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Colloque interdisciplinaire

Le genre comme catégorie d’analyse

24 et 25 mai 2002 - Paris 7


Date de mise en ligne : [25-05-2002]




organisé par le RING

(Réseau interdisciplinaire et interuniversitaire national sur le genre)

vendredi 24 et samedi 25 mai 2002

à l’université Paris 7 – Denis Diderot

Comité scientifique : Louise Bruit, Sonia Dayan-Hezbrun, Christine Delphy, Monique Dental, Françoise Duroux, Nathalie Ernoult, Dominique Fougeyrollas-Schwebel, Geneviève Fraisse, Maurice Godelier, Colette Guillaumin, Françoise Héritier, Marie-Claire Hoock-Demarle, Danièle Kergoat, Nicole-Claude Mathieu, Stéphane Michaud, Michelle Perrot, Christine Planté, Catherine Quiminal, Michèle Riot-Sarcey, Pauline Schmitt-Pantel, Claude Zaidman.

Le réseau interuniversitaire et interdisciplinaire national sur le genre remercie le Ministère de la Recherche et l’Université Paris 7-Denis Diderot pour le soutien financier apporté à l’organisation de ce colloque.

Les actes du colloques sont parus dans la Bibliothèque du féminisme chez l’Harmattan.

Présentation :

La notion de genre désigne la construction historique, culturelle, sociale du sexe, qui l’investit de sens dans un système à deux termes où l’un (le masculin) ne peut s’envisager sans l’autre (le féminin). Système dissymétrique et inégal, les hommes ayant longtemps été dans les rapports sociaux en position de domination incontestée et l’homme ayant servi de référence unique pour penser l’universel humain. Cette notion fait désormais partie du vocabulaire politique et institutionnel de l’Europe, et paraît s’imposer comme incontournable dans les recherches. Mais parce qu’elle a longtemps été ignorée ou rejetée en France, parce qu’elle soulève des difficultés de traduction qui sont aussi des problèmes conceptuels, il nous paraît nécessaire de ne pas l’adopter automatiquement et de faire le point sur son sens, son usage, ses apports, ses limites.

Ce colloque a été l’occasion de prendre connaissance de ce qui existe en France dans ce domaine en matière d’enseignement et de recherche, et de confronter nos expériences, plus nombreuses et diversifiées que le nombre limité de départements ou de cursus explicitement intitulés études sur le sexe et le genre, études féminines, ou études féministes ne le donne à voir.

Comment appelons-nous ces études là où elles existent ? Quelles notions, quelles méthodes, quelles références utilisons-nous ? Quelles sont les réactions et les difficultés rencontrées auprès des étudiant-e-s, des universités ? Comment envisager leur structuration et leur poursuite ? Telles sont les principales questions qui constituent l’horizon de cette réflexion sur la notion de genre. Elle a été envisagée pour trois disciplines : l’histoire, la sociologie, la littérature, disciplines auxquelles bien entendu ne se limite pas son champ d’application. D’autres rencontres sont prévues.

PROGRAMME

Vendredi 24 mai 2002

Présentation du réseau et du colloque : Claude Zaidman (Université Paris 7 Denis Diderot)

Table ronde sociologie

> Introduction : Dominique Fougeyrollas-Schwebel (IRIS-CNRS-Université Paris 9 Dauphine) : Genre, catégorie sociale et rapport de domination Résumé

Intervenantes

> Nicole Gadrey (CLERSE-Université Lille 1) : Pratiques sociales et rapports de sexe et de genre Résumé

> Irène Théry (SHADYC-EHESS-Marseille) : Pour une anthropologie comparative de la distinction de sexe Résumé

> Nicky Le Feuvre (Equipe Simone-Sagesse-Université Toulouse 2-Le Mirail) : Le genre comme outil d’analyse des politiques sociales dans une perspective comparative Résumé

Table ronde histoire

Introduction : Michèle Riot-Sarcey (Université Paris 8 St-Denis) : Le genre, de l’usage du mot à la pratique de la chose Résumé

Intervenantes

Nathalie Ernoult (Phéacie Jeune équipe, Université Paris 1) - modératrice

Christine Bard (Université d’Angers) : Histoire et genre Résumé

Sylvie Chaperon (Equipe Simone-Sagesse-Université Toulouse 2 - Le Mirail) : Le genre, un concept, un label, un mot ? Résumé

Cécile Dauphin (EHESS-Paris) : Écrire l’histoire du genre, une expérience récente Publications

Violaine Sébillotte (Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne) : Enseigner l’histoire du genre : l’expérience d’un séminaire de maîtrise pluri-périodes à l’Université Paris 1 Résumé

Samedi 25 mai 2002

Table ronde littérature

Introduction : Christine Planté (LIRE-CNRS-Université Lyon 2 - Lumière). Gender , une notion intraduisible Résumé

Intervenantes

Mireille Calle Gruber (Université Paris 8 St-Denis) : Partage des genres et différence sexuelle Résumé

Marcelle Marini (Université Paris 7 Denis Diderot) : Genre (gender) et genre humain : quels rapports ? Résumé

Hélène Marquié (MSH-Laboratoire d’ethnoscénologie-Université Paris 13) : Imaginaires et corps, perspectives et enjeux des recherches sur le genre et recherches féministes en danse Résumé

Éliane Viennot (Université Saint-Etienne) : Le genre, cet inconnu. Le mot et la chose dans l’étude de l’Ancien Régime Résumé

Clôture : Eleni Varikas (Université Paris 8 - Saint-Denis)

Résumés des interventions

Table ronde sociologie

> Dominique Fougeyrollas-SchwebelGenre, catégorie sociale et rapport de domination

« Genre : catégorie d’analyse qui permet de décrire le masculin et le féminin comme constructions sociales. Employé au singulier, il désigne l’organisation sociale des rapports entre hommes et femmes, rapport social lui-même considéré comme une institution » Claude Zaidman, Dictionnaire de sociologie, Le Robert, Seuil, 1999.

