Colloque pluridisciplinaire de jeunes chercheurs sur les rapports entre corps et sacré dans l’histoire et aujourd’hui
organisé par l’École Pratique des Hautes Études Groupe Sociétés, Religions, Laïcités CNRS / EPHE - UMR 8582
4 et 5 avril 2013 – Paris
Présentation :
Entre Ciel et Terre, religions, prophéties et révélations traversent les corps ; le langage du sacré passant aussi bien par le verbe que par la chair. Pour certains, dieux, esprits et divinités investissent les corps mortels pour délivrer leur message ; tandis que les sociétés humaines expriment et impriment leurs croyances à la surface des corps, ceux-ci se faisant ainsi interfaces entre le monde sensible et la sphère d’un « tout autre ».
Par-delà la diversité des cultures et des traditions, la référence au sacré est porteuse d’une sémantique spatiale persistante qui accentue tantôt l’idée d’unité et d’intégrité, tantôt celle de discontinuité et de rupture. Si le sacré désigne ce qui est digne d’un respect absolu, parce que séparé et pur, toutes les langues envisagent la possibilité d’une transgression de ces limites. Par exemple, l’hébreu désigne cet acte sous le terme lehalel, « profaner », qui signifie littéralement « rompre l’enclos », ouvrir un trou dans l’espace. En arabe, harâm peut signifier « l’interdit », « l’illicite » mais aussi l’objet ou le lieu de sacralité qui ne doit souffrir aucun viol. L’ambiguïté intrinsèque de ces notions renvoie au corps, territoire à la fois pénétrable et opaque, qui appelle le respect tout en risquant de provoquer la souillure.
Alors que la croyance en Dieu et l’influence des religions dans la res publica sont globalement en recul dans les sociétés dites modernes, il pourrait sembler étrange de s’interroger aujourd’hui sur les rapports mutuels du corps et du sacré. Dans le contexte de sécularisation avancée des sociétés occidentales, on assiste en effet à un rétrécissement continu du champ religieux, ainsi qu’à une perte progressive mais régulière du pouvoir normatif des institutions religieuses sur le corps individuel comme sur le corps social dans son ensemble. Si donc par « sacré », on entend la puissance transcendante de la divinité et par « religion » l’administration même du sacré, le corps de l’homme contemporain peut-il encore faire l’objet d’un tel investissement ?
Si la religion tend effectivement à devenir une affaire de croyance à la fois personnelle et optionnelle, on constate cependant un attrait grandissant pour de nouvelles formes de spiritualités qui placent le corps et les sens au cœur de leurs expériences du sacré et qui, loin de faire disparaître le religieux, en déplacent simplement les frontières, et en transforment les manifestations.
Aussi, dans un contexte de globalisation qui conduit à des sociétés pluriculturelles où se côtoient mouvements de laïcisation et tentations intégristes, c’est en majeure partie sur le plan du corps que la question de l’identité religieuse se pose, tant au niveau individuel que collectif, politique que social, à travers des marqueurs identitaires notamment, des interdits alimentaires ou encore des représentations du divin. Ces interrogations convoquent aussi l’histoire qui nous rappelle combien dans les périodes de mutation, de concurrence ou bien de coexistence religieuse, le corps fut vecteur de différentiation et d’identité.
Enfin, la relation diachronique qui lie le corps au regard clinique ou politique semble être le lieu d’un possible surgissement du sacré. En effet, comme l’a montré Michel Foucault, le contrôle sur les individus ne s’effectue pas seulement par la conscience ou au moyen de l’idéologie, mais aussi dans le corps et avec le corps. Le pouvoir les traverse et les enclot dans des dispositifs discursifs et légaux qui produisent de la sacralité : tabous, cadavres d’animaux, restes des défunts, procréation médicalement assistée, etc.
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Les propositions de communication doivent être rédigées en français et ne pas excéder 2000 signes (espaces compris, sans notes de bas de page, ni bibliographie). Elles sont à adresser, avant le 10 décembre 2012, accompagnées d’un CV, à l’attention des organisateurs : Maryam Borghée, Lola Druilhe et Marc Lebranchu, à l’adresse suivante :
GSRL2013@live.fr