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[Annonces du RING] - 15 juin 2014


Date de mise en ligne : [16-06-2014]




[Annonces du RING]

// http://www.univ-paris8.fr/RING/index.php \\

[N’hésitez pas à m’adresser vos informations.]

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SOMMAIRE :
1 – COLLOQUES :
• "Genre et Populations. Méthodes, données et analyses", 18-19 juin, Paris Ouest Nanterre
• "Les lois genrées de la guerre", 26 juin, Lyon
• "Minorisations en actes : race, classe, genre au prisme de l’ethnographie", 26-27 juin, Berlin
• Les journées scientifiques régionales sur le genre, 1er-2 juillet, Reims
• "Manuels scolaires, genre et égalité", 2 juillet, Paris
2 - SEMINAIRES :
• Emmanuel Galland, "Usages et représentation maléfiques de la sexualité à Yaoundé (Cameroun)", 16 juin, Aix-en-Provence
• Alice Gaud, "L’Autre parole, collective féministe chrétienne de 1976 à aujourd’hui", 19 juin, Paris MIE
• "La production du racisme par les institutions : le cas des politiques migratoires", 20 juin, Paris Diderot
3 - APPELS A CONTRIBUTIONS :
• Avant le 20 juin, "Habemus Gender ! Déconstruction d’une riposte religieuse", revue Sextant
• Avant le 20 juin, "Veuves, veufs et veuvages en Europe à l’époque contemporaine (19è-21è siècle)" , Bordeaux
• Avant le 30 juin, "Parler pour dominer ? Paroles, discours et rapports de pouvoir", revue Autrepart
• Avant le 30 juin, "Sexualité(e)s et enfermements", Lille 1
• Avant le 1er juillet, "Ecrire et penser le genre en contexte postcolonial", Paris INHA
• Avant le 15 juillet, "Le genre : réceptions et appropriations d’une perspective de recherche", Dijon
• Avant le 30 juillet, "Au cœur du vieillissement ? Regards croisés sur le corps", Paris
• Avant le 30 septembre, "Hommage à Assia Djebar : Sortir de la marge et du harem", revue CELAAN
• Avant le 30 septembre, "Genre et santé", Paris Inserm
4 - THÈSES :
• Loïc Szerdahelyi, "Femmes d’action ». Parcours d’enseignantes d’EPS en France, des recrutements séparés à la mixité des concours (1941-1989)"
• Lucie Nayak, "Sexualité et handicap mental. Enquête sur le traitement social de la sexualité des personnes désignées comme « handicapées mentales » en France et en Suisse"
5 - EN LIGNE :
• Cahiers du GRIF en ligne
• Transgender Studies Quarterly, Volume 1
6 - PUBLICATIONS :
• Langage et Société, "Recherches linguistiques sur le genre : bilan et perspectives"
• Nicole-Claude Mathieu, L’anatomie politique II : usage, déréliction et résilience des femmes
• Guyonne Leduc, Comment faire des études-genres avec la littérature. Masquereading
• Damlé, Amaleena et Gill Rye (Eds.), Aventures et expériences littéraires. Écritures des femmes en France au début du vingt-et-unième siècle
• Aurore Evain, Perry Gethner et Henriette Goldwyn (dir.), Théâtre de femmes de l’Ancien Régime, vol. 1, XVIe siècle
• Iona Lupu, Carrières de femmes. Identité, socialisation et vie familiale dans les cabinets d’audit et d’expertise

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1 - COLLOQUES :