En sociologie, les recherches sur le genre se sont multipliées et diversifiées de la prise en compte de la catégorie « sexe » comme variable d’analyse à des constructions théoriques nouvelles. Si on la mesure à l’importance de l’activité éditoriale qu’elle a provoquée au cours de la dernière décennie, la problématique de genre s’est ainsi montrée particulièrement fructueuse. Les recherches sur le genre peuvent être regroupées selon des axes qui correspondent aux grandes orientations de la sociologie.

Privilégiant l’approche de la sociologie comme théorie du social, la problématique des rapports sociaux de sexe développe une approche structurelle et donc transversale des différents domaines de la société. La division sexuelle du travail forme avec les autres rapports sociaux des combinatoires propres à chaque domaine spécifique.

Une autre approche s’intéresse davantage aux processus de socialisation saisis dans les situations d’interaction. Les recherches sont ainsi centrées sur les processus toujours renouvelés de construction sociale de la différence des sexes, sur les modes d’expression et d’élaboration du masculin et du féminin dans des contextes sociaux donnés (identités socio-sexuées) et sur la fluctuation des frontières de genre.

Cependant, pour que le rapport social de sexe ne soit pas réifié en une simple évidence ou analyse descriptive de la différence des sexes qui s’impose à toute société, des questions restent en discussion : quels sont les fondements des processus de bicatégorisation et plus encore dans une perspective sociologique, non pas le pourquoi d’une telle bicatégorisation mais comment elle est produite et reproduite ?

L’objectif de la table ronde en sociologie est donc de nous interroger sur l’introduction de la notion de genre dans différents secteurs de la sociologie en France, sur ses différentes conceptualisations, sur sa diffusion dans la profession au-delà du champ des théories féministes, ses usages dans l’enseignement et dans la formation à la recherche. Ainsi, le débat permettra-t-il de souligner l’absence de consensus théorique, notamment parce qu’il n’y a pas d’évidence sociale de l’expérience de la différence des sexes, mais une permanence de la construction de cette différence, depuis l’inégalité jusqu’à l’indifférence en passant par la complémentarité ou la mixité.

Dominique Fougeyrollas-Schwebel est sociologue, chargée de recherche au CNRS, à l’Institut de recherche interdisciplinaire socio-économique, Université Paris 9-Dauphine.

Membre du comité de rédaction des Cahiers du CEDREF et des Cahiers du Genre, codirectrice de la collection « Bibliothèque du féminisme » aux éditions l’Harmattan.

Ses travaux récents portent sur l’analyse des relations de service dans une approche globale des transformations du salariat et des services domestiques, sur les nouvelles approches de la violence et l’impact du féminisme contemporain.

Publications

Dominique Fougeyrollas-Schwebel, « Le mouvement féministe français : quelle force de changement ? Regards sur l’actualité, n° 258, février 2000.

— « Mouvements féministes et travail domestique ». In Helena Hirata, Françoise Laborie, Hélène Le Doaré, Danièle Senotier (coord.), Dictionnaire critique du féminisme, 2000.

— « La relation de service. Regards croisés ». Introduction et coordination du n° 28 des Cahiers du genre, novembre 2000.

— « Les recherches féministes au sein du CNRS ». In Françoise Basch, Louise Bruit, Monique Dental, Françoise Picq, Pauline Schmitt-Pantel, Claude Zaidman (dir.), 25 ans d’études féministes. L’expérience Jussieu. Paris, CEDREF-Université Paris 7, 2001.

— En collaboration avec M. Jaspard, E. Brown, S. Condon, J-M. Firdion, A. Houel, B. Lhomond, M-J. Saurel-Cubizolles, M-A. Schiltz. « Nommer et compter les violences envers les femmes : une première enquête nationale en France ». Population et sociétés, n° 364, janvier 2001.

> Nicole GadreyPratiques sociales et rapports de sexe et de genre

L’enseignement optionnel proposé aux étudiants en licence de sociologie à l’université de Lille 3 a pour objectif de faire découvrir la richesse du concept de rapports sociaux de sexe appliqué aux champs de l’éducation, du travail, de la famille et de la santé.

On part des analyses de Nicole-Claude Mathieu sur la conceptualisation et la catégorisation des sexes. « L’idéologie du sexe », dominante en sociologie, conduit à des contradictions puisqu’elle amène à « enraciner la vision féminine du monde dans le biologique et la masculine dans le sociologique, autrement dit à recourir à deux systèmes d’explication pour les deux termes d’un même phénomène ». La catégorie femme est soit oblitérée, soit traitée en annexe d’un discours universaliste, soit isolée en tant que catégorie spécifique ; elle est considérée comme une évidence close, qui ne permet pas de comprendre les rapports sociaux qu’elle exprime.

