Journée commune avec le séminaire « Genre, féminismes et mobilisations collectives » de l’EHESS et avec le séminaire « Presse magazine, source et objet d’histoire » du Laboratoire Communication et Politique (LCP).
Vendredi 19 décembre 2014
Institut Pratique du Journalisme de Paris Dauphine, 24 rue Saint Georges, 75009 Paris
Programme :
. 10h-12h : « Journalisme et féminisme »
Salle : Amphithéâtre de l’IPJ
> Bibia Pavard (Université Panthéon Assas, IFP, Histoire) et Claire Blandin (Université Paris Est Créteil, CRHEC, Histoire)
Des relais du féminisme dans la presse féminine ? Le cas des journalistes de Elle et Marie Claire dans les années 1968.
> Sandrine Lévêque (Université Paris 1, CESSP, Science politique)
Un projet journalistique au service d’une cause. Le féminisme de F. Magazine.
. 14h30-16h30 : « Médias, violence et normes de genre »
Salle : IPJ, Salle de réunion du laboratoire LCP
> Isabelle Garcin-Marrou (Pr. à Sciences Po Lyon, Directrice du Laboratoire ELICO)
Normes de Genre et récits médiatiques : les violences des femmes.
Résumé :
Le traitement médiatique du crime et du procès des sœurs Christine et Léa Papin renvoie a priori à ce que décrit Arlette Farge dans la fabrique de la figure de la femme criminelle : « la construction de figures stéréotypées et souvent monstrueuses déforme, caricature et amplifie de façon plus que négative les visages des femmes très déviantes » (Farge, 2010). Pourtant, dans l’affaire Papin, la construction de figures monstrueuses n’épuise pas le sens du crime. Les deux sœurs ont basculé, de façon aussi violente que brusque, d’une vie ordinaire de domestique au service d’une famille bourgeoise à un acte de sauvagerie qui provoque même les frissons des deux agents de police, messieurs Vérité et Ragot, qui ont effectué les premières constatations et mesuré, avant tout le monde, la sauvagerie du crime. Comment les médias peuvent-ils raconter pareil basculement, pareille mise en question des valeurs et des normes ? Le temps du procès des sœurs Papin est un moment propice à l’observation de la reconstruction symbolique à laquelle se livrent les médias confrontés à la violence des femmes. L’analyse des discours de presse consacrés au procès permet de comprendre comment se nouent, au cours de ces processus cathartiques, l’identification des causes de la violence et la réaffirmation publique, par l’institution judiciaire, des valeurs sociopolitiques au nombre desquelles les normes de Genre et de classe. C’est l’analyse de cette catharsis symbolique, tendue entre classe et Genre, que nous proposons d’analyser, à partir d’un corpus de presse constitué des articles parus de la veille jusqu’au lendemain du procès. Et comme dans le procès de Véronique Courjault, auteure d’un triple infanticide, dont nous solliciterons les cas come point de comparaison contemporaine, nous envisagerons le fonctionnement des discours médiatiques comme technologie de réaffirmation des rapports de domination, de Genre et/ou de classe.