RING


CriminELLES

Avant le 15 octobre - Mulhouse


Date de mise en ligne : [17-09-2014]



Mots-clés : droit


Colloque international organisé par Hélène Barthelmebs et Matthieu Freyheit, Université de Haute Alsace, Institut de recherche en Langues et Littératures Européennes (ILLE - EA 4363)

Argumentaire :

La culture grecque ancienne nous a certes légué un sanglant imaginaire du crime féminin : Médée sème les morceaux de son frère, Procné découpe et met à cuire ceux de son fils, Clytemnestre assassine son mari, Électre fait tuer sa mère. Plus près de nous, au XIXe siècle, la criminelle se diversifie, de la Chouette d’Eugène Sue à la belle Hauteclaire Stassin de Jules Barbey D’Aurevilly. L’intérêt romantique pour les bas-fonds, illustré par la multiplication des mystères urbains, met en avant, à la suite d’une fiction anglaise placée sous le signe de De Quincey, une fascination pour le crime. Un intérêt répété aujourd’hui notamment par la culture populaire qui voit dans le crime un motif fictionnel performant. Il reste que, malgré le nombre des exemples possibles, le meurtre appelle traditionnellement le meurtrier, et l’assassinat, l’assassin, dans une vision restée androcentriste du crime. Celui-ci, pourtant, n’appartient pas qu’à un masculin qui s’arrogerait, contre le talent supposément féminin de la vie, celui de la mort. Devant cette répartition culturelle des tâches, le crime féminin finit par répondre au tabou culturel du « contre-nature », comme si tuer au féminin était supérieur en horreur à tuer au masculin. C’est que le féminin ne bénéficie pas, en Occident en tout cas, de la banalisation offerte par l’art de la guerre.
« Pourquoi les femmes tuent ? », interroge Peter Vronsky. Ce colloque propose de réfléchir à la manière dont nous répondons, par la fiction, au crime féminin : avons-nous seulement besoin de nous créer des raisons (si oui, lesquelles ?) pour que femme tue ? Car certaines tuent sur un malentendu, comme le laisse entendre Camus. Axé sur une approche comparatiste et pluridisciplinaire, et prenant pour champ d’étude la culture contemporaine, cette manifestation souhaite interroger la manière dont l’avènement du féminisme et des gender studies nous conduit à un renouvellement de l’imaginaire du crime au féminin. La femme fatale qui, longtemps, accompagne le gangster (Michel Ciment, Le Crime à l’écran, 1992), est évacuée par la complice et femme d’action dont la fascination pour Bonnie Parker marque le succès. Pareillement, Thelma et Louise revisitent le road trip devant la caméra de Ridley Scott, Uma Thurman hyperbolise la vengeance féminine dans Kill Bill, les femmes pirates envahissent la fiction d’aventure, la fantasy et le fantastique multiplient les créatures assassines. Voleuses, tueuses, arnaqueuses, et outlaws en tous genres nous intéressent tant qu’elles permettent de questionner et de remettre en perspective notre rapport à une certaine idée du féminin.
Enfin, s’il s’agit bien d’étudier le devenir du crime au féminin, il convient également de s’enquérir de la manière dont le crime peut (ou non) se dire au féminin. La criminelle engage-t-elle une écriture particulière ? Pour les femmes comme pour les hommes ? Y a-t-il, dans le texte, une permissivité offerte par le motif du crime qui engendrerait, peut-être, le meurtre plus facile d’une langue sentie comme patriarcale ? Car un crime peut en cacher un autre, et son appropriation pourrait bien constituer un acte de désobéissance littéraire et sociale dont il nous revient de préciser la teneur, et les enjeux. Pour mieux comprendre quelles sont, aujourd’hui, les criminelles dont nous rêvons / tremblons.

Modalités :

Les propositions de communication, d’une trentaine de lignes, accompagnées d’une bibliographie indicative ainsi que d’une brève notice biographique, sont à envoyer à criminelles@gmail.com

Frais d’inscription :

60 euros (30 euros pour les doctorants) 

Haut de page

Fichiers de syndication :


Statistiques :


Le site contient 4383 articles

Info / contacts :


Navigation / Syndication :