On montre comment, en sociologie de l’éducation, du travail, de la famille et de la santé, ces conceptions du genre restent prégnantes. La tendance au discours universaliste, qui occulte les rapports sociaux de sexe, persiste, voire se renforce à travers des notions issues du discours social, mais largement reprises dans le discours savant, comme celle de parentalité.

Réfléchir en termes de rapports sociaux de sexe exige d’interroger aussi bien les présupposés universalistes que les conceptions naturalistes, de se poser la question de la construction sociale de la division du travail domestique et professionnel entre les hommes et les femmes.

Dans la construction des faits sociaux, se conjuguent et s’opposent en permanence deux tendances. La tendance à la neutralisation consiste à gommer les appartenances de sexe dans les débats, les pratiques et les représentations sociales en ne faisant référence à l’individu que de façon générale asexuée. La tendance à la sexuation met en exergue les différences entre hommes et femmes dans une perspective naturaliste. L’analyse critique des pratiques, des politiques et des discours permet de dégager ces deux tendances et de comprendre les contradictions et les ambiguïtés des évolutions actuelles, aussi bien en sociologie du travail (exemple du temps partiel) qu’en sociologie de la famille (exemple de la parentalité). Ce travail critique, mené avec les étudiants, permet d’aller au-delà de l’analyse des inégalités entre hommes et femmes, pour comprendre la place des rapports sociaux de sexe dans la construction des faits sociaux.

C’est aussi à une réflexion sur les dichotomies privé/public, profane/ professionnel, lesquelles renvoient à la dimension politique des rapports sociaux de sexe, que sont invités les étudiants, sur la base des travaux de Geneviève Cresson. Les politiques publiques s’appuient sur des définitions normatives de la division du travail entre hommes et femmes. Si la distinction entre travail professionnel de santé, et travail profane de soin assigné aux mères dans la famille, reste forte, les frontières entre privé et public se brouillent, notamment dans le secteur des services aux personnes que l’on peut analyser comme transposition sur le marché du travail des pratiques et compétences des femmes soignantes profanes.

L’enseignement combine des interrogations théoriques et des approches empiriques pour dépasser les dichotomies traditionnelles (universalisme/ différencialisme...), et faire découvrir aux étudiants les rapports sociaux de sexe comme analyseur pertinent des changements et des permanences dans l’ensemble des champs de la sociologie.

Nicole Gadrey est maître de conférences en sociologie à l’université de Lille 1 et membre du CLERSE. Ses travaux et publications portent notamment sur la construction des différences entre hommes et femmes et sur la place des rapports sociaux de sexe dans la sphère de l’éducation, du travail et de l’emploi. Ses recherches actuelles sont centrées sur la construction de la « non-qualification » des employées dans des secteurs d’activité à forte majorité féminine.

Publications :

Nicole Gadrey, « Du collège au lycée. Orientations et temps scolaires ». Cahiers lillois d’économie et de sociologie, 1999.

— Travail et genre. Approches croisées, Paris, L’Harmattan, 2001.

> Irène ThéryPour une anthropologie comparative de la distinction de sexe

Le « genre » suscite depuis longtemps, en France, des interrogations. Cependant, si on considère cette notion simplement comme un champ de recherche, et surtout une incitation à prendre toute la mesure de la dimension sexuée du fait social, il semble que l’on puisse tout à fait poursuivre le débat théorique sous cette vaste étiquette.

Dans cette perspective, cette communication tentera de montrer l’intérêt, pour la sociologie de nos sociétés, d’inscrire son travail au sein d’une anthropologie comparative. Renouer avec cette dimension, qui fut celle de la sociologie à ses débuts, peut nous aider à prendre distance par rapport à nos « évidences » : l’opposition sexe/genre est une opposition dualiste qui s’inscrit dans le temps long de l’histoire occidentale moderne. Penser ce dualisme, tenter de le dépasser, suppose le détour par d’autres cultures et l’élaboration d’outils de traduction. En prenant appui sur un exemple — la différence entre l’approche durkheimienne et l’approche maussienne de la division des sexes —, et à la lumière de débats récents en anthropologie du genre, on proposera quelques éléments pour une approche institutionnelle de la distinction de sexe en sociologie.

Irène Théry est sociologue et directrice d’études à l’EHESS. Ses thèmes de recherches actuels sont : Famille et parenté dans les sociétés occidentales contemporaines ; recompositions de l’ordre normatif en matière sexuelle, socio-anthropologie de la distinction de sexe ; secret, silence et confidences dans les rapports entre proches (l’exemple de la séropositivité).

Publications :

Irène Théry, Le démariage, Odile Jacob, 1993.

— Couple, filiation et parenté aujourd’hui. La Documentation française/Odile Jacob, 1998.

— « Une femme comme les autres : séropositivité, vie sexuelle et féminité ». In collectif, Séropositivité, vie sexuelle et risque de transmission du VIH. ANRS, septembre 1999.

— « Pacs, sexualité et différence des sexes ». Esprit, octobre 2000.

