Pour le numéro 3-2012 de la Revue Française des affaires sociales
Présentation :
Les questions relatives au genre et aux inégalités entre les sexes sont aujourd’hui plus que jamais d’actualité. En effet, l’approche du « gender mainstreaming » promue par les instances européennes , les multiples actes communautaires adoptés par le Conseil européen, les revendications et les pressions exercées par diverses associations liées au mouvement féministe ou syndical, et la persistance des discriminations ont abouti à inscrire sur l’agenda des politiques sociales la lutte contre les inégalités entre les hommes et les femmes.
C’est pourquoi la RFAS souhaite consacrer un dossier à ce thème, dans lequel les contributions mettraient l’accent sur les réformes adoptées depuis une dizaine d’années, en France comme dans d’autres pays de l’Union européenne. Il s’agira notamment de questionner et d’analyser l’évolution des systèmes de protection sociale à travers le prisme du genre, comme construction sociale des rapports entre les sexes, et de s’interroger sur l’influence qu’ont pu exercer les problématiques liées au genre sur le contenu de ces réformes.
Par exemple, le travail de nuit, les congés parentaux, les changements introduits dans les systèmes de retraite ont provoqué de nombreux débats et controverses quant à leurs effets en termes de discriminations indirectes. Les avantages familiaux – dont les femmes bénéficient en priorité – ont été remis en cause : pour les uns, expression de la reconnaissance du travail non rémunéré (‘unpaid work‘ pour reprendre le concept utilisé dans de nombreux travaux anglophones) effectué par les femmes au sein de l’institution familiale, il serait injuste socialement de les supprimer ; pour d’autres, ils ne seraient pas conformes au principe de neutralité et de non discrimination en vigueur dans les systèmes de protection sociale, comme en témoignent les décisions multiples de la Cour de justice de l’Union européenne en la matière.
La question des soins aux personnes dépendantes (le « care ») a aussi ravivé les débats sur les moyens de remédier à l’asymétrie entre les sexes quant aux modalités de prise en charge de ces personnes.
La protection sociale a pourtant servi de support et de levier en faveur de l’émancipation économique des femmes. « Protégées », au risque d’être marginalisées ou discriminées sur le marché du travail, les femmes ont toutefois subi – directement ou indirectement - les conséquences des ambiguïtés inhérentes à leur statut (potentiel ou effectif) de mère et de traditionnelles pourvoyeuses de soins aux personnes dépendantes.
En examinant ces questions à travers le prisme des rapports sociaux de sexe, on pourrait ainsi identifier les éventuels effets pervers ou positifs des récents dispositifs ou des mesures cherchant à promouvoir une répartition plus égalitaire des tâches domestiques et éducatives au sein des familles tout en facilitant l’intégration des femmes sur le marché du travail.
Il nous semble donc justifié de revisiter les questions liées aux relations entre le genre et la protection sociale en mettant l’accent sur l’impact des réformes récentes, afin d’identifier quelques uns des obstacles qui se dressent encore sur la route qui pourrait mener à un nouveau « contrat social » entre les sexes.
Des informations complémentaires sur le contenu de cet appel à contributions peuvent être obtenues auprès de Jeanne Fagnani, co-rédactrice en chef de la RFAS ou de Florence Thibault, membre du comité de lecture, qui ont en charge la préparation du numéro, aux adresses suivantes : fagnani@univ-paris1.fr et florence.thibault@cnaf.fr
Les auteurs souhaitant proposer à la revue un article sur cette question devront l’adresser, accompagné d’un résumé et d’une présentation de l’auteur (cf " consignes aux auteurs") à Françoise Leclerc, secrétaire générale de la RFAS :
rfas-drees@sante.gouv.fr avant le 30 mars 2012