Séminaire organisé par Manuela Salcedo et Mathieu Trachman
1er et 3e vendredis du mois de 9 h à 11 h (salle des artistes, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 6 décembre 2013 au 20 juin 2014
Présentation :
Ce séminaire entend proposer quelques pistes pour mettre en œuvre une sociologie du désir. Sans prétendre prendre en compte toutes les formes de désirs, il s’inscrit dans une tradition féministe d’analyse critique des relations intimes, conjugales et sexuelles. L’enjeu n’est pas seulement de faire du désir ce qui occulte ou nie la domination en l’inscrivant dans les corps, mais de l’aborder comme un révélateur des rapports de pouvoir. Deux pistes de recherche seront explorées. D’une part, la constitution des sujets de désir : la sociologie de la sexualité ou de la conjugalité montre qu’il est possible de mettre en évidence les ancrages sociaux des préférences amoureuses ou sexuelles. Prolongeant ces analyses, nous nous attacherons aux formes d’érotisation des rapports sociaux, et aux manières dont elles distinguent les individus. D’autre part, les processus de légitimation et d’illégitimation des désirs : certains sont dicibles tandis que d’autres sont honteux ; certains sont réprimés, d’autres sont au contraire encouragés. Il s’agira de préciser les enjeux et les évolutions de cette politique du désir, en s’attachant en particulier aux groupes et aux instances qui opèrent ces partages. La tension entre un État qui peut s’instaurer juge des désirs de chacun, et les marchés, sexuels notamment, qui peuvent au contraire encourager l’expression des désirs minoritaires semble de ce point de vue centrale. Quelles expériences, institutions, techniques permettent d’établir un rapport entre l’individu et ses désirs ? Comment s’établit une hiérarchie des désirs, et comment s’articule-t-elle aux autres rapports sociaux ?
http://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2013/ue/882/