— « La mixité, figure nouvelle de l’égalité ». In Yvonne Knibielher (dir.), Maternité affaire privée, affaire publique, Bayard, 2001.

— direction du numéro spécial « L’un et l’autre sexe ». Esprit, mars-avril 2001.

— « Les trois révolutions du consentement : pour une approche socio-anthropologique de la sexualité » (à paraître in Actes du Congrès 2001 de l’Association française de criminologie).

Nicky Le FeuvreLe genre comme outil d’analyse des politiques sociales dans une perspective comparative

Au sein de l’équipe pédagogique du DESS « Politiques sociales et rapports sociaux de sexe », le fil conducteur de nos enseignements se trouve moins dans l’unicité de nos objets d’étude que dans l’élaboration d’une définition et d’une grille d’analyse communes du genre. Si nos enseignements s’inscrivent dans la lignée des œuvres fondatrices de ce champ, ils ont quand même quelques spécificités, liées sans doute à la configuration particulière de l’équipe et au caractère professionnalisant du diplôme. Tout d’abord, nous nous efforçons de saisir les rapports sociaux de sexe dans leur totalité, c’est-à-dire en développant, autant que faire se peut, une analyse tout aussi approfondie de ce qui se passe du côté des hommes et du masculin que du côté des expériences sociales des femmes. Cette orientation est directement liée à un pari scientifique qui nous anime toutes et tous : celui qui consiste à braquer notre regard davantage du côté des dynamiques et des changements sociaux que du côté des permanences et des recompositions à l’identique. Il ne s’agit nullement d’occulter la réalité persistante des effets matériels et symboliques du « patriarcat » ou de la « domination masculine », dont l’analyse tient une place importante dans nos cours. Il s‘agit plutôt de réinjecter des principes d’historicité dans un champ où le « plus ça change, plus c’est la même chose » l’emporte trop souvent à nos yeux. C’est donc le postulat d’une variabilité du genre dans le temps et dans l’espace qui constitue le point de départ de nos différents enseignements.

Ce postulat nous pousse à privilégier des approches théoriques de type constructiviste. Pour saisir avec finesse le rôle complexe joué par les politiques sociales dans la processus de sexuation des pratiques et identités sociales, il nous paraît indispensable d’admettre au préalable que le sexe biologique des acteurs (actrices) sociaux (sociales) pourrait être sans conséquence aucune pour leurs « chances de vie », leurs trajectoires et expériences sociales, leurs identités subjectives. Il s’agit donc de réfuter avec véhémence toute conceptualisation du genre qui, dans la chronologie analytique, place les différences socioculturelles après la bipartition sexuée de l’espèce humaine ou qui définissent la bipartition sexuée comme une nécessité sociale universelle. La prééminence du genre sur le sexe constitue donc un des postulats forts de nos enseignements.

Quant à l’opérationnalisation du concept de genre dans nos cours, elle passe par une distinction théorique, fondamentale à nos yeux, entre la notion de « différence », qui abonde dans les travaux sur les rapports sociaux de sexe, et celle de « différenciation », qui y figure plus rarement. Ainsi, loin de constituer un attribut personnel à deux modalités (masculin / féminin) étroitement associé aux caractéristiques anatomiques de chacun des deux sexes (les genres, que l’on voit cités de plus en plus souvent dans les travaux francophones), le genre (résolument au singulier) renvoie à : un système social de différenciation et de hiérarchisation qui opère une bi-catégorisation relativement arbitraire dans le continuum des caractéristiques sexuelles des êtres humains.

Nicky Le Feuvre est maîtresse de conférences en sociologie / études féministes et directrice de l’équipe Simone-SAGESSE, université de Toulouse-Le Mirail. Elle travaille sur les transformations des « régimes de genre » en cours dans les sociétés européennes. Ses travaux portent sur les processus de féminisation des groupes professionnels de haut niveau (médecine, droit, pharmacie, finance, universités, etc.). Elle cherche à analyser les conditions et effets sociaux de l’arrivée des femmes dans ces anciens « bastions masculins », à la fois du point de vue de la reconfiguration des pratiques professionnelles et des inégalités sexuées sur le marché de l’emploi et du point de vue plus global des processus matériel et idéel de division sexuelle du travail à l’œuvre dans les sphères productives et reproductives. À ce titre, elle s’est également s’intéressée aux effets sexués du développement de l’emploi dans les services domestiques aux ménages, axant ses analyses sur le rôle des politiques publiques dans les nouveaux modes de différenciation entre diverses catégories de femmes au sein des sociétés européennes.

Publications :

Nicky Le Feuvre, « Travail et emploi des femmes en Europe ». In Pilar Ballarin (dir.), Las mujeres en la Union de Europa : Convergencias y diversidades. Grenade, Ediciones de la Universidad de Grenada, 2000.

— « La féminisation de la profession médicale en France et en Grande-Bretagne : voie de transformation ou de recomposition du ‘genre’ ? ». In Pierre Aïach, Dominique Cebe, Geneviève Cresson et Claudine Philippe (dir.) Femmes et hommes dans le champ de la santé : Approches sociologiques. Rennes, Éditions de l’École nationale de la santé, 2001.

