Colloque de l’Institut Emilie du Châtelet, en partenariat avec l’Inserm
8-9 juin 2015
Université Paris Diderot, amphi Buffon et amphi Turing
Présentation :
Comparées aux autres domaines de la vie sociale, sphères politique, professionnelle et familiale, les inégalités en matière de santé frappent d’emblée par un trait particulier : les femmes semblent avoir une position plus favorable, leur espérance de vie étant plus élevée que celle des hommes. Toutefois, si elles vivent plus longtemps que les hommes, elles passent aussi plus d’années qu’eux en mauvaise santé et présentent des taux de morbidité bien différents de ceux des hommes, aux différents âges et pour nombre de pathologies. L’histoire de leurs corps peut être marquée par leur appartenance de sexe (maladies liées à la grossesse et à l’accouchement, cancer des organes reproductifs) mais aussi par leur appartenance de genre (effets des métiers « féminins », stress liés aux cumuls des tâches familiales et professionnelles, violences physiques et psychiques, etc.). L’histoire des corps masculins renvoie aussi aux poids de la biologie (cancers des organes sexuels masculins) et des rapports de genre (effets des métiers « masculins », alcoolisme, tabagisme etc.).
Si les différences selon le sexe sont bien établies dans les enquêtes de santé publique, force est de constater que les recherches se donnant pour objet de comprendre de tels écarts dans une perspective de genre restent encore rares, notamment en France. Une pensée naturalisante des stéréotypes de genre, encore prégnante même dans les revues scientifiques prestigieuses, tend à réifier l’idée d’une constitution féminine différente d’une constitution masculine. De fait, les disparités de santé entre les sexes sont encore bien souvent interprétées à l’aune des constitutions physiques des femmes et des hommes sans s’interroger sur le poids des représentations du masculin et du féminin et des pratiques sociales genrées, et sur l’articulation entre différentes formes d’inégalités et de relations de pouvoir.
Ce colloque pluridisciplinaire se donne ainsi pour objectif de comprendre comment les rôles sociaux liés au genre tendent à orienter la façon dont les femmes et les hommes sont (i) exposé.e.s différemment à des problèmes de santé, (ii) comment elles et ils se représentent les affections qui les touchent et (iii) ont ou non recours au système de soins, (iv) et comment les réponses des professionnels de santé se construisent différemment selon le sexe de leurs patients.
On analysera en particulier la façon dont le genre participe à construire les troubles de la vie psychique, les représentations des maladies comme le cancer et les affections cardio-vasculaires, les questions de santé sexuelle et reproductive, dans des contextes sociaux, professionnels et de soins eux-mêmes genrés.
Conférencières invitées :
Sara Arber (University of Surrey), Rebecca Jordan-Young (Columbia University), Donna Mergler (UQAM), Rayna Rapp (New York University) et Kristen Springer (Rutgers University).
Infos :
http://www.institutemilieduchatelet.org/colloque-detail?id=245