17 février - EHESS
Avant le 31 janvier 2015 - Paris
Avant le 15 septembre
22 février - Paris Diderot
Avant le 15 septembre - Bordeaux
17 décembre - Toulouse
sous la responsabilité de Danièle Bussy Genevois et Michèle Riot-Sarcey, co-responsables du RING
Accueillie par le Musée d’Art et d’Histoire de Saint-Denis
22 bis, rue Gabriel Péri, 93200 Saint-Denis, 01 42 43 05 10
Vous pouvez télécharger l’affiche de la rencontre (format .pdf) ici
Après plusieurs années d’existence, le Réseau, interuniversitaire, et interdisciplinaire national sur le Genre a réuni des enseignantes-chercheuses de dix pays européens différents afin de réfléchir ensemble sur les usages du concept de genre et les enjeux théoriques et politiques que son introduction, dans les sciences humaines et sociales, entraînent.
Depuis un premier échange à Vienne en 2002 (Cooperation and Networking of European Prostgraduate-Programs for Gender Studies, International conference, avril 2002), de nombreuses publications ont vu le jour. Aussi, l’actualité européenne aidant, l’heure nous avait semblé venue de confronter nos expériences, afin de tirer un bilan, à notre niveau, de plus de vingt ans d’existence des Women et Gender Studies.
Notre colloque d’octobre 2006 nous a permis de faire le point sur l’état des études en ce domaine et les difficultés rencontrées. Il inaugure un cycle d’échanges réguliers qui, éventuellement, pourrait aboutir à la constitution d’un groupe de liaison européen pérenne, au sein duquel nous débattrions de nos recherches et pratiques respectives, tout en envisageant quelques initiatives communes. Ce type de collectif devrait s’organiser en relation avec les réseaux européens existants, plus vastes, plus institutionnels, pouvant, par ailleurs, nous apporter une aide précieuse, mais qui ne répondent pas encore à nos attentes concrètes de rencontres souples et régulières avec nos collègues européennes.
De notre point de vue, le concept de genre comme outil d’analyse, appelle une réflexion collective sur les méthodes de travail comme sur les pratiques d’enseignement. L’interdisciplinarité dans ce champ de recherche reste un atout, mais nécessite d’être confrontée aux exigences des différentes disciplines. En ce sens, ce colloque européen nous était apparu non seulement nécessaire, mais indispensable, en l’état des recherches en cours.
Chacune des intervenantes y a présenté un bilan critique de l’usage du genre dans le cadre des institutions existantes des différents pays européens. Ceux-ci ne sont pas tous au même niveau d’acception et d’intégration du concept - La Grande-Bretagne est sans doute la mieux dotée en matière de postes fléchés et de recherche y afférant - Cependant nous avons constaté une étonnante convergence concernant les pièges institutionnels et les difficultés à se faire entendre dans nos disciplines respectives.
Nous avons très vite conclu à la nécessité de faire la démonstration écrite du potentiel théorique et méthodologique de ce concept sans pour autant gommer les problèmes liés à l’ambiguïté et la polysémie du mot « genre ». Au-delà des aspects théoriques maintes fois déclinés, nous chercherons à apporter la preuve d’un renouvellement possible des recherches par l’analyse des rapports de pouvoirs. Nécessité d’autant plus grande en France, en particulier, que l’apport essentiel du genre du point de vue épistémologique, est encore loin d’avoir fait entendre sa pertinence.
Pour l’heure, nous donnons à lire sur le site du RinG les contributions qui nous sont parvenues en sachant qu’un second colloque sera organisé en 2008 dans l’un ou l’autre pays européen (l’Italie possiblement), et à l’issue duquel une publication papier sera alors à la disposition de toutes et tous.
Le genre et l’histoire : limitations et possibilités en Grande-Bretagne, Karen Adler, maîtresse de conférences en histoire contemporaine, Université de Nottingham.
Résumé
Cette intervention se propose d’examiner la mise en place de Gender History, en Grande-Bretagne, dans un contexte où elle s’est manifestée assez tôt par rapport aux autres pays européens. Les enjeux considérés sont l’intégration de l’histoire de genre dans des facultés d’histoire ; les rapports intellectuels avec l’histoire de genre qui sort des Etats-Unis ; et les limitations imposées par la disparition de l’histoire féministe.