— (coord.), numéro spécial de UTINAM : Revue d’anthropologie et de sociologie « Le genre : de la catégorisation des sexes », 2002, n° 5 (sous presse).

— (en collaboration avec Rosemart Crompton). « The Realities and Representations of Equal Opportunities in Britain and France ». European Journal of Social Policy, 2000, vol. 10, n° 4.

— (En collaboration avec Jacqueline Martin). « Les services de proximité aux ménages : de la solidarité à la précarité de l’emploi féminin ». Némésis, numéro spécial « Économie plurielle, économie solidaire : l’emploi en question », 2001, n° 3.

Table ronde histoire

Michèle Riot-SarceyLe genre, de l’usage du mot à la pratique de la chose

En histoire, la notion de genre en France est encore peu ou mal utilisée ; sa visibilité est si faible que les historiens préfèrent l’emploi du mot anglais en arguant de la polysémie du mot en français. Ainsi évitent-ils d’affronter le sens d’une pratique déjà ancienne dans les autres pays, pas seulement anglophones. Et pourtant l’enjeu est loin d’être seulement linguistique. En effet, les historiennes n’ont cessé de rappeler que l’histoire des femmes ne pouvait se penser qu’en termes de rapports sociaux autant que politiques. Entre l’histoire d’une catégorie socialement construite et la réflexion politique sur le sens de cette construction, l’enjeu épistémologique se découvre par l’usage non seulement de « l’outil d’analyse » pour reprendre l’expression de Joan Scott, mais aussi par l’approche critique d’un mode dominant de penser l’histoire. Si les perspectives ouvertes par la problématique de la construction des différences et les conséquences logiques de l’utilisation du genre sont encore peu prises en compte par les historien(ne)s français(e)s, le genre fait désormais partie du vocabulaire de certains historien(ne)s. En témoignent les intitulés des séminaires et autres colloques en cours de préparation. La question est alors de savoir quel(s) contenu(s) théorique(s) recouvre(nt) cette notion. Au cours du débat nous aborderons aussi bien la genèse de l’usage ou du non-usage de la notion, ses difficultés, les obstacles institutionnels et politiques rencontrés par les chercheuses, son intérêt, mais aussi les limites de l’emploi du « genre » dans l’écriture de l’histoire, à la lumière des réserves formulées y compris aux États-Unis.

Michèle Riot-Sarcey est professeure d’histoire contemporaine à l’université Paris 8 - Saint-Denis

Publications :

Michèle Riot-Sarcey, Histoire du Féminisme. Paris, La Découverte, 2002.

— (en collaboration avec Thomas Bouchet et Antoine Picon), Dictionnaires des Utopies. Paris, Larousse, 2002.

Nathalie Ernoult – Modératrice

Nathalie Ernoult est membre de la Jeune Équipe Phéacie de l’université Paris 1.

Christine BardHistoire et genre

Je n’ai pas de poste fléché « femmes » ou « genre », mais comme le font beaucoup d’universitaires, j’enseigne ma spécialité : histoire des femmes en maîtrise, histoire « paritaire » en DEUG (tentative d’équilibrage histoire des hommes/des femmes, masculin/féminin). J’évoquerai les réactions de mes collègues et de mes étudiants (notamment à partir des évaluations). La leçon principale que j’en tire est que l’intitulé « genre » passe bien mieux que « femmes », et ce pour plusieurs raisons : caractère « branché » de l’histoire culturelle et des représentations, invitation à une histoire relationnelle des sexes, à une histoire mixte, force d’inclusion pour les étudiants et chercheurs de sexe masculin, poids de la mixité et de la parité dans le féminisme contemporain, influence de l’historiographie anglo-américaine. Doit-on alors par pragmatisme abandonner l’histoire des femmes ? Non, et j’essaierai de le démontrer.

Christine Bard est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’Université d’Angers depuis 1995 et membre de l’Institut universitaire de France. Elle a organisé plusieurs colloques dans le cadre de son laboratoire (HIRES : Centre d’histoire des régulations sociales) et coordonne l’unité A1 (‘Altérité, genre et exclusion’) du programme angevin de sciences humaines (2H2S). Elle est membre du comité de rédaction de la revue Clio. Histoire, femmes et sociétés.

Publications :

Christine Bard, Madeleine Pelletier (1874-1939). Logique et infortunes d’un combat pour l’égalité (dir.). Paris, Côté-femmes, 1992.

— Les filles de Marianne. Paris, Fayard, 1995.

— Les garçonnes. Modes et fantasmes des Années folles. Paris, Flammarion, 1998.

— Un siècle d’antiféminisme, préface de Michelle Perrot. Paris, Fayard, 1999.

— Les femmes dans la société française au XXe siècle. Paris, Armand Colin, 2001.

— (avec Nicole Pellegrin). « Femmes travesties. Un mauvais genre ». Clio, 1999, n° 10.

Sylvie ChaperonLe genre : un concept, un label, un mot ?