• "Genre et Populations. Méthodes, données et analyses"
Journées doctorales RESODEMO
Centre organisateur :
Ecole doctorale EOS (Economie, Organisations, Sociétés), Université Paris Ouest Nanterre la Défense et CRESPPA-GTM
Journées coordonnées par : Maria Cosio (CRESPPA-GTM) ; Laure Moguérou (CRESPPA-GTM) ; Dorothée Serges (CRESPPA-GTM)
Centres participants :
Université Paris III-CREDA, IRD-LPED, CEPED, INED
18-19 juin 2014
Salle D201, Bâtiment D UFR SSA, Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Objectifs de la formation :
Ce module de formation présente l’approche de genre comme outil d’analyse des comportements démographiques, familiaux et sociaux. Cette perspective permet l’élaboration et l’utilisation de cadres théoriques, d’indicateurs et de concepts intégrant explicitement les rapports de genre dans l’analyse des comportements individuels et collectifs ; de discuter des résultats de recherches utilisant la perspective de genre ; de montrer comment l’analyse des systèmes de genre peut être utilisée par les agents de développement et les décideurs.
Il s’agit tout d’abord de revenir sur l’approche genre en tant qu’approche théorique puis de montrer comment celle-ci a émergé dans le champ de la démographie. Le module s’attachera à présenter comment les rapports de genre sont désormais mobilisés dans différentes recherches sociodémographiques et ainsi de cerner ce que peuvent être les indicateurs de genre à intégrer dans les grandes enquêtes statistiques/démographiques. Les « lunettes du genre » introduites dans la démographie française ces dernières années, sous l’influence d’enjeux internationaux, ont en effet apporté un nouvel éclairage à la construction et à l’analyse d’enquêtes. Mais tous les dispositifs ne se sont pas saisis de cette dimension. Aussi semble-t-il nécessaire de présenter également des recherches conduites, dans une perspective de genre, à partir de données non nécessairement construites dans cette problématique.
Programme :
18 juin :
Matinée : Théories et méthodes
· 9h-10h : Introduction. « Le genre en démographie ». Laure MOGUEROU (Université Paris Ouest Nanterre- CRESPPA-GTM)
· 10h-11h : « Mesurer le genre : indicateurs, enquêtes et méthodes ». Maria COSIO (Université Paris Ouest Nanterre- CRESPPA- GTM)
· 11h-12h : « Prendre en compte le genre dans les enquêtes quantitatives ». Armelle ANDRO (Université Paris I – CRIDUP)
· 12h-13h : Discussions
Après-midi : « Enquêtes et Indicateurs »
· 14h-15h : « L’enquête Violences et rapports de genre : contextes et conséquences des violences subies par les femmes et par les hommes ». Christelle HAMEL (INED)
· 15h-16h : « Appréhender les rapports de genre : du quantitatif au qualitatif, l’exemple de l’enquête CSF ». Nathalie BAJOS (INSERM)
· 16h-17h : Discussions
19 juin :
Matinée : Applications
· 9h-10h : « Trajectoires résidentielles et habitats des migrantes en Guyane ». Dorothée SERGES (CRESPPA-GTM) et Franck Temporal (INED)
· 10h-11h : « Migrations féminines et travail du care ». Stéphanie CONDON (INED)
· 11h-12h : « L’accouchement par césarienne, un risque pour la santé reproductive ? ». Carole BRUGEILLES (Université Paris Ouest Nanterre- CRESPPA-GTM)
· 12h-13h : Discussions
Après-midi
· 14h-17h : Atelier animé par Maria COSIO (CRESPPA-GTM) et Dorothée SERGES (CRESPPA-GTM)
Participant-e-s :
Pas de pré-requis : étudiant-e-s de doctorat ou post doctorat de différentes disciplines des sciences sociales ainsi que les étudiant-e-s de master en sciences sociales.
Inscriptions :
resodemo@univ-paris1.fr

• "Les lois genrées de la guerre"
Table ronde organisée par l’équipe "Genre et société" du LARHRA et le comité de rédaction de la revue CLIO, Femmes, Genre, Histoire
26 juin
de 18h30 à 20h au Centre d’histoire de la résistance et de la déportation, Lyon
Présentation :
A l’occasion de la parution du n°39 de CLIO, Femmes, Genre, Histoire, la revue porte son regard sur les femmes et les conflits. Depuis la fin du XXe siècle, l’étude de cette thématique a été renouvelée par l’approche anthropologique du fait guerrier, par une attention à l’intime et par la focale sur les sorties de guerre. La dénonciation de la violence sexuelle et la protection des populations civiles ont été de plus en plus prises en compte au niveau international. Ainsi, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les violences faites aux femmes et la mixité croissante de la sphère militaire ont constitué un marqueur fluctuant de ce que l’on nomme « les lois de la guerre ».
Intervenant.e.s :
Fabrice Virgili (historien, directeur de re- cherche au CNRS) responsable du numéro
Isabelle Delpla (professeure de philoso- phie à l’Université Jean Moulin-Lyon III) – Les femmes et le droit (pénal) international
Françoise Thébaud (professeure émérite d’histoire contemporaine à l’Université d’Avignon) – Penser les guerres du XXe siècle à partir des femmes et du genre : quarante ans d’historiographie
Christiane Klapisch-Zuber (directrice d’études à l’EHESS) – Une communauté de femmes en prison pendant la guerre d’Algérie
Contact :
chrd.reservation@mairie-lyon.fr

