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Eleni Varikas
Si, dans ses versions dominantes, la réflexion féministe a historiquement montré un attachement pathétique au projet de la modernité, cette passion - malheureuse car trop souvent à sens unique - est en train de s’affaiblir quand elle ne se tourne pas purement et simplement en son contraire. Pour ne pas avoir rempli ses promesses émancipatrices, la modernité devient l’objet d’une interrogation qui tend à déstabiliser quelques-unes des certitudes les mieux installées de notre tradition de l’Aufklärung, cette même tradition qui a vu naître la demande de l’émancipation des femmes.
Michèle Riot-Sarcey
En ces temps de crise des idéologies, le féminisme peut-il renouveler son potentiel critique ? Où plutôt, la réflexion théorique de type féministe peut-elle aider à dépasser les apories idéologiques par l’introduction d’idées façonnées dans la longue histoire des individus assujettis ?
Depuis quelques années déjà, les approches se sont diversifiées, la différence des sexes n’est plus seulement analysée dans sa structure de domination ; les oppositions binaires - égalité, différence - sont repensées ; l’idehtité des sexes réinterrogée, les limites critiques du féminisme mises en perspective. Il n’en reste pas moins que les différentes formes d’oppression ne sont pas effacées et que les pratiques politiques et les modes de g penser restent marqués par les assignations dévolues à chaque sexe.
Simone Valantin
L’idée vient parfois que l’on pourrait réécrire le réel contemporain de la féminité et élaborer des concepts complémentaires à la théorie freudienne. Les batailles féministes, depuis longtemps tenues à l’écart de la psychanalyse méfiante à l’égard de toute idéologie - hormis la sienne - font entendre des nouveautés du côté des représentations de la sexuation.
Michèle Riot-Sarcey
Tout a été dit ou presque sur les relations conflictuelles entre l’analyse historique fondée sur le genre et l’écriture de l’histoire sociale, politique ou économique. Dans tous les pays, les historiennes, particulièrement, se plaignent de la faible intégration des femmes dans l’Histoire, au sens global du terme.
Le mode de penser l’histoire en France est cependant assez spécifique, si l’on en juge par le rapport tendu de ses historiens avec la question du genre.
Michèle Riot-Sarcey
Au risque de nous répéter, encore faut-il revenir sur l’usage du genre comme outil d’analyse historique. Mal introduit en France — sans doute à cause de sa polysémie —, il est souvent assimilé au sexe féminin, en tant que donnée biologique et, par voie de conséquence, de donnée historique.
Michèle Le Doeuff
Un compte rendu du dernier livre d’E. Badinter, XY, s’impose-t-il ? La meilleure conduite à tenir serait de l’ignorer, comme tant d’autres livraisons « si célèbres l’année dernière », et de développer une résistance vis-à-vis de ce que certains éditeurs parisiens appellent eux-mêmes « notre littérature kleenex ». Le genre se définit par le fait que le « produit » (sic, dans n’importe quel « mastère » d’édition) doit être capable de faire rage sur le marché pendant trois mois environ. Ceci implique qu’il soit construit autour d’une idée-choc et que cette thèse à sensation puisse être résumée en une petite page ou trois minutes de radio. La rédaction de l’ouvrage doit être assez aérée pour que les journalistes littéraires puissent en prendre connaissance en moins de deux jours, le moindre retard gâchant le feu d’artifice.
Efi Avdela, Université de Crète
Pour ou contre les « études de genre » : le débat précoce
Le concept de genre dans les sciences sociales : anthropologie, histoire et autres disciplines
Interdisciplinarité, transdisciplinarité, spécificités disciplinaires : le genre
entre recherche, théorie et enseignement
Les effets pervers des malentendus conceptuels : le programme européen « Genre et égalité des femmes »
Les tendances actuelles : thématiques, problématiques, politiques
Sara Garbagnoli, Vincenza Perilli e Valeria Ribeiro Corossacz
Nicole-Claude Mathieu si è spenta a Parigi il 9 marzo scorso, lasciando un vuoto non misurabile in quelli che, a partire dai primi anni ’70 del secolo scorso, sono stati i suoi ambiti privilegiati di produzione teorica, di impegno politico e di insegnamento : l’antropologia e la teoria femminista. Grazie ad un rigore, a un’audacia e una lucidità intellettuali e politiche di rara levatura, Mathieu ha contribuito a rielaborare criticamente l’epistemologia e a ridefinire le frontiere di tali saperi.
Sigrid Weigel
Ana Iriarte, Universidad del País Vasco, Espagne
Au mois de juin 2005, à Madrid, l’Association de Recherches en Histoire des Femmes a organisé un séminaire, sur l’oeuvre de Joan Scott. Notamment, sur l’influence du concept de gender dans l’historiographie féministe espagnole. Concept que l’historienne américaine a défini en 1986, avec l’énorme succès dans la discipline historique qu’on connaît toutes.
La participation enthousiaste de Joan Scott à ce séminaire nous a beaucoup appris et éclairé à propos du devenir des études de gender des deux dernières décennies ainsi que des préoccupations actuelles de l’historienne américaine, concentrée sur la tension qu’elle perçoit entre l’universel garantissant, depuis la Révolution de 1789, l’égalité de tous devant la loi et la moderne conception de la différence des sexes. Or, malgré ses effets enrichissants, la visite de Joan Scott n’a fait que dévoiler la réticence des études féministes espagnoles à assimiler la catégorie de gender dans le double sens que lui prêta cette théoricienne. Plus précisément, les études espagnoles sur les femmes n’ont pas manqué d’adopter l’usage, déjà universel, du terme gender, mais, cet emploi est loin d’impliquer la prise de position sur l’inégalité ou le pouvoir qui a fait de cette catégorie d’analyse un outil vraiment novateur pour les études féministes.