L’histoire en tant que discipline n’incite pas à la théorisation, toujours suspectée de trop schématiser une réalité infiniment complexe. Pourtant, il y a actuellement une conjoncture propice à expliciter les mots que nous employons. Si les étudiants ou le public un peu averti ne s’interrogent guère sur la terminologie courante (femmes, hommes, sexes) tant elle leur paraît évidente, il n’en va pas de même avec le genre, dont la diffusion aujourd’hui suscite la curiosité. Or, il semble que la communauté des chercheuses et chercheurs, loin de profiter de cette opportunité, réagisse plus par la réticence ou la suspicion face à ce qui est vu comme une importation. Du coup, sexe et genre, sans devenir des concepts, demeurent des mots équivalents. Pour qui travaille sur l’histoire de la sexualité, il y tout lieu de proposer une nette dissociation.

Sylvie Chaperon est agrégée d’histoire, docteure de l’Institut universitaire européen et maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université de Toulouse-Le Mirail. Elle a travaillé sur l’histoire des mouvements de femmes français après la seconde guerre mondiale et s’oriente à présent vers l’histoire de la sexologie française.

Publications :

Sylvie Chaperon, Les années Beauvoir. Paris, Fayard, 2000.

— (dir.) « Sexualités et dominations », numéro spécial des Cahiers d’Histoire, revue d’histoire critique, n° 84, 2001.

— (avec Christine Delphy, dir.) Le cinquantenaire du Deuxième sexe. Paris, Syllepse, 2002.

Cécile Dauphin – Écrire l’histoire du genre, une expérience récente

Cécile Dauphin (EHESS-Paris).

Publications :

Cécile Dauphin, « Pratiques éditoriales et imaginaire social », in Christine Planté (dir.) L’épistolaire est-il un genre féminin ? Paris, Champion, 1998.

— Prête-moi ta plume. Les manuels épistolaires au XIXe siècle. Paris, Kimé, 2000.

— « Au cœur du savoir-vivre ». In Cécile Dauphin et Arlette Farge (dir.) Séduction et sociétés. Approches historiques. Paris, Le Seuil, 2001.

Violaine SébillotteEnseigner l’histoire du genre : l’expérience d’un séminaire de maîtrise pluri-périodes à l’Université Paris 1

Il s’agit de présenter le travail réalisé à Paris 1 avec une équipe d’enseignants chercheurs représentants l’ensemble des « périodes » enseignées (ancienne, médiévale, moderne, contemporaine). Nous avons mis en place un séminaire de maîtrise intitulé « Femmes, Hommes, Histoire. Méthodes, problématiques et exemples d’une histoire du genre ». Le « genre » a été présenté comme un concept servant à désigner l’identité sexuée construite, donc en fait les deux genres, masculin et féminin, qui ne coïncident pas nécessairement avec la division hommes/femmes. Les pratiques des historiens ont révélé deux utilisations très différenciées de ce regard nouveau qu’apporte l’histoire du genre : en tant que non spécialistes et que médiateurs (enseignants), nous avons choisi de n’en privilégier aucune pour laisser les étudiants choisir eux-mêmes leurs propres outils.

Violaine Sébillotte est maître de conférences en histoire ancienne à l’université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne. Ses domaines de recherche portent sur : les identités politiques en Grèce ancienne (thèse : Des communautés imaginées ; L’idée de patrie (patris) en Grèce classique).

Membre de l’équipe de la revue Lunes. Réalités, Parcours, Représentations de Femmes.

Table ronde littérature

Les problèmes posés par la notion de genre et son emploi dans la recherche et l’enseignement sont abordés à travers une diversité de points de vue théoriques et de champs chronologiques et culturels, une intervention sur la danse venant en contrepoint inviter à une réflexion sur le statut du corps et le rapport aux autres arts.

Christine PlantéGender, une notion intraduisible ?

En littérature, l’emploi de la notion apparaît particulièrement complexe pour des raisons à la fois intellectuelles et lexicales.

Le débat sur la question de l’écriture féminine qui, en France, a beaucoup marqué la réflexion sur la différence des sexes à la fin des années soixante-dix, au point de définir pour large part ce qu’on a appelé à l’étranger le french feminism, a laissé dans les disciplines littéraires des traces durables et une situation particulière. Beaucoup ont encore tendance à associer toute interrogation sur la place des femmes et la différence des sexes en littérature à la question de l’écriture féminine, et cette tradition de pensée favorise peu l’ac­cueil de la problématique du genre, qui insiste sur une construction socio-historique en mettant en doute une unité par nature ou par essence de la catégorie féminine. Une idée reçue voudrait donc que la notion vaille éventuellement pour les sciences humaines, mais pas pour la litté­rature, voire la culture (nouvel exemple de la croyance à une « singularité française »). L’adoption ou le refus de la notion de genre apparaissant ainsi liés aussi à des enjeux d’identité, disciplinaire et nationale.

Du point de vue lexical, genre présente en français une forte polysémie, qu’on a souvent invoquée pour prétendre la notion intra­duisible. Le mot est employé pour désigner en histoire naturelle une catégorie supérieure à l’espèce, ce pourquoi il se prête mal à une dé-natura­lisation de la conception du sexe (ce qui était pourtant sa visée première chez les théoriciennes américaines qui l’ont forgé). Genre désigne aussi le genre grammatical, or on peut objecter que le système grammatical du genre différant d’une langue à l’autre (existence ou non d’un neutre, règles différentes de l’accord…), la problé­matique du genre qui s’y réfère ne peut être transposée d’une ère linguistique et culturelle à une autre. Genre désigne enfin le genre littéraire (alors que l’anglais emploie deux termes, gender et genre pour la littérature). S’il paraît pertinent et fécond d’explorer les implications de cette confusion (y a t-il un genre des genres littéraires ?), cette logique d’analyse ne vaut que pour la littérature, et ne permet pas de traiter de la totalité des questions qu’elle soulève.

