PUR, 346 p., 18 euros. ISBN : 978-2-7535-1124-8
De la Première Guerre mondiale aux indépendances des pays d’Afrique occidentale française (AOF), elles ne furent pas plus de mille à obtenir leur diplôme de sage-femme, d’infirmière-visiteuse ou d’institutrice. Une poignée d’entre elles vit encore aujourd’hui au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Mali, au Niger, au Sénégal ou au Togo. À partir d’archives inédites et de près de cent témoignages recueillis auprès de ces femmes dans cinq pays différents, ce livre raconte leur histoire, inconnue jusqu’ici.
Formées au sein de l’École de médecine et de l’École normale de jeunes filles de l’AOF, ces premières diplômées africaines ont occupé une place tout à fait singulière dans leurs sociétés respectives. Quelles furent leurs origines sociales, familiales et géographiques ? Dans quelles conditions ont-elles été scolarisées ? De quelle façon ont-elles exercé leur métier et réinvesti leur capital scolaire dans le champ social, voire politique ? Quelles ont été les conséquences de leur professionnalisation dans leur vie personnelle ? Telles sont les questions auxquelles répond cet ouvrage.
À travers l’étude de la composition et de la constitution de ce groupe, par l’analyse de la place de ces figures de « l’entre-deux » dans des sociétés en pleine mutation, il aborde sous un angle renouvelé la politique coloniale française. Instruites et salariées, agents auxiliaires de l’action éducative et sanitaire, ces premières diplômées ont incarné de « nouvelles » femmes africaines, susceptibles de fonder avec leurs homologues masculins des « ménages d’évolués ». Centré sur la période coloniale, l’ouvrage prolonge au-delà des indépendances l’analyse des transformations induites par la professionnalisation de ces femmes.
Au croisement de l’histoire des femmes, de l’Afrique et de la colonisation, ce livre contribue à montrer la complexité des rapports de domination en contexte colonial, qui ne peuvent se comprendre que par la confrontation des discours et des politiques de la métropole avec la réalité des expériences vécues".
Pascale Barthélémy est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’École normale supérieure de Lyon, membre de l’équipe « Genre et sociétés » du Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (UMR 5190) et de l’Institut universitaire de France.