Colloque Université d’Angers
Présentation :
Benoîte Groult a fait don de ses manuscrits à la Bibliothèque universitaire d’Angers : sans lien d’origine, sans attache particulière, mais plutôt dans l’idée d’aller enrichir le fonds des Archives du féminisme et de placer ses textes en bonne compagnie. Si les collections de poche ont standardisé la mise en page et proposé aux lectrices, aux lecteurs, une version uniformisée des ouvrages, les boîtes où sont déposés les feuillets dactylographiés, les notes à la main, proposent d’entrer dans le souffle de la rédaction. Tout autour de l’œuvre se rencontrent lettres et articles donnant de la réception une image vibrante, traduisant la force de l’instant, et ce présent qui jaillit, rejaillit, avec ses contradictions, ses acclamations et sa vindicte modifie notre approche. Il ne s’agit plus seulement de livres, dont le contenu s’analyse, mais de livres en conjonction étroite avec l’histoire personnelle et collective qui a les a fait naître.
Le colloque qui se tiendra en juin 2014, entend combiner ces deux mouvements : celui, concentré de l’écriture, laissant advenir lentement la réflexion, affleurer la prose, le témoignage, celui, énergique du combat, de l’engagement militant, de l’inscription décidée dans le monde. Dans cette attente, ces deux journées réuniront aussi bien des universitaires travaillant le détail des œuvres, que des journalistes, des membres d’association, des gens de terrain rappelant la forme d’un engagement et mesurant l’importance des principaux combats.
Ces rencontres consacrées à Benoîte Groult doivent permettre de récapituler en la présence de l’auteure et avec la participation active de celle-ci, l’essentiel d’une réalisation tant littéraire que sociale :
Quatre axes seront privilégiés :
Le féminisme, choix tardif et faute durable, ce qui, dans Mon évasion est ironiquement dénoncé comme « une maladie honteuse »
. Les essais, le discours autobiographique : analyse individuelle et collective des mécanismes de l’oppression
. La recherche linguistique : de 1984 à 1986, Benoîte Groult assure la présidence de la « Commission de Terminologie pour la féminisation des noms de métiers, de grades et de fonctions » initiée par la ministre Yvette Roudy. « Il faut occuper les mots. Autrement, ce sera anormal d’occuper les fonctions puisqu’il n’y a pas de mots pour nous », in « Denise Bombardier rencontre Benoîte Groult », Châtelaine, juin 1983
. Le journalisme : création en 1978 avec Claude Servan-Schreiber de F Magazine, une tentative pour sortir la presse « féminine » du « féminin »
Les grands combats
. L’avortement, l’excision, l’infibulation : le corps des femmes, sacrifié, mutilé, conduit à la mort. Ainsi soit-elle a décrit sans concession ces pratiques torturantes, c’était en 1975, quarante ans plus tard, ont-elles considérablement régressé ?
. Le droit à mourir dans la dignité : La touche étoile et l’impact sur le public des problématiques liées à l’euthanasie
L’écriture littéraire
. À quatre mains, avec Flora Groult : Journal à quatre mains (1963), Le Féminin pluriel (1965), Il était deux fois (1967)
. Une conquête contre la vie domestique : « Tuer la fée du foyer est le premier devoir d’une femme qui veut écrire », in Histoire d’une évasion
. Représentations des personnages, des rapports de genre, de la sexualité
. Le monde naturel (la Bretagne, l’Irlande, le jardin, la mer...), une attention sensible et amoureuse à l’égard de l’environnement
Bien que la vie et l’œuvre de Benoîte Groult aient fait d’elle un témoin privilégié des bouleversements sociaux qui ont marqué le 20ème siècle, bien que le féminisme ait inscrit sa personnalité au cœur de nombreuses mêlées, les études portant sur son action et son histoire sont encore restreintes :
Ainsi soient-elles : autour de Benoîte Groult : actes du colloque tenu à la Société des Gens de Lettres en juin 2000 à l’initiative de Françoise Guienne / présentation Josyane Savigneau, Paris, B. Grasset, 2003
Fernande Gontier, Benoîte Groult, Paris, Klincksieck, 1978 Cette remarque signale ce faisant l’importance du colloque organisé par l’Université d’Angers, juste hommage rendu à une pensée et à une démarche infiniment vives.
Contact :
Sylvie Camet, sylvie.camet@free.fr