Christine Planté enseigne la littérature du xixe siècle à l’université de Lyon 2, où elle est co-responsable, avec Annik Houel, des études Masculin/Féminin ; actuellement au CNRS (UMR LIRE). Elle travaille sur les genres littéraires, et sur les écritures, théories et représentations de la différence des sexes.

Publications :

Christine Planté, La petite sœur de Balzac. Essai sur la femme auteur. Paris, Le Seuil, 1989.

— (dir.). Femmes poètes du xixe siècle. Une anthologie. Lyon 2, PUL, 1998.

— (dir.) L’épistolaire, un genre féminin ? Paris, Champion, 1998.

— « Qu’est-ce qu’un nom d’auteure ? », Revue des sciences sociales de la France de l’Est « Honneur du nom, stigmate du nom », n° 26, 1999.

— « Voilà ce qui fait que votre E est muette », « Parler Lire Chanter Écrire », Daniel Fabre (dir.) Clio, n° 11, 2000.

— (dir.) Cahiers Masculin/Féminin « Sorcières et sorcelleries ». Lyon 2, PUL, 2002.

Mireille Calle GruberPartage des genres et différence sexuelle

Où on s’efforcera de penser l’incontournable articulation plurielle des genres : grammatical, littéraire, sexuel ; et de considérer qu’il y va d’un travail différentiel dans la langue, c’est-à-dire d’un apprentissage de l’écriture et de la lecture des différences inscrites dans les textes, où elles déposent traces à déchiffrer. Font non pas une histoire ou l’Histoire mais des scènes. Scènes des genres.

Mireille Calle Gruber est écrivain, professeur de Littérature française à l’université Paris 8 Saint-Denis où elle co-dirige le département d’Études féminines. Ses principaux domaines de recherches portent sur : théorie et critique littéraires ; questions d’esthétique (cinéma, photo, peinture) ; littératures du xxe siècle, en particulier Claude Simon, Michel Butor, Claude Ollier, Hélène Cixous. Élue à la Société Royale du Canada en 1997.

Publications :

Mireille Calle Gruber, L’effet-fiction. De l’illusion romanesque. Nizet, 1989.

— Les Partitions de Claude Ollier. Paris, L’Harmattan, 1996.

— Assia Djebar, La résistance de l’écriture. Paris, Maisonneuve & Larose, 2001.

— Histoire de la littérature française du xxe siècle, ou les repentirs de la littérature. Paris, Champion, 2001.

— (avec Hélène Cixous) Photos de Racines. Paris, Des Femmes, 1994.

— Fictions : Arabesques. Arles, Actes Sud, 1985 ; La division de l’intérieur. Montréal, L’Hexagone, 1996 ; Midis. Scènes au bord de l’oubli. Laval (Québec), Trois, 2001.

Marcelle MariniGenre (gender) et genre humain : quels rapports ?

Dans les années 1970, il s’agissait de faire entrer dans la culture « légitime » des textes de femmes occultés ou marginalisés ; de critiquer les théories constituées sans les prendre en compte ; de respecter la pluralité et la singularité des œuvres. Pour cela, il fallait considérer les femmes comme une catégorie sociale (opprimée) de fait, mais sans préjuger d’une spécificité commune à leurs œuvres.

La notion de genre (gender) trouve sa place en sociologie et en histoire littéraires, mais, malgré son apport incontestable de rupture avec la logique biolo­gique, soulève trois types de problèmes : la coupure trop radicale sex/gender ; le maintien du dualisme des genres (d’où la nécessité pour Monique Wittig de créer la notion de « troisième genre ») ; la prise en compte des catégories construites au détriment des processus, y compris conflictuels, à l’œuvre dans cette construction. D’où ma préférence pour la notion de rapports sociaux de sexe à la condition d’y inclure les rapports symboliques.

Mais peut-on, en littérature et plus largement en art, qui sont autant travail d’individualisation ou de subjectivation que de socialisation, évacuer des notions comme celles de sexualité, de différence des sexes, ou de différence sexuelle ? Il faut saisir comment se nouent concrètement les relations entre l’imaginaire, le réel (dont le corps) et le langage dans l’écriture et la lecture de chaque œuvre. Articuler les deux types de théorisation pourrait se faire du côté d’une pensée du mouvement.

En neutralisant ou desexualisant la pratique artistique appropriée par les hommes au nom d’un humain confondu avec le masculin ; en trans­for­mant la sexualisation des sujets écrivants et lisants (relativisation des hommes comme êtres sexués et universalisation des femmes comme êtres humains à part entière) ; en travaillant sur des pratiques d’indifférenciation et de différenciation et sur leurs relations, sur des effets de neutralisation.

La question devient alors celle des rapports entre la notion de genres féminin/masculin et celle de genre humain.

Marcelle Marini est maître de conférences honoraires à l’université Paris 7

Publications :

Marcelle Marini, Territoires du féminin avec Marguerite Duras. Paris, Minuit, 1977.