Présentation de l’auteure
Karen Adler est maîtresse de conférences à l’Université de Nottingham, Faculté d’histoire. Elle est l’auteur de Jews and Gender in Liberation France (2003) et rédactrice du journal Gender & History. Elle est en train de réaliser une étude sur la France des après-guerres, de 1944 à l’actualité.
Les « études de genre » en Grèce : ce champ qui n’en est pas un ?, Efi Avdela, professeure d’histoire contemporaine, Université de Crète.
Résumé
Pour ou contre les « études de genre » : le débat précoce
Le concept de genre dans les sciences sociales : anthropologie, histoire et autres disciplines
Interdisciplinarité, transdisciplinarité, spécificités disciplinaires : le genre
entre recherche, théorie et enseignement
Les effets pervers des malentendus conceptuels : le programme européen « Genre et égalité des femmes »
Les tendances actuelles : thématiques, problématiques, politiques
Présentation de l’auteure
Efi Avdela est Professeure en Histoire contemporaine au Département d’Histoire et Archéologie de l’Université de Crète. Depuis 1989, elle dispense des cours et anime des séminaires d’histoire des femmes et du genre et d’historiographie du genre. Elle a publié des articles en grec, en anglais, en français, et en italien sur l’histoire du féminisme et des femmes, l’histoire du travail et l’histoire du genre.
Gender - Une chose épistémique, Astrid Deuber-Mankowsky, professeure de philosophie, Université de Bochum.
Résumé (traduction française d’Alice Pechrigg)
La problématisation du genre et de sa relation avec les sciences de l’homme d’un côté, les sciences exactes de l’autre ; le lien entre sexe et genre, l’élucidation de l’historicité de cette différenciation ; les recherches sur l’intersexualité, la transsexualité et sur leurs interactions avec les technologies médicales ou l’histoire de l’endocrinologie ; les changements des relations des sexes/genres et des relations familiales à travers les technologies de procréation : toutes ces thématiques ont été focalisées pendant les dernières années par les gender studies. A travers les thématiques en question ces études sont devenues une « tentative » pour les étudiants qui constitue, pour citer Michel Foucault, une mise à l’épreuve changeante d’eux-mêmes. Le sexe/genre (Geschlecht) devient une chose épistémique, un objet du savoir, le savoir devenant un objet de désir et la connaissance un exercice de soi-même.
En Allemagne, de plus en plus de projets de recherche sur le genre sont en train d’être développés et institutionnalisés. L’Ecole doctorale « Genre comme catégorie épistémique », issue du cursus en maîtrise « gender studies / Geschlechterstudien » à l’université Humboldt à Berlin, en constitue un exemple fameux. Quelles sont les conséquences de cette orientation épistémologique des gender studies pour les recherches transdisciplinaires ? Quelle est sa signification concernant leur relation avec les sciences sociales qui continuent à supposer un modèle binaire du genre ? Comment se présente la relation entre une orientation épistémologique des gender studies et les programmes politiques comme le gender mainstreaming ?
Présentation de l’auteure
Astrid Deuber-Mankowsky est professeure des Universités au département des Sciences de la Communication de l’Université de Bochum, et directrice du Master Gender Studies « Culture, Communication, Société. »
1997-2003 : Conceptualisation et fondation du cursus en maîtrise « Gender Studies/Geschlechterstudien » à l’Université Humboldt de Berlin.
1990 : Fondation de la revue Die Philosophin. Forum pour une théorie et une philosophie féministe, avec Ursula Konnertz, edition diskord, Tübingen (www.hu-berlin.de/philosophin)
Usages et sens du « genre » dans le travail scientifique en Belgique. Se réjouir ou se fâcher ?, Florence Degavre, post-doctorante et enseignante, Université Libre de Bruxelles.
Bientôt en ligne
Résumé
Présentation des éléments d’une vision optimiste et d’une vision pessimiste de l’usage récent du genre dans les recherches et l’enseignement en Belgique .
L’usage du genre au Portugal : en tant que catégorie analytique ou descriptif ?, Virginia Ferreira, professeure de sociologie du travail, faculté d’économie, Université de Coimbra.
Résumé
La difficulté de conceptualiser les femmes, comme collectif social, par la Sociologie et d’autres sciences sociales, et aussi les problèmes suscités par le concept de "gender" sont présents dans l’oeuvre de beaucoup d’auteur(e)s, qui, au Portugal, ont produit de l’investigation dans ce domaine.