• "Minorisations en actes : race, classe, genre au prisme de l’ethnographie"
Journée d’études
Organisation :
Mathilde Darley (CNRS-CMB), Jérémie Gauthier (CMB), Sarah Mazouz (CMB), Nicolas Hubé (Paris 1, Viadrina, CMB), Anika Keinz (Viadrina)
26-27 juin, Centre Marc Bloch, Berlin
Présentation :
Les formes d’articulation plurielles des rapports de pouvoir que sont la classe, la race et le genre ont fait ces dernières années l’objet d’un intérêt grandissant de la part des sciences sociales. Ancrés dans un contexte militant par les féministes nord-américaines, en particulier les féministes africaines-américaines et le courant black feminist (Combahee River Collective 1977 ; King 1988), les débats se sont d’abord attachés à penser le genre sans l’isoler des autres rapports de pouvoir, au premier rang desquels la race. Les sciences sociales se sont alors saisies de la réflexion ouverte par les militant.e.s féministes pour complexifier l’analyse des rapports entre classe, race, genre et sexualité. Les New Slavery Studies ont ainsi montré que les rapports de pouvoir auxquels se trouvaient soumises les femmes esclaves ne sauraient se résumer à une addition de handicaps ou au renforcement du patriarcat pour les hommes noirs mais invitaient au contraire à tenir ensemble l’analyse des assignations de genre, de sexualité et de race (Davis 1982 ; Fox-Genovese 1988). En France, les travaux de Danièle Kergoat (1978) sur les femmes ouvrières ont également mis en lumière la « consubstantialité » des rapports sociaux qui fondent la domination. D’autres travaux au croisement du droit et de la sociologie ont quant à eux montré comment les catégories de l’action publique rendent possibles ces hiérarchisations. Dans un texte fondateur, Kimberlé Crenshaw (1991) s’est ainsi attachée à analyser la manière dont ces catégories produisaient l’exclusion de certains groupes se trouvant à l’intersection de plusieurs rapports de pouvoir, telles les femmes noires notamment. Les critiques faites à ce texte au sein même du mouvement Black Feminism ont toutefois pointé le caractère abstrait et anhistorique des analyses proposées. C’est pourquoi l’enjeu des recherches a ensuite été d’ancrer l’étude des rapports entre classe, race et genre dans un travail ethnographique et empirique en montrant comment les assignations identitaires s’actualisent les unes par rapport aux autres dans des interactions et des contextes concrets (West et Fenstermaker 1995 ; Bettie 2000) – par exemple comment, pour une femme noire, l’appartenance à la bourgeoisie peut dans certains contextes renforcer les assignations de genre et de race qu’elle subit.
Programme :
26 juin
9:00 – 10:00 Ouverture des journées d’étude / Eröffnung der Tagung Alexandre Jaunait (Faculté de droit de Poitiers)
10:00 – 12:30 En quête de hiérarchies / Ethnographie als Methode in der Forschung zur Intersektionalität
> Yohan Selponi (CADIS-EHESS) : Comment et pourquoi nos enquêtés nous rappellent à l’ordre. Coûts et rétributions de la mise en scène de ses caractéristiques sociales en situation d’enquête. Sébastien Roux (CSE, EHESS) : La couleur du bonheur. Enjeux raciaux dans la constitution des familles adoptives
> Noémi Katona (Humboldt Universität) : Interkulturelle Mediatorin und Ethnografin : Dilemmas der Doppelrolle und ihre Auswirkung auf das Forschungsprojekt
Discutants : Nicolas Hubé (Paris 1, Viadrina, CMB), Yasmine Siblot (Paris 8)
14:00 – 17:00 Hiérarchisations et mobilisations / Hierarchisierungen und Mobilisierungen
> Audrey Célestine (CERI, CRPLC, ISP) : L’espace associatif antillais en France : entre assignation et réinvestissement identitaires Stéphanie Guyon (UPJV Amiens) : Entrée en politique des femmes amérindiennes de Guyane et co-construction des catégories de genre, race et classe.
> Massimo Prearo (Université de Verone) : Se situer : stratégies de positionnement et de hiérarchisation en contexte militant LGBT
> Pauline Delage (IRIS-EHESS) : Penser les différences entre femmes dans des associations féministes en France et aux Etats-Unis
Discutantes : Anika Keinz (Viadrina), Sarah Mazouz (CMB) 1
27 juin
9:30 – 12:30 Construction croisée des catégories : classe, race, genre dans l’action publique / Konstruktion der Kategorien in public policies
> Jonathan Miaz (Faculté de Lausanne) : Qualifier, catégoriser, trier : Ethnographie des usages sociaux du droit d’asile en Suisse Marine Bourgeois (Science-po Paris) : Qualifier les immeubles, hiérarchiser les demandeurs : une enquête ethnographique sur les pratiques professionnelles des agents HLM dans deux agglomérations françaises
> Simona Pagano (Universität Göttingen) : ‚Nomad Plans’ in the eternal city : securitarian logics and the construction of the ’gypsy’/’nomad Julian Irlenkäuser (Viadrina-Universität) : Das türkische Militär und die (Re)Konstruktion hegemonialer Männlichkeit
Discutants : Coline Cardi (Université Paris 8), Jérémie Gauthier (CMB)
14:00 – 16:00 Sexualiser le genre, genrer la sexualité / Sexualizing Gender, Gendering Sexuality
> Gwénaëlle Mainsant (CERAPS) : (Dés-)ajustements entre genre et sexualité dans le contrôle policier de la prostitution Mathieu Trachman (INED) : La sexuation du travail pornographique
Discutantes : Mathilde Darley (CNRS-CMB), Rebecca Pates (Universität Leipzig),
16:30 – 17:30 Clôture / Schlusswort Ina Kerner (Humboldt Universität)

