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Les féminismes transnationaux

Avant le 15 décembre - revue Traverse


Date de mise en ligne : [17-10-2014]



Mots-clés : féminisme


Pour le numéro 2016/2 de la revue Traverse

Comité scientifique :

Bertrand Forclaz (Université de Neuchâtel) ;
Sonja Matter (Université de Berne) ;
Regula Ludi (Université de Berne)

Argumentaire :

Le féminisme, ainsi que beaucoup de projets de réfomes bourgeois-libéraux du XIXesiècle, fut un mouvement transnational à prétention globale. Des organisations de femmes aux options idéologiques diverses virent dans l’émancipation des femmes une des clefs du progrès humain ; se libérer de l’immaturité politique et juridique dans laquelle elles étaient cantonnées à cette époque apparut aux femmes comme un moyen de contribuer à l’élévation morale de l’humanité. Mais l’objet des revendications – la réforme de la hiérarchie des sexes – reposait sur des postulats épistémologiques (souvent implicites) liés à la culture occidentale. L‘expansion constante du mouvement des femmes et du féminisme dans des espaces non-occidentaux entraîna par conséquent des problèmes croissants de communication interne. Dans ce contexte, savoir ce qui était exactement compris sous le terme de sexe n’allait pas de soi. De même, les postulats selon lesquels des valeurs telles que la liberté, la fidélité, la maternité, ou des institutions telles que le couple monogame, seraient des acquis de la civilisation, furent sujets à contestation.
A partir de la fin du XIXe siècle, dans l’établissement de règles et de normes des rapports sociaux au niveau international, on prit également en compte progressivement les postulats de base du mouvement des femmes. Ce fut donc une compréhension spécifique de la différence des sexes qui fut institutionnalisée au niveau international. Citons à titre d’exemple les dispositions de protection spéciales de l’OIT dans le domaine du droit du travail, qui définissaient les femmes sur le marché du travail par leur capacité de reproduction, et qui les constituaient ainsi en une catégorie particulière de travailleurs. Ces normes, et les représentations inhérentes à une civilisation auxquelles elles renvoyaient, marquèrent durablement le mouvement international des femmes et ses rapports avec les organisations internationales, comme le montrent les débats de l’entre-deux-guerres et les premiers efforts normatifs dans le cadre de l’ONU.
C’est seulement récemment que les chercheurs se sont penchés également de façon accrue sur l’ambivalence et les contradictions qui caractérisent le féminisme en tant que partie du discours des penseurs modernes de l’Europe, et en tant qu’entreprise transnationale. Sous l’impulsion, notamment, de chercheurs de l’époque post-coloniale et récente promouvant une approche historique globale, l’intérêt s’est porté sur la question de la communication transnationale, champ de recherches laissé jusque-là dans l’ombre ; il faut y voir l’influence des questionnements scientifiques de cette époque, plus largement, sur les conditions de la communication entre des cultures différentes au sein des réseaux animés par les tenants de la réforme sociale.
Le présent numéro thématique de Traverse se propose d‘offrir un forum pour la présentation des travaux de recherche récents dans le domaine de l’histoire globale des genres et de l’histoire du mouvement international des femmes. Nous souhaitons expressément des contributions consacrées à la communication transculturelle, aux échanges transnationaux et aux transferts d’idées au sein du projet féministe, qui prennent également pour objet d’étude les facteurs de la mise en oeuvre de tels processus, de même que les défis et les résultats qui les ont marqués. Nous encourageons cependant aussi les contributions qui ont pour objet l’époque antérieure à 1800, et qui traitent de la hiérarchie des sexes, des représentations liées, en ce domaine, à la civilisation, et du rôle des projections dans les échanges transculturels.

Axes thématiques :

Les questions suivantes sont au coeur du dossier thématique :

- Sur quels postulats, supposés universels, les projets féministes reposaient-ils ? Comment les féministes de différents contextes culturels ont-elles composé avec ces présupposés ?
- Peut-on interpréter les processus de communication comme une harmonisation cognitive ? Ou bien, au contraire, un discours hégémonique s’est-il imposé à d’autres conceptions idéologiques ? Le mouvement des femmes est-il un « produit d’exportation » occidental – ou : y eut-il des influences spécifiquement non-occidentales sur le mouvement des femmes ?
- Dans quels domaines les problèmes de communication furent-ils manifestes ? Comment les critiques s’exprimèrent-elles ?
- Comment (et pourquoi) les féministes non-européennes s’approprièrent-elles le savoir occidental ? En quoi ce savoir était-il particulièrement attractif ? Comment transformèrent-elles ce savoir dans le cadre du processus d’appropriation ?
- Les échanges transnationaux déclenchèrent-ils des processus d’apprentissage ? Et de quelle sorte ?
- En quoi la confrontation avec des modèles étrangers et différents des rapports entre les sexes eut-elle de l’influence sur le rapport à la hiérarchie des sexes des actrices du féminisme elles-mêmes ?
- Quels sont les apports des résultats de la recherche récente pour l’évaluation du potentiel de réforme des mouvements sociaux ?

Modalités :

Veuillez envoyer un résumé de 2500 signes au maximum et un court CV
jusqu’au 15 décembre prochain à l’une des personnes ci-dessous : bertrand.forclaz@revue-traverse.ch ;sonja.matter@revue-traverse.ch ; regula.ludi@hist.unibe.ch. Les articles auront une longueur d’environ 30000 signes (espaces compris) et devront être remis jusqu’au 15 septembre 2015.

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