Iris Ursula Moundaka a soutenu sa thèse de sociologie intitulée "Obstacles à l’accès aux soins d’urgences suite aux complications des avortements non sécurisés dans la province du Moyen Ogooué au Gabon : aspects juridique, socioculturel et médical", Université Paris 8, sous la direction de Gail Pheterson, le 9 décembre 2014.
Jury :
Anne-Marie Devreux, sociologue, Directrice de recherche au CNRS, Cresppa-CSU
Elizabeth Aubeny, MD, Gynécologue, Présidente de l’Association Française pour la Contraception (AFC) et co-fondatrice, ancienne présidente de la Fédération Internationale des Associés Professionnels de l’Avortement et la Contraception (FIAPAC)
Yamila Azize-Vargas, PhD, Professeur à l’École de Médecine, Université de Puerto Rico
Samuel Mbadinga, Professeur de Psychologie clinique et psychopathologie, Université Omar Bongo de Libreville
Gail Pheterson, PhD, HDR, psychosociologue, Cresppa-CSU
Résumé :
Cette thèse aborde dans la première partie une revue panoramique des controverses historico-juridiques autour de l’avortement dans le monde, suivi par une analyse du contexte socioculturel des attitudes et des pratiques liées aux rapports sociaux de sexe,aux grossesses non désirées et à l’avortement non sécurisé. Enfin, nous examinons les articulations entre la médecine traditionnelle, coloniale et moderne au Gabon. Tout cela nous amène à notre étude sur les barrières à l’accès aux soins modernes chez les femmes en situation d’urgence médicale.
L’objectif de cette thèse doctorale est d’élaborer et d’appliquer, dans sa deuxième partie, une méthodologie pour étudier le réseau des acteurs impliqués dans les pratiques liées aux avortements afin de mieux comprendre les résistances aux changements socio-cliniques et juridiques. Quel est le système de soins formel et informel chez les prestataires médicaux de soins en matière d’avortement et quels sont les obstacles que les praticiens et les femmes doivent franchir pour fournir(les praticiens) et obtenir (les femmes) ce service ? Spécifiquement une investigation des interactions sociales et institutionnelles en milieu hospitalier de Lambaréné et dans les zones rurales environnantes a été réalisée. Elle nous a conduit à déceler différentes barrières extra médicales et intra médicales à l’accès aux soins d’urgence suite aux complications des avortements non sécurisés. Ainsi, nous nous sommes concentrés, d’une part, sur les discours des professionnels de la santé, leurs pratiques et les contextes de soins ; et d’autre part, nous avons privilégié les récits des femmes sur les stratégies à interrompre les grossesses avec ou sans l’aide médicale et sur leurs stratégies d’accès aux soins modernes malgré les obstacles.
Les résultats obtenus à partir des entretiens, après l’analyse de contenus,montrent qu’en pratique, il existe d’importantes barrières à l’accès aux soins d’urgences. Ces difficultés débutent dans leur environnement social avec la recherche des produits abortifs et les premiers traitements (automédication,aller en pharmacie ou chez le tradithérapeute). En cas de complications aggravées, les obstacles extra médicaux s’amplifient avec la distance géographique, les problèmes de transport et des moyens financiers.
Par ailleurs, une fois ces obstacles plus ou moins franchis, les femmes doivent encore affronter les obstacles intra médicaux la prise en charge des urgences. Fournir un accès aux services d’avortement sans risque pour les Gabonaises est l’un des grands défis auquel nous devons faire face
actuellement. Cette thèse contribue à dénoncer tout haut ce qui se passe de manière informelle dans la société gabonaise. Les femmes vivent des situations tragiques.
Contact :
gail.pheterson@csu.cresppa.fr