Dans cette présentation, la difficulté de dépasser des dichotomies masculin / féminin et, surtout, des hommes et des femmes détectée sera analysée dans le contexte de la production théorique aux divers champs des sciences sociales. En fait, on montrera qu’ elles sont reproduites, à travers de nombreux de processus, notamment celui de subsumer catégories analytiques - comme pour le cas du "genre" - en catégories descriptives - comme dans le cas du sexe. L’on doit alors comprendre la facilité avec laquelle la circularité entre "genre" et sexe est construite dans la recherche empirique. Dans cette présentation, l’auteure soutient l’utilisation du concept de sexe, dans sa double dimension biosociale, un enrichissement théorique tributaire des courants théoriques du post-structuralisme et du déconstructivisme.
Dynamisme et institutionnalisation précaire, Gaël Pannatier, coordinatrice du Laboratoire Liege, Université de Lausanne, et Magdalena Rosende, maître assistante en sociologie, Université de Lausanne.
Résumé
Les Etudes Genre ont connu un développement réjouissant cette dernière décennie en Suisse, avec la création de plusieurs postes dans les universités. Derrière ce tableau idyllique, il faut cependant relever que la plupart des postes, centres ou projets ne sont pas stables et que les avancées sont le produit de luttes et d’investissements de temps importants de la part des chercheur·e·s féministes. Dans ce pays fédéraliste, plurilingue, et composé de dix universités de taille modeste, la particularité du champ des Etudes Genre est la volonté de mise en réseau sur le plan national. Elle se traduit notamment par deux projets qui oeuvrent pour beaucoup dans l’essor des Etudes Genre : le LIEGE (Laboratoire interuniversitaire en Etudes Genre) basé à l’Université de Lausanne (et principalement romand) et la plateforme internet GenderCampus, rattachée à l’Université de Berne.
Un panorama des enseignements et principaux courants de recherche présents en Suisse illustre ce développement. S’intéressant aux théories et cadres conceptuels mobilisés par les enseignant·e·s et chercheur·e·s, il met en évidence l’existence de traditions scientifiques différentes suivant la zone linguistique considérée. Les travaux de la relève en Suisse romande complètent cet aperçu.
Présentation des auteures
Gaël Pannatier, diplômée en sciences politiques, est coordinatrice du réseau scientifique suisse LIEGE (Laboratoire interuniversitaire en Etudes Genre) réunissant plus de 550 personnes intéressé·e·s par les Etudes Genre et les questions d’égalité (cf www.unil.ch/liege). Elle est également secrétaire de rédaction de Nouvelles Questions Féministes. Sur le plan de la politique scientifique féministe, elle est membre depuis plusieurs années du Comité national de l’Association Suisse Femmes Féminisme Recherches et de la coordination nationale des Etudes Genre (KOFRAH-GenderStudies.ch).
Magdalena Rosende, docteure en sciences sociales (sociologie), est maître-assistante à l’Université de Lausanne, où elle enseigne la sociologie du travail. Ses travaux portent sur la division sociale et sexuelle du travail. Elle est membre du comité de rédaction de la revue Nouvelles Questions Féministes et de l’Association suisse Femmes Féminisme Recherches.
Du Genre en EFiGiES : Polyphonie sur une polysémie, Efigies
Présentation de l’auteure
Efigies est l’Association des jeunes chercheuses et chercheurs en études féministes sur le genre et les sexualités.
Résumé
Etudes de genre et sexualités, Alice Pechriggl, professeure de philosophie, Université de Klagenfurt).
Bientôt en ligne
Résumé
Après une brève esquisse de la situation actuelle des études (féministes) de genre (Feministische Geschlechterforschung ou Feministische Wissenschaft/Gender Studies etc.) dans les universités en Autriche, ma contribution se dédiera à l’ouverture que constitue le passage de la Frauenforschung (études des femmes) à la Geschlechterforschung (études de « genre »).
Les craintes concernant ce passage étaient d’abord liées à un possible retour de la domination masculine dans ce champ, domination qui semblait exclue des études féministes/féminines (feministische Frauenforschung), du moins en ce qui concerne les acteurs ou plutôt les actrices direct/e/s.
