Réseau thématique 28
Appel à communication pour le Congrès AFS 2013 (Nantes, 2-5 septembre)
Michel Bozon, Jérôme Courduriès, Virginie de Luca Barrusse, Alain Giami
Présentation :
L’organisation sociale de la sexualité : des rapports sociaux à la diversité des relations
Traditionnellement les formes sociales instituées des rapports entre les personnes modelaient les relations entre les partenaires sexuels et le déroulement de leur vie sexuelle. Au cours des cinquante dernières années avec ce que l’on appelait la "révolution sexuelle" ou encore la "libération sexuelle" ou encore la modernisation de la sexualité, l’influence directe des formes instituées a diminué au profit des rapports sociaux : rapports de génération, rapports de genre, rapports de classe, hiérarchie des sexualités, rapports entre majorité et minorités interviennent de façon imbriquée, tant dans la construction des désirs que dans les interactions sexuelles. Cependant, cette évolution n’a pas été reconnue par tous comme un processus de libération et nombreux sont ceux/celles qui ont considéré que cette organisation sociale de la sexualité, en venant s’inscrire de plain pied dans les rapports sociaux mettait en évidence, voire accentuait des situations de domination, des rapports hiérarchiques ou asymétriques, des situations d’inégalité, de contrainte, de violence, d’hégémonie, ou de pouvoir, des phénomènes de stigmatisation ou de discrimination étroitement imbriqués (intersectionnalité). Les phénomènes de résistance mais aussi de contre-pouvoir et au-delà de la dialectique du pouvoir et de la domination, la question d’un possible épanouissement lié à l’affranchissement des formes de domination traditionnelles sont moins étudiés actuellement.
Nous souhaitons recevoir des communications qui abordent l’organisation sociale de la sexualité dans la perspective qui est énoncée ci-dessus. Les propositions devront préciser les concepts utilisés et les matériaux empiriques mobilisés.
Les questions et thèmes suivants seront privilégiés :
. La place de la sexualité dans les relations. Dans un contexte de diversification et de déstandardisation des couples et des relations, et de développement de nouveaux marchés sexuels et conjugaux avec Internet, peut-on dire que le rôle de la sexualité a changé ? On s’intéressera particulièrement à l’organisation de la sexualité dans les relations non standards : relations non cohabitantes, couples de même sexe, relations de courte durée (y compris par Internet), relations entre travailleur/ses du sexe et clients...
. Les modalités de la relation médecin-patient dans le champ de la santé sexuelle et reproductive, de l’assistance médicale à la procréation, et de la prise en charge des personnes handicapées (liste non exhaustive) : la situation traditionnelle de la consultation médicale, marquée par une asymétrie de savoir, de pouvoir, de genre, de condition sanitaire permettait au médecin ou à l’infirmière d’explorer de façon légitime le corps dénudé et les organes génitaux des patients et de poser des questions sur la vie sexuelle des personnes afin d’établir l’anamnèse de la pathologie supposée. Cette situation traditionnelle est l’objet d’évolutions importantes avec l’apparition des patients experts qui peuvent négocier le déroulé de la consultation, des examens et des traitements, la féminisation de la profession médicale et l’apparition de nouvelles technologies d’exploration corporelle. Quelle est la limite entre des actes médicaux et des actes sexuels ? Quels sont les risques de confusion auxquels sont exposés les médecins et les patients ?
. L’érotisation du pouvoir/des rapports sociaux. La sexualité entendue comme activité érotique visant à donner du plaisir n’est certainement pas limitée aux actes sexuels ni aux stimulations génitales directes. La pornographie, la littérature et le cinéma érotique nous enseignent que toute situation sociale de rapport humain contient un potentiel érotique. On pense ici aux uniformes, militaires ou infirmiers, à la mise en scène des situations de pouvoir et de domination, aux actes violents consentis ou pas. Si l’on reprend le modèle de la dérision carnavalesque, ces situations érotisées constituent-elles une continuation des formes de pouvoir existant dans le monde social ou bien au contraire est-ce que leur érotisation peut constituer une forme de revanche sociale ou de retournement du pouvoir ?
. Les situations de contrainte, voire de violence institutionnelle (prisons, hôpitaux). Les institutions "totales" (Goffman, 1968) imposent des modes d’existence particuliers à leurs usagers, aux personnes qui y sont accueillies. Elles sont généralement fondées sur la séparation totale ou partielle des sexes qui contribue à une mise en scène de la vie quotidienne et des possibilités érotiques. Quels sont les types d’activités et de relations sexuelles qui sont prohibées, ou au contraire encouragées ou tolérées dans ces établissements ?
. Les résistances et les mobilisations. « Là où il y a pouvoir, il y a résistance » (Foucault, 1976). La sexualité irradie en-dehors du champ strict des relations interpersonnelles, car « le privé est politique ». On s’intéressera aux mobilisations et aux contestations du pouvoir et des hiérarchies établies (revendication du mariage entre personnes de même sexe, revendications trans’, associations de lutte contre le sida...), et plus largement aux stratégies sexuelles des « dominé-e-s » (de quelles armes disposent- ils ?) et à leurs répercussions sur l’ordre social et politique global.
Les fichiers seront enregistrés au format word et devront être expédiés aux adresses de Michel Bozon, Jérôme Courduriès, Virginie de Luca Barrusse et Alain Giami (booz@ined.fr, jcourduries@gmail.com, virginie.delucabarrusse@u-picardie.fr, alain.giami@inserm.fr).
Ils devront être enregistrés sous la forme suivante : nom prénom-Afs 2013.doc La date limite d’envoi des propositions est fixée au 1er février 2013. Les réponses aux propositions reçues seront délivrées à partir du 1er mars 2013.