Editions de l’Académie Royale de Belgique, 288 p., 12 euros. ISBN : 978-2-8031-0342-3
Alors que l’histoire des femmes est relativement bien implantée en Belgique, il n’existe encore aucune étude qui envisage l’ensemble des mouvements féministes dans leur rapport à la société civile et politique. L’époque choisie s’étend de 1918 à 1968. En effet des pans entiers de l’activité féministe de l’entre-deux-guerres aux années 1960 demeurent largement méconnus.
Le contexte a ici toute son importance : le féminisme d’entre-deux-guerres est en effet confronté à la mise en place de nouveaux processus d’intervention de l’État et aux conséquences des politiques natalistes menées par tous les gouvernements. Or ces tendances sont en totale contradiction avec l’implication des femmes dans l’espace public, avec leur accès à de nouvelles filières professionnelles, avec leur arrivée plus nombreuse dans l’enseignement secondaire et même supérieur. Longtemps, on a cru qu’en signalant l’accès des femmes au suffrage en 1948, on avait tout dit ; pour beaucoup, ces années seraient caractérisées par un mouvement féministe en léthargie, alors qu’en réalité il engrange des succès et mène des combats fondamentaux.
L’ouvrage privilégie une approche thématique des revendications féministes et offre un focus sur les avancés dans la sphère publique (pour l’essentiel la question du droit à la citoyenneté économique et politique). À terme les éléments dégagés éclairent les processus de construction des citoyennetés civile, politique et sociale des femmes. Notre étude si elle se situe sur le plan national, envisage conjointement l’impact de l’international sur l’évolution du féminisme belge.
Au terme, l’ouvrage permet de mieux comprendre le processus d’inclusion des femmes dans la société belge et éclaire sur les mécanismes de démocratisation de celle-ci par l’intégration de ses citoyennes.