Or la principale ouverture thématique fut celle des questionnements concernant la, voire les sexualités, auxquels des hommes, aussi bien gays que hétérosexuels, ont aussi contribué. Cette ouverture alla de pair avec des questionnements plus approfondis concernant le corps sexué/sexuel dans son rapport avec l’imaginaire social et les institutions des rapports de domination entre les sexes/genres (Geschlechter- herrschaftsverhältnisse). La participation masculine, encore relativement faible, dans ce champ de recherche n’est pas le problème majeur, pour le moment, mais les frictions entre un habitus souvent hégémonique de la part de certains hommes et la critique féministe ne sont pas rares pour autant.
Présentation de l’auteure
Alice Pechriggl, professeure de philosophie à l’Université de Klagenfurt, fut membre fondateur de l’école doctorale en études de genre (Gender Kolleg) de l’Université de Vienne. En français, elle a publié notamment Corps transfigurés. Stratifications de l’imaginaire des sexes/genres, l’Harmattan, Paris 2000 (thèse EHESS 1998). Son dernier livre en allemand s’intitule Chiasmen. Antike Philosophie von Platon zu Sappho - von Sappho zu uns, Transcript, Bielefeld, 2006.
Féminin/masculin versus Histoire Sociale dans l’Université espagnole, Ana Iriarte, maîtresse de conférence, histoire et civilisation grecque, Université del País Vasco.
Résumé
Dans l’Université espagnole, les diverses disciplines de lettres furent nettement présidées, du point de vue méthodologique, par le Matérialisme historique jusqu’aux années 80, vu que la nombreuse génération d’enseignants qui ?avec la massification des études supérieures ?s’est incorporée dans les années 70, provenait de l’opposition au franquisme. Dans ce contexte, l’Histoire des femmes s’est fait une place importante, quoique plutôt marginale vis-à-vis des programmes universitaires proprement dits. Quant aux Études de genre, un séminaire ayant comme invitée Joan Scott et organisé par l’AEIHM a permis récemment de réaliser une mise au point que nous essayerons de présenter sous le titre : Féminin/masculin versus Histoire sociale dans l’université espagnole d’aujourd’hui.
Présentation de l’auteure
Ana Iriarte est maîtresse de conférences en histoire ancienne à l’université du Pays Basque (U. P. V.).
Etudes sur les femmes en Italie : gender et politique, Ginevra Conti Odorisio, professeure d’histoire, Université de Rome 3.
Résumé
Les études de genre en Italie.
1. Un peu d’histoire sur le problème de l’institutionnalisation des études de genre dans les universités de 1985 à 2005.
2. Le problème de la recherche scientifique et le genre dans l’histoire de la pensée politique.
3. L’histoire du féminisme et le genre. Utilité et non indispensabilité du "genre". Quelques exemples d’études de genre avant le "genre".
4. Nécessité d’institutionnaliser les études de genre dans les universités et d’une politique d’equal opportunities dans la recherche scientifique.
Présentation de l’auteure
Ginevra Conti Odorisio est professeure d’histoire des doctrines politiques à l’Université de Rome 3. Elle y coordonne le cours de Doctorat de recherche en Doctrines politiques et Questions féminines et enseigne l’Histoire de la " question des femmes "
Le genre - une grille de lecture novatrice pour la sociologie politique, Ionela Baluta, maîtresse de conférences, département de Science politique, Université de Bucarest.
Résumé :
Je me propose de mettre en évidence la valeur heuristique du genre comme outil d’analyse dans l’exploration de terrains nouveaux, à savoir le XIXe siècle roumain, et de montrer sa capacité novatrice pour une analyse de type sociologie politique. Pour ce faire, je m’appuierai sur le parcours de recherche de ma thèse de doctorat : Du « harem » au « forum ». Réflexion sur la construction d’une nouvelle identité féminine dans la seconde moitié du XIXe siècle roumain ».
Ma réflexion portera sur la richesse des pistes d’interprétation suggérées par une démarche qui prend comme grille de lecture le genre entendu comme processus social. D’un côté, ce type de recherche est novateur pour l’historiographie roumaine, parce qu’il est inédit : j’ai étudié des aspects et des questions ignorées jusqu’à présent par les études historiques - et d’autant plus sociologiques - de mon pays. Je présenterai également les difficultés soulevées par l’utilisation du concept du genre dans un contexte socio-historique nouveau et assez différent de celui occidental. D’un autre côté, je considère que ce type d’approche a le mérite de poser des questions nouvelles par rapport aux thématiques « traditionnelles », ou « classiques » de l’histoire et de la science politique, telle l’étude de la révolution de 1848, les courants et les idées politiques, etc.
