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Appel à contributions

La chambre d’enfant, un microcosme culturel

Avant le 30 novembre


Date de mise en ligne : [02-10-2012]



Mots-clés : enfance


Organisateurs : Musée national de l’Éducation/CNDP, Université Paris 13 (EXPERICE), Université de Poitiers (CEREGE), avec le soutien de l’ANR, programme de recherche « Les biens de l’enfant dans l’espace familial »

Présentation :

Le colloque « La chambre d’enfant, un microcosme culturel » vise à dresser l’état des connaissances sur la culture matérielle de l’enfant dans l’espace domestique et à stimuler les développements de la recherche suivant trois axes principaux. Ils ont été retenus pour mieux saisir la chambre d’enfant aussi bien dans son histoire que dans le monde contemporain, dans sa matérialité que dans ses représentations. Le premier axe envisagera la chambre d’enfant sous l’angle de l’architecture, comme un espace délimité réservé à l’enfant au sein de l’habitat et caractérisé par des spécificités autant techniques (forme, volume, etc.) que culturelles. Le deuxième axe s’attachera à la chambre comme lieu privilégié des biens de l’enfance. Il s’agira d’aborder les questions de consommation et de culture matérielle enfantines, ainsi que des modalités d’inscription de ces objets dans les chambres d’enfant. Enfin le dernier axe considérera la chambre comme un espace éducatif, dans lequel peuvent cohabiter perspectives scolaires et univers du divertissement, visées adultes et points de vue enfantins, et dont l’aménagement participe tour à tour d’une formation du goût, d’une éducation esthétique ou d’une éducation à la consommation.

Mots-clefs : chambre d’enfant, espace domestique, culture matérielle, culture enfantine, consommation enfantine, objets de l’enfance, représentation culturelle de l’enfance, éducation

Œuvre d’hygiène, « office de prudence », périmètre protégé des dangers de la maison et de la rue, « sanctuaire » féminin au XIXe siècle (Fonssagrives 1871), mais aussi « nid d’âmes » (Hugo 1859), instrument d’éducation aux valeurs sociales, morales et esthétiques (Renonciat 1989, 2005), la chambre d’enfant est aujourd’hui une réalité partagée par filles et garçons en Occident : espace de repos et de travail, terrain de jeux réels ou virtuels, « refuge de l’intimité » (Ranum 1986), fenêtre ouverte sur le monde, découvert ou rêvé, centre d’apprentissage de l’autonomie, forge de l’identité. Aujourd’hui, comme jadis, la chambre d’enfant apparaît comme une réalité complexe qui, bien que suscitant depuis un demi-siècle l’intérêt croissant de chercheurs issus de disciplines variées, demeure encore, surtout en France, un territoire peu exploré.

Les organisateurs du colloque sur « la chambre d’enfant, un microcosme culturel », souhaitent tout à la fois dresser l’état des connaissances sur le domaine et stimuler les développements de la recherche suivant trois axes principaux. Ils ont été retenus pour mieux saisir la chambre d’enfant aussi bien dans son histoire que dans le monde contemporain, à travers sa matérialité qu’au niveau des représentations qui contribuent à la constituer comme un espace matériel, social, esthétique et culturel.

1. Un espace dans la maison

Le premier axe envisagera la chambre d’enfant sous l’angle de l’architecture, comme un espace délimité réservé à l’enfant au sein de l’habitat, que caractérisent emplacement, forme, superficie, volume, orientation, communication : autant de spécificités qui, pour être techniques, n’en dépendent pas moins de critères et de représentations culturelles, notamment du statut de l’enfant dans la société (Perrinjaquet 1979, 1982). Divers spécialistes se sont intéressés à ce territoire privé en Grande-Bretagne (King-Hall 1958) et en Allemagne (Weber-Kellermann 1979, 1991), liant son apparition aux mutations de l’habitat des sociétés industrielles d’Europe du Nord (Robertson 1974, C. Hall 1987, Perrot 1987, Guerrand 1987, Eleb-Vidal et Debarre-Blanchard 1989). Mais les voies ouvertes par ces pionniers ont-elles été suivies : quelle place occupe la chambre d’enfant, comment est-elle conçue dans l’œuvre des grands architectes du XXe siècle, dans l’effort de reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, dans les ensembles des banlieues construits dans les années 1960 ? Quelles sont ses caractéristiques contemporaines ?

