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Le(s) genre(s). Définitions, modèles, épistémologie

Avant le 15 mai - Lyon ENS


Date de mise en ligne : [03-03-2015]



Mots-clés : théorie


Colloque de clôture du Laboratoire Junior de l’ENS de Lyon GenERe

ENS
17 et 18 décembre 2015, Lyon

Argumentaire :

Né en 2014 de la collaboration d’une trentaine d’étudiant∙e∙s de master et de doctorat inscrit∙e∙s dans des disciplines variées des Sciences Humaines et Sociales et des Sciences Expérimentales, le laboratoire junior GenERe (Genre : Epistémologie & Recherche) prendra fin en 2015. Pendant deux ans, cette structure nous a permis d’organiser des journées d’étude sur des thèmes variés (« Genre et Bande Dessinée », « Genre et politiques publiques », « Que faire de la “théorie du genre” ? »…), des rencontres avec des militant∙e∙s et personnalités comme Pinar Selek ou Jeffrey Weeks, et un premier colloque en décembre 2014 sur les liens entre « Genre et sexualités ». Pour notre deuxième et dernier colloque, prévu pour décembre 2015, nous avons décidé de revenir aux motivations originelles de ce projet collaboratif et pluridisciplinaire, en proposant deux jours de réflexions sur des questions épistémologiques.
Cet appel à communication vise les chercheur∙e∙s de toutes disciplines, jeunes ou établi∙e∙s. Il est structuré à partir de 8 axes principaux par lesquels nous proposons d’interroger les implications épistémologiques des recherches sur le genre.

I- De quoi parle-t-on ?

Poser la question de l’épistémologie du genre, c’est inévitablement poser celle de sa (ses) définition(s). Or, si le terme s’est aujourd’hui institutionnalisé, notamment dans le champ académique, son usage n’est pas toujours interrogé et relève encore souvent de l’évidence. Concept, outil d’analyse, « lunettes » (Clair, 2012) ou encore objet de recherche, ses désignations sont multiples et correspondent à des réalités différentes, selon les dénominations, les positions théoriques, les choix méthodologiques ou encore les disciplines. La question qui se pose est donc la suivante : de quoi parle-t-on lorsqu’on parle de genre ?
Si un certain consensus semble exister dans le champ académique autour d’une approche relationnelle et hiérarchique du genre (Bereni et al., 2012), cette acception reste très large et laisse de nombreuses zones d’ombre. La première étant celle de la nature du genre (quel est le lien entre sexe et genre ? Faut-il utiliser le singulier ou le pluriel ? Le terme relève-t-il d’un positionnement ou d’un engagement politique ?), qui n’est pas sans lien avec la pluralité des paradigmes féministes ayant participé de l’émergence et de la diffusion du terme (féminismes matérialiste, libéral, queer, etc.). La seconde est celle de son opérationnalité et de ses effets. Suffit-il, par exemple, de parler d’inégalités (entre hommes et femmes, entre homosexuel∙le∙s et hétérosexuel∙le∙s) pour parler de genre ? Ne faut-il pas également travailler à brouiller et dépasser les catégories de genre pour rompre avec une pensée binaire constitutive du système patriarcal (Butler, 1990) ?
Axe 1 : Le genre, les genres ?
Axe 2 : Le genre, objet ou outil ?

II- Qui parle et d’où ?

Les études de genre ne permettent pas seulement un enrichissement considérable des connaissances dans des domaines jusque-là négligés par les savoirs institués, ainsi qu’une déstabilisation de ces savoirs et des catégories d’analyse qui leur sont associées. Elles constituent également un apport épistémologique majeur quant à la construction des savoirs scientifiques et à leur dimension politique, dans la lignée ouverte par l’épistémologie critique féministe. Les Feminist Science Studies ont permis de questionner la place des femmes dans les sciences et ont adopté l’angle du genre pour interroger les contenus scientifiques (Puig de la Bellacasa, 2013). En pensant à partir de l’expérience des femmes et des groupes minorisés en général (dont la marginalisation n’est pas liée à une minorité numéraire mais à une position défavorable dans les rapports de domination) les féministes du standpoint (du « point de vue ») font émerger la connaissance liée à ces positions sociales et à l’expérience de la domination. Cette démarche contribue à politiser la science en mettant à jour les processus de pouvoir qui sous-tendent la construction des savoirs dits « scientifiques ». On peut alors se demander, par exemple, dans quelle mesure l’épistémologie du genre s’inscrit dans ce projet d’épistémologie féministe, et quels usages politiques et scientifiques sont faits des notions de point de vue, de situation et de connaissance située dans le champ des études de genre.
Axe 4 - Épistémologies féministes, épistémologies du genre
Axe 5 - Épistémologies du point de vue : savoirs, recherche et engagement, militantisme
Axe 8 - Épistémologies de l’intersectionnalité

III- Peut-on en parler ensemble ?

