhaus D., Pannatier G., Toengi C. (Eds), Akademische Seilschaften. Mentoring für Frauen im Spannungsfeld von individueller Förderung und Strukturveränderung, Editions eFeF, 2005.

Magdalena Rosende, docteure en sciences sociales (sociologie), est maître-assistante à l’Université de Lausanne, où elle enseigne la sociologie du travail. Ses travaux portent sur la division sociale et sexuelle du travail. Elle est membre du comité de rédaction de la revue Nouvelles Questions Féministes et de l’Association suisse Femmes Féminisme Recherches.

Dernières publications :

Rosende Magdalena, Parcours féminins et masculins de spécialisation en médecine, (thèse de doctorat en cours de publication).

Fabienne Malbois et Rosende Magdalena, « Peut-on être une chirurgienne sans être une femme ? Peut-on être une agricultrice sans être un agriculteur ? », Revue suisse de sociologie, vol. 31/n°3. 2005.

Bachman Laurence, Golay Dominique, Messant Laurent Françoise, Modak Marianne, Palazzo Clotilde et Rosende Magdalena (coord.). Nouvelles Questions Féministes : Famille-Travail : une perspective radicale, vol. 23/n°3. 2004.


       Pour citer cet article :

       Gaël Pannatier et Magdalena Rosende , « Les Etudes Genre en Suisse : entre dynamisme et institutionnalisation précaire », Fédération de recherche sur le genre RING, 25 juin 2013. URL : http://www2.univ-paris8.fr/RING/spip.php?article2734

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