— « D’une création minoritaire à une création universelle », Cahiers du GRIF n° 45, 1990.

— « La place des femmes dans la production culturelle ». In Francçoise Thébaud (dir.), Histoire des femmes, t.V. Paris, Plon, 1992.

— « Différenciation et indifférenciation. Pour une relecture de Mélanie Klein », Féminisme au présent. Futur Antérieur, L’Harmattan, 1993.

Hélène MarquiéImaginaires et corps : perspectives et enjeux des recherches sur le genre et recherches féministes en danse

La danse met en jeu pratiques et représentations du corps. Elle est création par et avec le corps, et surtout création de corps. Elle se construit dans les articulations de l’imaginaire avec le réel, biologique, culturel et social. Le corps dansant n’est pas neutre, il est pris dans un réseau de relations organisé par une logique – et une idéologie – où féminin et masculin définissent des propriétés et des valeurs qui dépassent largement le cadre de la sexuation biologique. Que l’on s’intéresse aux processus cognitifs mis en jeu dans les systèmes sensori-moteurs, à la poïétique, à l’esthétique, aux représentations, aux conditions de production de la danse, à sa réception, à son histoire, à sa pédagogie, aux discours qu’elle produit, … la danse s’inscrit dans des systèmes où les questions de genre et les catégorisations de sexe sont fondamentales. En outre, le travail du corps et de l’imaginaire est susceptible de modifier profondément certaines constructions : loin d’être un simple reflet de réalités, la danse participe également à l’élaboration de ces réalités.

Il s’agira d’exposer les enjeux des recherches en danse dans la perspective des études de genre, les différents axes possibles, la situation de cette recherche en France et dans les autres pays. La recherche en danse est transdisciplinaire : quelles contributions, que ce soit sous forme d’outils conceptuels, méthodologiques, ou sous forme de résultats pouvons nous apporter aux recherches féministes ? J’évoquerai le champ et les objets de ma propre recherche, son cadre, les perspectives méthodo­logiques et idéolo­giques dans lesquelles je les inscris, enfin les problèmes rencontrés.

Hélène Marquié est docteure en esthétique, agrégée de biologie, danseuse et chorégraphe, chercheuse à la Maison des sciences de l’homme de l’université Paris 13 (laboratoire d’ethnoscénologie).

Publications :

Hélène Marquié, « Les jeux de la nature dans la danse moderne/contemporaine ». In Ginette Castro et Marie-Lise Paoli (dir.), Femme et Nature 2, Créativité et imaginaire des femmes. Talence, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, 1999.

— Métaphores surréalistes dans des imaginaires féminins. Quêtes, seuils et suspensions ; souffles du surréel au travers d’espaces picturaux et chorégraphiques. Parcours dans les œuvres de Leonora Carrington, Leonor Fini, Dorothea Tanning, Martha Graham, Doris Humphrey et Carolyn Carlson. Thèse diffusée aux Presses du Septentrion, Lille, 2001.

— « Voie du corps et voix de femmes : du singulier à l’universel dans la danse de Martha Graham ». In Ginette Castro et Marie-Lise Paoli (dir.), Ecritures de femmes et autobiographie 1.. Pessac, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, 2001.

— « Mythes et utopies chez les femmes surréalistes », Lunes (Paris), Hors série n° 2 : « Femmes & Art au XXe siècle : le temps des défis », 200.

Éliane ViennotLe genre, cet inconnu. Le mot et la chose dans l’étude de l’Ancien Régime

La communication s’attachera tout d’abord à évoquer les nombreuses raisons qu’il y aurait, dans le contexte de la « querelle des femmes » qui traverse tout l’Ancien Régime, d’être attentif à la différence des sexes, notamment en ce qui concerne les conditions d’accès à l’écriture et à la publication, ainsi que le contenu des discours tenus. Un bref résumé de sondages effectués récemment dans la littérature spécialisée permettra ensuite de prendre la mesure de l’état de conscience du milieu de la recherche vis-à-vis de cet angle de vue. Enfin sera évoqué l’usage du mot « genre » dans la pratique enseignante.

Éliane Viennot est professeure de littérature de la Renaissance à l’université de Saint-Etienne. Elle s’intéresse au rapport des femmes au pouvoir et à l’exception française dans ce domaine, sur la longue durée. Elle est spécialisée dans les écrits des femmes politiques de la Renaissance, le traitement historiographique et littéraire des rapports de pouvoirs entre les sexes des différentes époques. Elle est fondatrice de la SIEFAR (Société internationale d’études sur les femmes sous l’Ancien régime).

Publications :

Éliane Viennot, Marguerite de Valois, histoire d’une femme, histoire d’un mythe. Payot, 1993.

— (avec Danielle Haase-Dubosc) Femmes et pouvoirs sous l’Ancien Régime. Rivages, 1991.

— (avec Danielle Haase-Dubosc) La Démocratie à la française ou les femmes indésirables 1793-1993. Paris, CEDREF-Paris 7, 1996.

— (avec Kathleen Wilson-Chevalier) Royaume de Fémynie. Pouvoirs, contraintes, espaces de liberté des femmes de la Renaissance à la Fronde. Paris, Champion, 1999.

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