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Colloque international

Chercheur-se. Immersion par Corps, Normes et Déviances

Avant le 15 décembre - Montpellier


Date de mise en ligne : [15-11-2013]



Mots-clés : corps | morale


Colloque international 22, 23 et 24 mai 2014

Espace Saint Charles - Université Paul Valéry, Montpellier

Échéances :

Résumé 15 décembre 2013 Acceptation 15 février 2014 Article 15 juillet 2014

Argumentaire :

Le regard micro-sociologique enrichit considérablement le champ scientifique en conférant complexité et nuance aux analyses par la remise en cause des catégories usuelles de nos sociétés. Généraliser en savoir global certains espaces dans lesquels se jouent des interactions complexes, n’épuise pas le réel, qui mérite de s’y pencher de près, par corps1, pour identifier les liens sociaux mis en scène sous forme de rituel délimitant ce qui se passe à l’intérieur et ensuite à l’extérieur (Augé, 1992).
Des travaux de recherche impliquent le « corps du chercheur » (Wacquant, 2003 ; Andrieu, 2011) entendu comme filtre charnel, qui saisit et restitue « l’intimité culturelle » (Herzfeld, 2004). Sur de longues périodes, il apprend par corps la réalité du groupe approché en participant délibérément aux interactions. La sociale apprise par immersion. L’apprentissage comme technique de production ethnographique implique que le chercheur devient intime du phénomène étudié. Le chercheur « s’encastre » (Wacquant, 2004) ainsi dans les réseaux de rapport sociaux et symboliques.
En quête de terrains, le chercheur, teste, négocie, fait des choix stratégiques, improvise, explore par corps, « perturbe » (Schwartz, 1990) les intéractions, motivé par la compréhension toujours plus fine d’une réalité sociale. Seulement, cette démarche qui consiste à s’intéresser aux manières de faire in situ, pose de l’entrée à la sortie du terrain, un ensemble de contraintes méthodologiques qui questionne les conditions du travail d’enquête.

Les propositions de communications inter-disciplinaires s’intéresseront aux conditions de la relation ethnographique autour de trois axes :

Axe 1 : Camoufler ou déclarer le corps de chercheur

Cet axe s’intéresse à l’entrée du chercheur dans des groupes ou organisations collectives composés de personnes ayant des incapacités ou des capacités hors-normes et/ou déviantes et présentant des caractéristiques de fonctionnement qui se distinguent des groupes ou des organisations dites ordinaires. Cette distinction entraine des approches différenciées pour contourner les réticences ou les refus de certains milieux à être enquêtés. Pour rechercher l’authenticité des interactions, le chercheur est parfois amené à dissimuler son statut et devient un observateur caché ou clandestin (Homan, 1980 ; Lapassade, 1993). Si l’approche clandestine s’avère être utile selon les cas, comment s’organise l’accès au terrain lorsque les personnes étudiées appartiennent à des groupes déviants ou sont dans des états physiologiques et psychologiques particuliers (déficiences, dépendances etc.) et qui construisent socialement un corps différent ? Comment alors observer in situ un groupe ou une organisation de personnes aussi marqués ? Quels rôles peuvent jouer les appareillages (nouvelles technologies d’enregistrement de données) qui sont de plus en plus admis au cours du travail ethnologique de terrain ? Certains n’hésitent pas à déclarer leur statut de chercheur, conscient que leur posture d’observateur ainsi que leur identité influent sur la relation sociale observateur-observé et peut par conséquent poser le problème du contrôle des données collectées. Quels peuvent être les effets d’une différence visible ou non entre les corps et/ou identités des chercheur(e)s et des enquêté(e)s sur leur relation sociale ?

Axe 2 : Transformation in situ...

Cet axe s’intéresse aux transformations du chercheur qu’une immersion trop réussie peut entraîner. En effet, ce qui caractérise l’anthropologie et qui la différencie des autres disciplines, c’est de ne pas être une « étude de », mais une « étude avec » : « une éducation de notre perception du monde qui ouvre nos yeux et nos esprits à d’autres possibilités d’être » (Ingold, 2007, p.82). La capacité à « être avec » implique que le chercheur puisse être perçu comme un membre du groupe et selon les groupes étudiés des modifications corporelles (parfois douloureuses) sont opérées comme « signes d’identité » (Le Breton, 2002) ou encore comme rituel de passage et d’appartenance au groupe. De surcroît, de nouveaux terrains d’étude émergent, avec les progrès récents de la médecine moderne renforcent la croyance en la malléabilité du corps, et renouvelle les coordonnées sensorielles du sujet ainsi que ses possibilités d’action. Andrieu (2008) parle d’un corps qui devient « hybride », corps technicisés mais aussi corps augmentés artificiellement. Face à la violence de certains terrains d’étude, le chercheur s’expose, met son intégrité en jeu voire sa santé en péril. En effet, l’immersion sur de longues périodes conduit à une transformation de soi qui tend à rendre le chercheur plus proche du groupe étudié mais aussi plus vulnérable. Face à cette situation, qui peut-être déroutante et source d’arrêt de l’enquête, comment le chercheur peut-il se prémunir ? Dans quelle mesure la transformation du chercheur est fondamentale dans la compréhension des manières de faire in situ ? La question de la distance au terrain se pose alors, qui seule, permet l’analyse.... D’autre part, le critère de réussite de toute enquête ethnographique de terrain est une immersion de longue durée, cependant, la situation actuelle de la recherche en SHS (thèse en 4 ans maximum, tâches multiples de l’enseignant-chercheur au quotidien et critères de publication) conduit à un travail d’enquête chronométré. Comment réaliser un travail de recherche de qualité dans ces conditions ? D’un autre côté, au delà des conditions de la recherche, des enquêtes par immersion de courte durée sont réalisées. Dans quelle mesure sont-elles misent en place et quelle valeur peut-on leur accorder ?

Axe 3 : Écrire le corps...

La transcription textuelle ou la reconstitution de la compréhension pratique, charnelle, exige un travail d’écriture particulier qui mérite toute notre attention dans cet axe. Un carnet de bord est généralement tenu à chaque rencontre avec le milieu étudié, et contient le plus grand nombre d’informations possibles. Toutes ces notes prennent du sens une fois que le chercheur quitte son terrain d’investigation et y porte un regard rétrospectif. Mais est-ce le corps qui s’écrit ou la conscience de ce corps ? Le corps qui s’écrit suppose que le corps vivant en première personne produirait le texte en nous (Keep, 1995), la main consciente incarnerait dans le corps vécu de la première personne ce qui émerse de notre chair. Le corps est écrit par les techniques incorporées (Granger, 2012), les gestes habituels, et les postures quotidiennes (Bert, 2012) mais notre conscience n’en prend connaissance que lors d’une transmission à une troisième personne comme dans l’enseignement et dans l’éducation. La mémoire du corps est-elle celle que nous transmettons sans un travail de codification, de transcription de notre corps dans un récit en première personne ? Comment retranscrire l’expérience sensible apprise par le chercheur, à la fois « saveur et douleur » (Wacquant, 2007) du monde social vécu ?

Modalités de soumission :

Les résumés (300 mots) sont à envoyer avant le 15 décembre 2013 à in.situ@santesih.fr

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