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Conférence avec Katherine Roussos

Réinventer le réel : au delà de la « colonisation » masculine

5 mail 2008


Date de mise en ligne : [02-05-2008]




Conférence-échange-signature avec Katherine Roussos, autrice de Décoloniser l’imaginaire (L’Harmattan, « Bibliothèque du féminisme » 2007), docteur en Lettres modernes et fondatrice d’Équinox, entreprise textile travaillant avec les femmes en Inde.
Discutante : Natacha Chetcuti.

Le 5 mai à 19h chez L’Harmattan (21 bis, rue des Écoles, 75005 Paris)

Présentation :

L’égalité des droits est nécessaire, mais insuffisante. Le renversement du modèle masculin comme norme universelle nécessite de déraciner son emprise sur la pensée. L’action politique, orientée vers l’extérieur, réussit durablement lorsqu’elle s’accompagne d’un travail à l’intérieur, de déconstruction et de reconstruction. La littérature permet à la romancière comme aux lectrices d’explorer des aspects de soi refoulés par la langue et le discours normatifs, bâtis sur l’effacement des femmes. Le genre littéraire du réalisme magique ouvre la voie à de nouvelles possibilités d’existence. Puisque le réel est colonisé par le masculin, les femmes ont développé d’autres pouvoirs. Loin de s’arrêter au stéréotype de la « femme magique », les romancières réalistes magiques appellent à des visions du monde qui réinventent le pouvoir, la société, la notion même du réel. L’aspect subversif du réalisme magique chez les auteurs décolonisés a fait l’objet de nombreuses études. Puisque la domination masculine est transversale, constituant le modèle pour toute autre forme de domination, il n’est pas surprenant que les romancières excellent dans le réalisme magique, quelle que soit leur origine. Qu’elles se définissent ou non comme féministes, le processus lui-même « magique » de l’écriture chemine à la rencontre d’héroïnes méconnues, de réalités impossibles à dire à l’intérieur de la rationalité masculine, et des envies d’avenir inabordables selon les paramètres reconnus du discours. Décoloniser l’imaginaire est la première étude qui comble la lacune, analysant le réalisme magique comme outil féministe. Les mécanismes de la domination contaminent l’imaginaire de chaque individu. Loin de se réduire à une littérature d’évasion, le réalisme magique donne voix aux réalités émotionnelles, revisite les mythes et les cultures locales, fait revivre les sorcières guérisseuses. Le réalisme magique retrace ainsi une autre histoire, dans la subversion par l’imaginaire des certitudes apprises, pour se diriger vers des possibilités insolites.

Renseignements : kgroussos@gmail.com

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