• Les journées scientifiques régionales sur le genre
organisées par le Groupe genre du Cerep
1er et 2 juillet 2014
Université de Reims, Salle polyvalente de bâtiment recherche, Campus Croix rouge
Présentation :
L’organisation de Journées Scientifiques Régionales sur le Genre constitue une manifestation d’envergure du « Groupe genre du Cerep » avec les objectifs suivants :
. entrer en relation avec des collègues appartenant à d’autres disciplines et composantes de l’URCA (droit, littérature, histoire, sciences politiques, philosophie, sciences....) et à d’autres établissements de Reims : Sciences Po Reims, École de management (NEOMA Business School, Campus de Reims), IFSI (Institut de formation en soins infirmiers), IFCS (Institut de formation des cadres de santé), IRTS de Champagne Ardenne (Institut Régional du Travail Social)… ou du PRES (Université de Picardie Jules Verne, Amiens) ;
. recenser les travaux de recherche qui sont menés sur ce thème au plan régional ou interrégional de manière isolée ou au sein d’équipes existantes ;
. envisager la co-organisation d’un colloque national ou international sur le même thème à l’horizon 2015.
L’expression « Recherche sur le genre » doit être entendue ici dans un sens très large, incluant des travaux sur les rapports sociaux de sexe, sur les femmes ou sur les hommes dans la sphère du travail ou hors travail, sur la féminité et la masculinité, sur la virilité, sur le trans-genre, sur les sexualités… à partir de différentes approches disciplinaires, entre autres, sociohistoriques.
Le « genre » peut constituer l’entrée principale ou bien un des volets significatifs de ces travaux.
Programme et infos :
http://www.univ-reims.fr/site/laboratoire-labellis/c-p/c-p-actualit/journ-scientifiques-r-onales-sur-le-genre,15833,27157.html ?