La structuration en champ d’études des recherches sur le genre a plusieurs conséquences problématiques. On note en effet, en vue de renforcer l’assise universitaire du champ, une tendance au consensus et à l’effacement de certains débats de fond entre théoricien∙ne∙s, pourtant issu∙e∙s de disciplines variées et offrant différents points de vue sur les phénomènes socio-culturels questionnés. La promesse pluridisciplinaire de ce champ ne semble toutefois en rien garantir la transdisciplinarité du concept même de genre : est-il le même parmi les disciplines des sciences humaines et sociales ? Et qu’en est-il du rapport de celles-ci avec les sciences exactes et expérimentales ? À différentes disciplines, différentes méthodologies, approches et définitions. Les études de genre constitueraient donc à la fois un modèle neuf pour la recherche et l’enseignement (permettant notamment l’émergence de nouveaux champs de recherche : queer studies, porn studies, trans studies), et un lieu problématique de rupture avec (et entre) les disciplines d’origine. Avec l’entrée dans le monde académique des recherches sur le genre, héritées entre autres de réflexions militantes, naît ainsi une tension persistante entre une nécessité de légitimation et la volonté de conserver une distance (critique) vis-à-vis d’une institution qui s’appuie sur des structures et valeurs contre lesquelles les études de genre se sont d’abord inscrites.
Axe 3 – La question des studies : des gender studies sont-elles pertinentes ? Disciplinarité, logiques institutionnelles.
Axe 6 – Le genre est-il devenu mainstream ? Faut-il se réjouir de l’institutionnalisation du genre ?
Axe 7 – Le genre est-il forcément pluridisciplinaire ?

IV- Ne pas penser le genre seul

Penser le genre comme concept, c’est donc questionner son autonomie à plusieurs niveaux. En effet, le genre fait jouer les dissensions ainsi que les points de jonction entre les disciplines. Cependant, penser l’épistémologie du genre, c’est aussi l’interroger comme ligne de partage social, et interroger, dans le même mouvement, son lien avec d’autres lignes, de partage, d’interférence, de rupture. Cela implique de penser leurs intersections et les rapports de pouvoir et de domination qui en découlent. Les études de genre questionnent ainsi le découpage et les points de rencontre entre sexe, genre et sexualité, mais aussi les divisions fondées sur la classe, la « race », l’âge, le handicap, etc. Si l’on conçoit le genre comme créant de la division, de l’opposition, de l’incompatibilité, alors il faut aussi s’interroger sur les conséquences politiques de cette fracture et sur les stratégies consistant à la replacer parmi d’autres.
Axe 7 – Le genre est-il forcément plurisciplinaire ?
Axe 8 – Épistémologies de l’intersectionnalité

Modalités :

Le colloque pluridisciplinaire organisé par le laboratoire junior GenERe se tiendra les jeudi 17 et vendredi 18 décembre 2015 à l’ENS de Lyon.
Confériencier∙e∙s invité∙e∙s : Éric Fassin (sociologie, Paris 8), Claude Gautier (philosophie, ENS de Lyon), Marie-Anne Paveau (sciences du langage, Paris 13), Christine Planté (littérature, Lyon 2) et Michèle Zancarini-Fournel (histoire, Lyon 1).
Les contributions pourront prendre la forme d’une communication (individuelle ou collaborative) ou d’un atelier. Les propositions sont attendues sous forme électronique (en format .doc) avant le 15 mai 2015 à l’adresse labogenere@gmail.com.
Elles devront comporter les informations suivantes :
Nom, prénom, adresse électronique, discipline et institution de rattachement de chaque auteur.e
Pour une communication : titre de la communication, axe(s) dans le(s)quel(s) elle s’inscrit, mots-clés (5 maximum), résumé de 3000 signes maximum (références incluses)
Pour un atelier : titre de l’atelier et résumé de la problématique générale de celui-ci (1500 signes maximum) ; pour les trois ou quatre (maximum) participant∙e∙s : titre de la communication, axe(s) dans le(s)quel(s) elle s’inscrit, mots-clés (5 maximum), résumé de 3000 signes maximum (références incluses)

Calendrier :

Date limite de soumission : 15 mai 2015
Avis aux auteur∙e∙s : 30 juin 2015
Avant le 15 novembre : envoi d’un résumé détaillé de la communication aux président∙e∙s d’atelier (10 000 à 15 000 signes)

http://labogenere.fr/2015/02/colloque-genere-appel-a-communication/

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