J’insisterai sur les difficultés rencontrées dans mon parcours, qui sont de deux types, et relèvent à la fois des « problématiques de recherche dominantes » et de l’état des études sur le genre en Roumanie.
J’évoquerai, enfin, la façon dont les études sur le genre ont été institutionnalisées en Roumanie, à partir de deux expériences personnelles : les cours optionnels sur la construction du genre que j’ai proposés à la Faculté de Sciences Politiques, Université de Bucarest ; un colloque sur les directions de recherche dans les études sur le genre en Roumanie, que j’ai organisé avec une collègue (Ioana Carstocea), en 2002, à New Europe College, à Bucarest.
Présentation de l’auteure
Ionela Baluta est lectrice (chargée de cours) à la Faculté de sciences politique, Université de Bucarest.
En 2005, elle a soutenu son doctorat en sociologie à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, sous le titre : "Du « harem » au « forum ». Réflexion sur la construction d’une nouvelle identité féminine dans la seconde moitié du XIX-e siècle roumain", sous la direction de Francine Muel-Dreyfus et Ioan Mihailescu (cotutelle).
Genre et littératures, réflexion sur un malaise, Christine Planté, professeure de littérature, Université de Lyon 2.
Résumé
Le terme de gender implique en anglais une référence à la grammaire (constamment rappelé dans les définitions accessibles en français, de Joan Scott dans « Le genre :une catégorie utile d’analyse historique » (1988) jusqu’à Geneviève Fraisse, dans l’entrée « Sexe/genre, différence des sexes, différence sexuelle » du Vocabulaire européen des philosophies, sous la direction de Barbara Cassin en 2005). Sa traduction par genre en français conserve cette implication, et voit s’y ajouter une homonymie avec le genre littéraire.
Cependant la prise en considération de la dimension du langage et de la littérature ne constitue pas actuellement une préoccupation majeure des études de genre ; et surtout la littérature (entendue au sens de discipline académique) est certainement en France une des disciplines universitaires les plus réticentes à l’utiliser, la polysémie du terme en français constituant un argument parmi d’autres mobilisés contre son emploi.
C’est sur ce paradoxe, dont les difficultés de traduction du mot apparaissent comme un symptôme plus que comme une cause, que je voudrais m’arrêter, et sur le malaise qui en résulte pour le développement des études dans le domaine littéraire.
Présentation de l’auteure
Christine Planté enseigne la littérature à l’université de Lyon 2, où elle dirige l’équipe 19e siècle Lyon 2 au sein de l’UMR LIRE (« Littérature, idéologies, représentations 18-19e siècles », CNRS-Lyon 2- ENS-LSH-Jean Monnet Saint-Etienne - Grenoble 3).
Elle y est responsable d’une spécialité de master « Masculin/Féminin : études sur le genre » (littérature et langue françaises) ;
Y anime avec Laurence Tain le séminaire interdisciplinaire de recherches sur le genre à l’Institut des Sciences de l’Homme ;
Y co-dirige avec Annik Houel la collection des Cahiers Masculin/Féminin aux PUL.
Elle fait partie du centre Louise Labé,
Est responsable de l’axe « genre et culture » dans le « cluster » Patrimoine, culture, création de la Région Rhône-Alpes.
Membre du comité directeur du RING et du conseil d’administration de la société des études romantiques et dix-neuviémistes.
Le Genre, son évolution, ses limites, premier bilan, Eleni Varikas, professeure de Science politique, Université de Paris 8.
Bientôt en ligne
Réflexion collective, choix de thèmes et rencontres à prévoir.
Au mois de juin 2005, à Madrid, l’Association de Recherches en Histoire des Femmes a organisé un séminaire, sur l’oeuvre de Joan Scott. Notamment, sur l’influence du concept de gender dans l’historiographie féministe espagnole. Concept que l’historienne américaine a défini en 1986, avec l’énorme succès dans la discipline historique qu’on connaît toutes.