• "Manuels scolaires, genre et égalité"
Colloque organisé par le Centre Hubertine Auclert, Centre francilien de ressources pour l’égalité femmes- hommes
2 juillet
Palais du Luxembourg, 26 rue de Vaugirard, 75006 Paris
Présentation :
Ce colloque a pour objectifs de :
. Faire le point sur les travaux les plus récents consacrés aux manuels scolaires du point de vue du genre dans l’ensemble des disciplines ;
. Valoriser des « bonnes pratiques » qui ont permis l’évolution des représentations dans les manuels scolaires ;
. Travailler sur les leviers à mettre en place afin de mobiliser efficacement les acteurs et actrices de la chaîne du manuel scolaire.
Programme, infos et inscription :
http://www.centre-hubertine-auclert.fr/lettre-d-information/invitation-colloque-manuels-scolaires-genre-et-egalite-2-juillet

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2 - SEMINAIRES :

• Emmanuel Galland, "Usages et représentation maléfiques de la sexualité à Yaoundé (Cameroun)"
Intervention dans le candre de l’atelier EFiGiES Aix-Marseille
lundi 16 juin (14 h-17h) à la MMSH (Aix-en-Provence), en salle PAF .
Emmanuel Galland est doctorant à l’IMAF (Institut des Mondes Africains) : «  » ;
Clare Hemmings, Professeure de Théorie Féministe, a LSE (London School of Economics) présentera une communication sur : « Considering Emma Goldman : Queer Feminist History and Affective Method »
Contact :
efigies.aixmarseille@gmail.com

• Alice Gaud, "L’Autre parole, collective féministe chrétienne de 1976 à aujourd’hui"
Intervention dans le cadre de l’atelier EFiGiES « Genre et Religions »
vous convient à la séance :
jeudi 19 juin 2014, de 18h à 20h,
à la Maison des Initiatives Etudiantes (50 rue des Tournelles, Paris Bastille), en salle « des conférences ».
Contact :
contact.efigies@gmail.com

• "La production du racisme par les institutions : le cas des politiques migratoires"
Séance du séminaire de recherche organisé par l’URMIS et le RT 24 « Genre, Classe, Race. Rapports sociaux et construction de l’altérité » de l’AFS
Vendredi 20 juin de 10 h à 13 h
Salle M19
Université Paris Diderot, Bâtiment Olympe de Gouges, Rue Albert Einstein, Paris 13e
(métro Bibliothèque François Mitterrand)
Intervenant-e-s :
Camille Gourdeau et Xavier Dunezat
Résumé :
Nous proposons de mettre à l’épreuve le concept de « racisme institutionnel » à partir du terrain des politiques migratoires et du cadre théorique de l’articulation des rapports sociaux (sexe, classe, race).
Nous montrerons d’abord que les politiques migratoires françaises des années 2000 sont structurées par une double dynamique. D’une part, comme les modes de dénombrement des « immigrants » le révèlent, on assiste à une racisation institutionnelle du fait migratoire. D’autre part, les politiques migratoires sont structurées par des pratiques et des discours qui tendent à privilégier certaines catégories de migrants.
A travers l’exemple des « carrières de papiers », nous mettrons ensuite en débat l’hypothèse de la production du racisme par les institutions dites républicaines : en amont de l’obtention de la carte de séjour, par les préfectures ; en aval, par l’OFII à travers l’exemple du Contrat d’Accueil et d’Intégration (CAI). Logiques de classe et de sexe s’articulent ici aux logiques de race. Enfin, l’exemple des Mineurs Isolés Étrangers (MIE) sera mobilisé afin d’illustrer la manière dont les logiques racistes dépassent les institutions spécialisées dans le traitement des étrangers.
Camille Gourdeau est doctorante en socio-anthropologie à l’URMIS (Université Paris 7 Denis Diderot). Ses recherches interrogent les politiques migratoires en France à travers le Contrat d’accueil et d’intégration (CAI).
Xavier Dunezat est enseignant de Sciences sociales en lycée public et membre associé du CRESPPA-GTM. Ses recherches actuelles interrogent la dynamique des rapports de pouvoir dans les mobilisations dites de sans-papiers.
Contact :
artemisa.flores@gmail.com

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3 - APPELS A CONTRIBUTIONS :

