Journée d’étude organisée par la revue Nouvelles Questions Féministes et l’Institut national d’études démographiques
16 octobre
Lieu : INED, 133 bd Davout 75020 Paris, salle Alfred Sauvy
Metro : Porte de Montreuil ou Porte de Bagnolet
Horaires : 14h – 17h
Présentation :
La revue Nouvelles Questions Féministes a lancé un appel à contribution en octobre 2008 les logiques sociales qui construisent aujourd’hui le rapport des femmes à la sexualité. Les 4 contributions retenues seront présentées lors de cette journée.
Autour de la notion de libération sexuelle, les femmes ont revendiqué le droit à refuser le mariage, à maîtriser leur fécondité et à vivre leur sexualité hors des carcans hétéronormatifs. La dissociation de la sexualité et de la reproduction favorisée par la diffusion de la contraception hormonale dans les années 70 a été un puissant levier de leur émancipation. Pour autant la sphère de la sexualité reste toujours fortement liée aux enjeux reproductifs.
L’avènement de l’épidémie d’infection au VIH/sida au début des années 80 a impulsé un retour symbolique et matériel de la place du risque dans l’expérience de la sexualité. Cet événement sanitaire majeur a participé à la construction de nouveaux discours sur la sexualité. La notion de sexualité-plaisir s’est trouvée concurrencée par une importante perspective de prévention de la transmission du virus, parfois accompagnée d’un retour à une morale sexuelle qui promeut la virginité au mariage et la fidélité.
Dans un contexte de banalisation de l’épidémie dans les pays les plus riches, d’autres autres types de discours sur la sexualité émergent. Celle-ci est appréhendée sous l’angle de la santé et du bien-être, et le discours social est même porteur d’injonctions à une vie sexuelle épanouie.
Les femmes sont comme les hommes soumises à cette injonction au plaisir, mais celle-ci semble toujours cadrée par des attentes masculines. Quel est le sens de cette injonction pour les femmes ? Comment se matérialise-t-elle et constitue-t-elle une forme cachée de contrôle de la sexualité des femmes ?
Dans ces approches contemporaines de la sexualité se réinvestissent les rapports de genre alors même que l’on aurait pu s’attendre à ce qu’un droit à une sexualité épanouie, de surcroît conçue comme relevant d’un état de bonne santé, se serait décliné de manière identique pour les femmes et les hommes. Or la naturalisation des différences entre femmes et hommes persiste. Le clivage entre une sexualité masculine pensée sur un registre pulsionnel et une sexualité féminine, perçue comme plus affective, s’est peu atténué au cours de ces dernières décennies.
A toutes les étapes de la vie sexuelle, le rapport au plaisir s’inscrit dans les rapports de domination, tels que les rapports sociaux de sexe, de classe, de « race », d’âge… qui exercent des effets symboliques et matériels et conditionnent la manière dont les personnes vivent leur sexualité. Quelles formes prennent-ils dans les nouveaux espaces de discussion sur la sexualité (par exemple Internet), dans la production culturelle ? Qu’est-ce qui est montré versus caché de la sexualité, du plaisir, notamment de celui des femmes ? Quels sont les enjeux de la sexualité-plaisir aux différents âges, tels qu’ils apparaissent par exemple dans l’éducation sexuelle, dans le conseil conjugal ou dans la prise en charge des « dysfonctions sexuelles » ?
Pour explorer cette question de la construction sociale du plaisir féminin, dans un contexte patriarcal, quatre textes seront présentés et discutés. Camille Delon traitera de la sexualité des femmes handicapées, Michela Villani de celle des femmes excisées, Hélène Huet de la représentation du plaisir féminin dans le film Gabrielle et Annie Ferrand des déterminants sociaux du plaisir et du désir.
Programme :
. Introduction : La construction sociale du plaisir féminin
Christelle Hamel (sociologue, Ined) Armelle Andro (démographe, Université Paris 1) Nathalie Bajos (socio-démographe, Inserm)
. Les femmes handicapées ont-elles une sexualité ?
Camille Delon, Centre d’Études Féminines et Études de Genre, Université Paris 8
Discutante : Marianne Blidon, sociologue, Université Paris1
. Réparation du clitoris et reconstruction de la sexualité chez les femmes excisées : entre nouvelles contraintes et nouveaux plaisir
Michela Villani, Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux sociaux, EHESS
Discutante : Armelle Andro, démographe, Université Paris 1
. Gabrielle, entre désir et contraintes sociales : Cinématographie de la sexualité féminine à la Belle Epoque.
Hélène Huet, Department of French and Francophone Studies, Pennsylvania State University
Discutant : Michel Bozon, sociologue, INED
. Désirer sous occupation, de quelques déterminants sociaux du désir et du plaisir
Annie Ferrand, sciences de l’éducation, université Paris 10
Discutante : Michèle Ferrand, sociologue, CNRS
Inscription et infos :
Séverine Fanon : severine.fanon@ined.fr
Tél. 01 56 06 20 89