Séminaire organisé par Monique David-Ménard
Les jeudis 04.02, 11.02, 18.02, 08.04 et 15.04 de 12h à 14h
Salle 238A – Bâtiment Condorcet - 4, rue Elsa Morante – 75013 Paris
Organisé dans le cadre du Centre d’études du vivant ce séminaire s’adresse aussi aux étudiants du Master Recherche et de l’Ecole doctorale « Recherches en psychanalyse ».
Présentation :
Désir ou plaisir ? La controverse entre Gilles Deleuze et Michel Foucault dans leur critique de la psychanalyse
Gilles Deleuze et Michel Foucault renouvellent l’art de poser des problèmes philosophiques sur le mode d’un voisinage paradoxal : critique constante du sujet cartésien ou phénoménologique, pas de côté par rapport à l’insistance sur le sens dans la pensée et par rapport à la structure dans l’abord du langage, mise en valeur de singularités impersonnelles comme caractère du réel, critique de la notion de négativité - qu’elle soit comprise dans la dialectique hégélienne ou dans l’idée lacanienne du manque à être constituant le désir - au profit des « positivités » ; réévaluation de cette organisation du temps qu’on appelle l’Histoire au profit des devenirs chez Deleuze et des ruptures transversales qui traversent les institutions, les savoirs et les pouvoirs chez Foucault ; nouvelle pensée des relations - liaisons disjonctives et rhizomes pour l’un, espaces de dispersion des énoncés pour l’autre -, lecture décisive de Nietzsche pour les deux et compagnonnage critique avec Kant etc…on n’en finirait pas de citer des thèmes qui balisent leur proximité. Pourtant ils font de la philosophie de deux façons peut-être incompatibles et en tout cas exclusives : Foucault évite avec génie toute thèse métaphysique alors que Deleuze produit une métaphysique neuve.
De cette proximité exclusive témoignent au mieux deux termes : agencements des désirs, des concepts et des créations chez Deleuze, dispositifs des savoirs et des pouvoirs chez Foucault. Ces termes indiquent l’un comme l’autre la distance prise par Deleuze et Foucault, par rapport aux oppositions de base de la philosophie : sujet et objet, sensible et intelligible, connaître et agir etc…et aussi les principes de leur critique de la psychanalyse. Pourtant, ils sont tout sauf équivalents, car les agencements dans leurs devenirs ont une affinité avec l’infini alors que les positivités que Foucault nomme dispositifs sont délimités, précis et ne communiquent aucunement les uns avec les autres. Cette différence devient une divergence lorsqu’ils opposèrent deux critiques de la psychanalyse : faut-il garder le terme de désir (Deleuze et Guattari) ou celui de plaisir (Foucault ?). Le séminaire fera le point sur la portée, politique et philosophique de cette controverse.