RING


Accueil > Actualité du genre > Colloques > Les masculinités au prisme de l’hégémonie

Journée d’études internationales

Les masculinités au prisme de l’hégémonie

13-14 juin - Paris EHESS


Date de mise en ligne : [04-06-2013]



Mots-clés : masculinité | pouvoir


Amphithéâtre François Furet - École des hautes études en sciences sociales
105 boulevard Raspail 75006 Paris

Comité d’organisation :

Mélanie Gourarier, docteure en anthropologie et en ethnologie, LAS, EHESS
melanie.gourarier@ehess.fr
Gianfranco Rebucini, docteur en anthropologie, LAIOS, EHESS
gianfranco_rebucini@hotmail.com
Florian Voros, doctorant en sociologie, IRIS, EHESS
florian.voros@gmail.com

École des hautes études en sciences sociales, Paris, 13 et 14 juin 2013
Amphithéatre François Furet, EHESS, 105 bd Raspail, 75006 Paris

Présentation :

Dans le sillage des women’s studies et des gender studies émerge, dans les universités anglo-saxonnes des années 1980, un nouveau champ d’études alternativement appelé men’s studies, masculinity studies ou critical studies of men, qui se donne pour objet de recherche les hommes, problématisés en tant que groupe social dominant dans un ordre social genré. La constitution de ce champ d’étude marque d’abord une rupture féministe par rapport aux sciences humaines et sociales androcentrées qui, depuis leur fondation, étudient de manière privilégiée les hommes tout en ignorant plus ou moins consciemment que leurs analyses portent sur des expériences spécifiquement masculines. Ces perspectives se construisent ensuite contre les approches essentialistes de « la » masculinité pour déployer une compréhension historicisée des masculinités, appréhendées dans leur multiplicité, et à partir des rapports de pouvoir qui les constituent et les hiérarchisent.
Ce champ d’études s’est notamment constitué autour du concept de « masculinité hégémonique », qui apparaît en Australie dans des travaux de sociologie de l’éducation au début des années 1980, avant de connaître sa première formalisation théorique dans un article de 1985 (Carrigan, Connell, Lee, 1985). En collaboration avec James Messerschmidt, sa principale auteure, Raewyn Connell, avance ensuite une proposition théorique renouvelée (Connell, 1995/2005 ; Connell, Messerschmidt, 2005 ; Messerschmidt, 2008) qu’elle déploie sur de nouveaux terrains : la santé, la sexualité et la globalisation. Ce concept vise à analyser les processus de hiérarchisation, de normalisation et de marginalisation des masculinités, par lesquels certaines catégories d’hommes imposent, à travers un travail sur eux-mêmes et sur les autres, leur domination aux femmes, mais également à d’autres catégories d’hommes.
L’objectif de cette journée d’études est de problématiser les masculinités à partir du concept d’hégémonie, en faisant dialoguer l’approche connellienne avec d’autres approches des formes de domination se référant également à la conceptualisation de l’hégémonie par Antonio Gramsci (Gramsci, 2011). Les cultural studies britanniques et les subaltern studies indiennes, empruntent par exemple ouvertement les concepts gramsciens pour penser l’articulation entre genre, race, ethnicité et classe. Dans le domaine des études posctoloniales, Edward Saïd théorise la dialectique entre l’hégémonie culturelle et les conditions de possibilité de la domination épistémique de l’Occident. Peter D. Thomas (Thomas, 2009) note par ailleurs que, dans les relectures contemporaines de Gramsci, l’accent est trop souvent mis sur les aspects culturels de l’hégémonie en la réduisant parfois aux seuls champs de la culture ou de l’identité, et plaide en faveur d’une conception plus proprement gramscienne de l’ « appareil hégémonique » de l’État comme combinaison de coercition et de consentement, de violence et d’hégémonie, les deux termes étant dialectiquement indissociables.
A quelques exceptions (Liotard, Terret, 2005 ; Revenin, 2007 ; Benvido, 2009 ; Farges, 2012 ; Quemener, 2012), les travaux francophones sur le masculin et les masculinités, qui se sont développés ces dernières années, se sont peu emparés de la question hégémonique. Dans le contexte français, cette frilosité non dissimulée s’explique sans doute par l’émergence de ce champ d’étude initialement du fait des historiens qui, pour des raisons de sources, rencontrent davantage la notion de virilité que celle de masculinité, d’usage bien plus précoce. Mais l’historicité du concept ne justifie pas à lui seul le silence académique. En amont des discussions sur l’intérêt d’une analyse des masculinités à partir de la notion d’hégémonie, l’emploi du terme « viril », fondant la singularité d’une approche française ainsi différenciée des men’s studies « à l’américaine », ne traduit-il pas une réticence à penser les formes de masculinités non problématiques qui, demeurant non problématisées, échappent à l’analyse critique ? L’intérêt heuristique du concept de masculinité hégémonique étant justement qu’il permet de saisir les processus simultanés de hiérarchisation, de normalisation et de marginalisation des masculinités.

Programme et infos :

http://iris.ehess.fr/document.php?id=1682

Haut de page

Fichiers de syndication :


Statistiques :


Le site contient 4383 articles

Info / contacts :


Navigation / Syndication :