• Avant le 20 juin
"Habemus Gender ! Déconstruction d’une riposte religieuse"
Pour deux prochains numéros de la revue Sextant
Argumentaire :
Au cours des derniers mois, les mobilisations françaises contre
l’ouverture du mariage et de l’adoption aux unions de même sexe ont
défrayé la chronique, tant en France qu’à l’étranger. Celles-ci ont
révélé l’existence d’un mouvement sans précédent, dont l’agenda dépasse
largement le cadre de la loi adoptée en 2013. En effet, ces opposants ne
refusent pas seulement le droit de se marier ou de devenir parents aux
couples homosexuels, mais dénoncent aussi ce qu’ils appellent l’« 
idéologie » ou la « théorie du gender ». Selon eux, cette « 
idéologie/théorie », qui nierait l’altérité sexuelle et refuserait de
penser les relations entre hommes et femmes sur le mode de la
complémentarité, constituerait une dangereuse menace pour l’humanité.
Pour cette raison, la Manif pour tous et les autres groupes appartenant
à cette mouvance ont élargi leur champ d’action et se mobilisent par
exemple contre l’enseignement du genre dans les écoles ou à
l’université.
Si l’opposition à l’« idéologie/théorie du gender » a pris des allures
spectaculaires dans l’Hexagone, on la retrouve aujourd’hui dans un grand
nombre de pays. Prenant des formes diverses selon les contextes
nationaux, elle se manifeste aussi au sein d’institutions
internationales telles que l’Union européenne ou l’ONU (une institution
particulièrement décriée par ces acteurs depuis la conférence de
Bejing). À partir d’une relecture d’auteurs tels que Judith Butler, John
Money ou Robert Stoller, l’« idéologie/théorie du gender » offre un
cadre analytique permettant de dénoncer les détournements de langage
auxquels se livreraient indistinctement théoricien-ne-s du genre,
militant-e-s féministes et activistes LGBT et d’embrasser ces trois
ennemis de manière simultanée. L’« idéologie/théorie du gender »
constitue ainsi un outil puissant de contre-offensive idéologique et un
instrument de lutte contre les avancées en termes de droits.
Ce discours est particulièrement présent au sein de l’Église catholique
qui, des communautés locales aux plus hautes instances de la hiérarchie
vaticane, dénonce avec chaque fois plus de véhémence les méfaits
supposés du « gender ». Comme en témoigne le Lexique des termes ambigus
et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques élaboré
par le Conseil pontifical de la famille en étroite collaboration avec la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi (2003), le genre constitue en
effet un sujet de croissante préoccupation pour les autorités de
l’Église, qui veulent s’opposer avec urgence aux progrès des études de
genre, des combats féministes et des luttes homosexuelles. D’ailleurs,
depuis Jean-Paul II, le Vatican a joué un rôle clé dans l’élaboration et
la diffusion du discours sur l’« idéologie/théorie du gender », qui se
retrouve aujourd’hui aux quatre coins de la planète.
Ces deux numéros de la revue Sextant (Université libre de Bruxelles)
souhaitent mieux comprendre ce discours et la manière dont il se
diffuse. Résolument pluridisciplinaires, ils poursuivent quatre
objectifs :
1. Étudier la genèse et les fondements du discours sur l’« 
idéologie/théorie du gender », ainsi que les différents domaines dans
lesquels il se manifeste ;
2. Retracer les canaux et les mécanismes de diffusion de ce discours
ainsi que les stratégies dans lesquelles il s’inscrit, dans un contexte
tant national que supra ou transnational ;
3. Explorer les conditions dans lesquelles ce discours fonctionne et
les raisons de son succès dans certaines sociétés ou institutions
internationales ;
4. Étudier les alliances et les transferts entre religions.
La revue Sextant fonctionne par évaluation par les pairs et dispose
d’une politique d’open-access. Les textes doivent être entièrement
originaux et ne peuvent avoir été soumis à une autre revue. Ils peuvent
être soumis en français ou en anglais.
En pratique :
. 20 juin 2014 : Soumission d’une note d’intérêt par courriel à Valérie
Piette (vpiette@ulb.ac.be) et David Paternotte
(david.paternotte@ulb.ac.be). Cette note doit comprendre un titre et un
abstract.
. 1 juillet 2014 : Acceptation ou non de la note par les éditeurs.
. 1 octobre 2014 : Soumission d’un article de 45 000 signes, qui sera
soumis à une triple évaluation anonyme.
. 1 janvier 2015 : Remise des évaluations
. 1 mars 2015 : Soumission d’une nouvelle version de l’article.
. Rentrée 2015 : Publication des numéros.