La participation enthousiaste de Joan Scott à ce séminaire nous a beaucoup appris et éclairé à propos du devenir des études de gender des deux dernières décennies ainsi que des préoccupations actuelles de l’historienne américaine, concentrée sur la tension qu’elle perçoit entre l’universel garantissant, depuis la Révolution de 1789, l’égalité de tous devant la loi et la moderne conception de la différence des sexes. Or, malgré ses effets enrichissants, la visite de Joan Scott n’a fait que dévoiler la réticence des études féministes espagnoles à assimiler la catégorie de gender dans le double sens que lui prêta cette théoricienne. Plus précisément, les études espagnoles sur les femmes n’ont pas manqué d’adopter l’usage, déjà universel, du terme gender, mais, cet emploi est loin d’impliquer la prise de position sur l’inégalité ou le pouvoir qui a fait de cette catégorie d’analyse un outil vraiment novateur pour les études féministes.
Dans cet exposé, je présenterai, en première partie, quelques données historiques sur le problème de l’institutionnalisation des études de genre dans les Universités, en Italie, de 1985 à 2005. J’aborderai, en seconde, la question complexe de l’usage de ce concept dans la recherche scientifique. Un des résultats les plus intéressants du mouvement féministe a été celui de souligner l’absence de connaissances de l’histoire des femmes et en général de l’apport des femmes à l’histoire, aux sciences et aux différentes disciplines, comme l’histoire de la pensée politique, dont je m’occupe.
La difficulté de conceptualiser les femmes, comme collectif social, par la Sociologie et d’autres sciences sociales, aussi bien que les problèmes suscités par le concept de " gender " sont présents dans l’oeuvre de beaucoup d’auteurs, femmes et hommes, qui, au Portugal, ont effectué des recherches dans ce domaine. Voyons quelques exemples, entre celles et ceux qui me semblent plus significatives/significatifs.
La problématisation du genre et de sa relation avec les sciences de l’homme d’un côté, les sciences exactes de l’autre ; le lien entre sexe et genre, l’élucidation de l’historicité de cette différenciation ; les recherches sur l’intersexualité, la transsexualité et sur leurs interactions avec les technologies médicales ou l’histoire de l’endocrinologie ; les changements des relations des sexes/genres et des relations familiales à travers les technologies de procréation : toutes ces thématiques ont été focalisées pendant les dernières années par les gender studies. A travers les thématiques en question ces études sont devenues une « tentative » pour les étudiants qui constitue, pour citer Michel Foucault, une mise à l’épreuve changeante d’eux-mêmes. Le sexe/genre (Geschlecht) devient une chose épistémique, un objet du savoir, le savoir devenant un objet de désir et la connaissance un exercice de soi-même.
Je me propose de mettre en évidence la valeur heuristique du genre comme outil d’analyse dans l’exploration de terrains nouveaux, à savoir le XIXe siècle roumain, et de montrer sa capacité novatrice pour une analyse de type sociologie politique. Pour ce faire, je m’appuierai sur le parcours de recherche de ma thèse de doctorat : Du « harem » au « forum ». Réflexion sur la construction d’une nouvelle identité féminine dans la seconde moitié du XIXe siècle roumain ».
Pour ou contre les « études de genre » : le débat précoce
Le concept de genre dans les sciences sociales : anthropologie, histoire et autres disciplines
Interdisciplinarité, transdisciplinarité, spécificités disciplinaires : le genre
entre recherche, théorie et enseignement
Les effets pervers des malentendus conceptuels : le programme européen « Genre et égalité des femmes »
Les tendances actuelles : thématiques, problématiques, politiques
Les Etudes Genre ont connu un développement réjouissant cette dernière décennie en Suisse, avec la création de plusieurs postes dans les universités. Derrière ce tableau idyllique, il faut cependant relever que la plupart des postes, centres ou projets ne sont pas stables et que les avancées sont le produit de luttes et d’investissements de temps importants de la part des chercheur·e·s féministes. Dans ce pays fédéraliste, plurilingue, et composé de dix universités de taille modeste, la particularité du champ des Etudes Genre est la volonté de mise en réseau sur le plan national. Elle se traduit notamment par deux projets qui oeuvrent pour beaucoup dans l’essor des Etudes Genre : le LIEGE (Laboratoire interuniversitaire en Etudes Genre) basé à l’Université de Lausanne (et principalement romand) et la plateforme internet GenderCampus, rattachée à l’Université de Berne.