2. Un lieu privilégié pour les biens de l’enfant

Liée aux évolutions des mentalités et des modes de vie, l’émergence de la chambre d’enfant au XIXe siècle accompagne aussi l’avènement progressif de la consommation dans la société industrielle. Elle est tout à la fois encadrement de l’enfant casseur des biens de l’adulte, et structure d’accueil et de gestion de ses biens propres : mobilier, livres, images, jouets, vêtements. Les travaux d’histoire sur ces objets culturels de l’enfance sont aujourd’hui nombreux. Certains s’attachent à tout l’univers de la chambre d’enfant, en Grande-Bretagne (Miall 1980, White 1984), en Italie (Nogare et Finocchi 1982) et aux Etats-Unis (Calvert 1992), d’autres portent principalement sur les livres (trop abondants pour être cités) et sur les jouets, en France (Manson 2001) ou aux Etats-Unis (Cross 1999). L’histoire du mobilier et des objets fonctionnels de l’enfance est tout entière à écrire dans notre pays, appelant tout à la fois des monographies et des études globales susceptibles d’appréhender production et usages dans leurs dimensions historiques, sociales, et culturelles.
Aux États-Unis, la puissance de l’industrie culturelle a conduit les chercheurs à s’interroger sur les relations de l’enfant à ses objets dans une chambre conçue comme espace de consommation individualisée des produits qui lui sont proposés. Face au développement de la culture adolescente (James 2001, Baker 2004), la notion de « culture de la chambre » s’est développée (Brown, Dyckers, Steele and White 1994, 1995, Livingstone 2002), étendue en France à la pré-adolescence (Glevarec 2010). Elle implique l’étude de la façon dont les jeunes, dans un processus interactif d’élaboration de leur identité (Ang et Hermès 1991), travaillent et jouent avec une variété de symboles et d’artefacts culturels disponibles, « cultural tool kit » de la société globale (Swidler 1986). Sous cet angle, la chambre est désormais perçue comme un microcosme culturel, terrain de tension, de confrontation, de négociation, de compromis entre adultes et enfants, entre médias et individus. Il importe de regarder aujourd’hui ce qui se passe en France, et du côté des plus jeunes, pour étudier leur rapport à la culture matérielle, la façon dont celle-ci s’inscrit dans l’espace domestique, mais aussi pour saisir les différentes stratégies d’indépendance, d’autonomisation, ou a contrario de contrôle parental.
Pourront également trouver une place les travaux sur les biens de l’enfant, les différents objets qui lui sont destinés et qui ont le plus souvent vocation à être conservés et en partie utilisés dans la chambre : jouets, jeux, livres, papeterie, objets techniques, bonbons, vêtements, mobiliers, etc. Comment sont conçus, produits, distribués et consommés les biens de l’enfant, comment s’inscrivent-ils dans une culture populaire de masse qui permet une circulation des univers et des personnages à travers divers supports (Brougère 2003, 2008 ; De La Ville et Durup 2008) ? La mise en scène marchande pourra aussi être étudiée, non seulement en tant que manière de présenter l’offre aux enfants-consommateurs, mais aussi comme une « mise en image » de ces derniers intégrés au processus même de conception des produits.

3. Un univers éducatif

Dans le monde occidental, l’enfance bénéficie d’une pièce qui lui est dédiée, lieu privilégié de concentration dans la maison des objets de la culture matérielle enfantine, mais aussi espace de construction identitaire et d’apprentissage. La chambre est ainsi susceptible, sinon de servir une visée pédagogique, du moins de s’inscrire dans une dynamique éducative. Elle n’est pas étrangère aux objets typiques de l’école ou de la transmission des savoirs : matériel scolaire (cartable, trousse, cahiers, etc.), mobilier (bureau, bibliothèque), cahiers de vacances, jeux et loisirs éducatifs… quand bien même ces objets croisent les univers de la culture de masse via une trousse Dora l’exploratrice ou un cartable Pokémon. La chambre apparaît alors comme un espace de rencontre, d’opposition ou d’intégration entre le divertissement enfantin et les prescriptions scolaires, mais aussi entre les volontés des enfants et les attentes parentales.
À cet égard, le décor de la chambre d’enfant s’avère un domaine pertinent de recherche, où se confrontent goûts et valeurs esthétiques des adultes et préférences supposées ou réelles des enfants. Dès la fin du XIXe siècle, la conscience des effets de l’environnement matériel et visuel de l’enfant sur son développement psychique et intellectuel a conduit des éducateurs, parents et pédagogues, et des créateurs à se soucier de la qualité esthétique de son cadre de vie, sans renoncer pour autant à exploiter les ressources pédagogiques d’une chambre parfois conçue comme un livre aux pages géantes (Renonciat 2006). Images, papiers peints, tissus, mobilier ont vu le jour, passant rapidement d’une création artisanale dotée d’ambitions artistiques à une production industrielle qui s’avère aujourd’hui pléthorique. Ce terrain de recherche, à la croisée de l’art et de la pédagogie, de l’art et de l’industrie, ouvre de vastes perspectives, exigeant toutefois, dans un premier temps, le repérage patient d’une production en partie disparue, victime des mauvais traitements de ses destinataires ou de son défaut de légitimité, artistique et culturelle.
Qu’en est-il aujourd’hui de la relation entre la chambre, les objets que l’on y trouve et l’éducation de l’enfant ? Certains objets sont-ils conçus, pensés, utilisés comme des moyens pour l’éducation esthétique ? On pourra ainsi s’intéresser au rôle du design des produits de l’enfant comme support d’une formation du goût. La question de l’éducation à la consommation est également une des dimensions de cette rencontre entre la chambre, les biens de l’enfant issus des univers marchands et non-marchands et la visée éducative des adultes. Théâtre d’une activité spécifique, la chambre est tant le produit que le producteur de médiations sociales et sémiotiques qui rendent possible la participation de l’enfant à de multiples activités de consommation (De La Ville et Tartas 2011). C’est à travers l’usage des outils culturels qu’on lui transmet que l’enfant va apprendre à donner du sens à ses propres pratiques de consommation et les faire évoluer.

Conditions de soumission

Les propositions de contribution s’inscriront dans l’une de ces trois dimensions, architecturale, matérielle et éducative de la chambre d’enfant ou, à défaut, justifieront leur écart. Mais on pourra aborder ces questions sous plusieurs angles transversaux : représentations de la chambre d’enfant (dans la littérature, le cinéma, les arts, etc.), dimensions historiques, anthropologiques, sociologiques, psychologiques, question du genre, etc.
Les propositions, en français ou en anglais, devront parvenir à l’adresse suivante : annie.renonciat@cndp.fr
avant le 1er décembre 2012

Frais d’inscription : 130€ (comprennent pauses café, trois déjeuners et un dîner)

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