PU de Rennes, 374 p., 20 euros. ISBN 978-2-7535-1737-0
Si le devenir homme et le devenir femme font intemporellement question, le xixe siècle, entre autres parce qu’il a vu la famille moderne se déployer, constitue un moment charnière d’interrogation. En analysant l’intimité, mais aussi la vie de couple et la sexualité des anonymes comme des célébrités, cet ouvrage montre comment, dès l’enfance, ce destin est à la fois programmé, mais aussi mis en déroute par les stratégies individuelles.
La littérature en témoigne, avec ses héros androgynes et mélancoliques qui sont relayés dans la réalité par celles et ceux, nombreux, qui décident notamment de se donner la mort de concert dans les années 1840. Le mariage d’amour empêché par une logique matrimoniale qui ignore les sentiments, l’homosexualité inavouable, les frustrations sexuelles sont à l’origine de ces passages à l’acte. Mais le malaise propre au xixe siècle ne s’arrête pas là. Musset, dans La Confession d’un enfant du siècle, met à jour les spécificités du mal qui affecte la masculinité : privée de gloire guerrière, une génération émasculée voit le jour et traîne son désarroi.
C’est à partir de la littérature, des écrits intimes, des ouvrages pédagogiques et moraux de l’époque mais aussi des archives judiciaires que ce livre traque ce qui vacille chez les individus, et les fait douter de leur capacité à incarner l’homme et la femme.
Deborah Gutermann-Jacquet est née en 1977, docteur en histoire, elle publie ici son premier livre.