Florence Lévy soutiendra sa thèse de doctorat en sociologie intitulée "Entre contraintes et interstices, l’évolution des projets migratoires dans l’espace transnational. Une ethnographie des migrants de Chine du Nord à Paris" réalisée en cotutelle sous la direction de Mme Isabelle Thireau (Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine (CECMC) de l’EHESS, France) et de Mme Janine Dahinden (Maison d’analyse des processus sociaux (MAPS) de l’Université de Neuchâtel,Suisse) le mercredi 17 juin 2015 à 14 h
Dans le grand salon de la Maison de l’Asie (22, avenue du Président Wilson, 75016 Paris - Métro : Iena ou Trocadéro)
Jury :
Isabelle THIREAU, Directrice d’études, EHESS, directrice
Janine DAHINDEN, Professeure, Université de Neuchâtel, directrice
Eleonore KOFMAN, Professeure, Middlesex University, rapporteure
Gilles GUIHEUX, Professeur des universités, Université Paris Diderot, rapporteur
GREEN, Directrice d’études, EHESS
Résumé :
Les Chinois du Nord arrivés à Paris à la fin des années 1990 présentent des caractéristiques atypiques et se démarquent du profil « classique » des migrants économiques comme de celui des Chinois du Sud, majoritaires en France. Ces urbains quadragénaires –dont 70 % sont des femmes, surtout divorcées – ont quitté le pays où ils étaient en passe de perdre leurs statuts favorisés en tant qu’employés et cadres des entreprises d’Etat ou entrepreneurs. A travers les récits de vie recueillis au cours d’un terrain ethnographique mené en France et en Chine sur une période de dix années de 2004 à 2014, ce travail retrace leurs parcours bien avant leur départ et analyse leurs raisons de migrer temporairement et de manière isolée. Le suivi des modifications de leurs projets migratoires sous-tend l’analyse et permet de tenir compte des différents niveaux de tensions provenant des contraintes macro et méso structurelles liées aux réformes en Chine puis à leur statut de migrants allophones sans-papiers en France, comme des attentes familiales ou individuelles.
En France, leurs parcours professionnels et sociaux dans le sas d’entrée offert par les réseaux sinophones soulignent les tensions entre migrants chinois. Les processus de différenciation et de relégation qui sont à l’origine de leur insertion au plus bas des hiérarchies sociales propres à ces réseaux, amènent à interroger l’idée de communauté chinoise à Paris et de diaspora. Les dynamiques de pouvoir, de structuration des groupes en migration et les effets d’exclusion provenant des structures légales françaises, articulent les processus de déqualification et d’assignation à des critères de genre et sont à l’origine d’un renversement des hiérarchies sociales en migration. Les parcours se caractérisent par une division sexuelle du travail mais également des tactiques de débrouillardise lorsqu’ils investissent les marges de la société française. L’apprentissage de nouvelles normes de genre, propres aux réseaux chinois et à la société française, amène en particulier les femmes vers les emplois du care (domesticité, prostitution), ou le mariage avec un homme local. Malgré une mobilité sociale limitée, la construction d’identités transnationales leur permet de résister aux différents types de déclassement à la fois en Chine et en migration et témoigne de leurs capacités d’agency.
Mots-clés :
Migrations, Chinois du Nord, Dongbei, genre et migration, méthodologie transnationale, déclassement, agency, projet migratoire
Contact :
florencelevy@yahoo.fr