• Avant le 20 juin
"Veuves, veufs et veuvages en Europe à l’époque contemporaine (19è-21è siècle)"
Journées d’étude organisées par Peggy Bette (CERHIO, Rennes 2) et Christel Chaineaud (CAHD, Bordeaux 4)
Journée 1 : « Les institutions face au veuvage », lundi 8 décembre 2014, Bordeaux
Journée 2 : « Normes, pratiques et représentations du veuvage », 2015
Journée 3 : « Guerres et veuvages », 2016
Argumentaire :
Ce projet est né du constat qu’il n’existait pas de réflexion générale sur le veuvage en Europe à l’époque contemporaine, à la différence d’autres périodes historiques. Pourtant, malgré sa quasi invisibilité aujourd’hui en raison principalement de l’amélioration des conditions de vie et des transformations des structures familiales, le veuvage n’en reste pas moins, entre le début du 19e siècle et les années 2000, un phénomène démographique d’importance, touchant plus ou moins 10% de la population en période de paix et beaucoup plus en période de conflit. Du fait de son impact juridique, social, culturel et psychologique, le veuvage constitue un prisme intéressant pour penser l’histoire des pratiques et des représentations des sociétés européennes. A ce titre, le présent appel à communication est ouvert aux différentes disciplines des sciences humaines et sociales : histoire, sociologie, droit, économie, sciences politiques, sciences de gestion, psychologie, littérature, afin de croiser les approches et les regards.
Par ailleurs, le poids des frontières nationales et le cadre local ou étatique des législations a, jusqu’à aujourd’hui, fortement pesé sur la manière de concevoir les phénomènes juridiques, sociaux et culturels comme le veuvage. L’un des objectifs de ce projet de journées d’étude est d’inviter à renouveler les réflexions à ce propos, en incitant à des études comparatistes ou transnationales. Les réflexions pourront s’opérer selon deux focales. L’une interne, observant la diversité des veuvages en Europe, les comparant et tentant d’en saisir les éventuelles interactions et les influences mutuelles. L’autre externe, visant à définir les similitudes et caractéristiques qui sont propres aux sociétés européennes en matière de veuvage, au-delà des différences. Il s’agira, en somme, de dégager les spécificités locales des veuvages européens, les uns vis-à-vis des autres, et les spécificités européennes de ces veuvages vis-à-vis du reste du monde. A ce titre, les études sur la vision que les Européen.ne.s portent sur les autres veuvages pratiqués dans le monde ou, à l’inverse, celles sur les perceptions des non-Européen.ne.s sur les pratiques des populations du Vieux Continent peuvent prendre place dans la réflexion.
Ce projet, enfin, vise à penser le veuvage dans sa dimension genrée, ce qui, notamment, implique de ne pas assimiler le veuvage exclusivement à une situation féminine. En effet les veufs sont de grands oubliés de l’historiographie et il serait intéressant d’analyser les raisons et les conséquences de cette absence dans les politiques sociales et les représentations culturelles. Penser le veuvage masculin permettra de mieux mettre en perspective les particularités du veuvage féminin et de dégager les rapports sociaux et de pouvoir afférents aux différences de traitement ou de situation selon le sexe.
Trois axes transversaux ont été définis, chacun introduisant ces trois dimensions, pluridisciplinaire, européenne et genrée. Chaque axe fera l’objet d’une journée d’étude.
Journée d’étude 1 : Les institutions face au veuvage en Europe
Le terme « institutions » inclut ici autant les collectivités publiques (communales, régionales, étatiques, européennes...) que privées (corporatistes, religieuses...). Quelle place tient le veuvage aux yeux des diverses institutions privées ou publiques ? Le veuvage est-il considéré comme un état digne d’intérêt par les unes et les autres ? Quelles institutions se préoccupent le plus de ces populations selon les lieux et les époques ? Quels rapports entretiennent ces institutions entre elles (notamment entre le public et le privé) ? Sont-ce des relations d’influence, de concurrence...? Comment les veufs et veuves parviennent à se faire reconnaître par ces institutions ? Trois sous-axes peuvent guider les chercheurs :
. Diversité et rayonnement des institutions concernées par le veuvage
. Les modalités d’intervention des institutions face au veuvage
. Les acteurs et les actrices de la reconnaissance institutionnelle du veuvage
Journée d’étude 2 : Normes, pratiques et représentations du veuvage en Europe
Le veuvage implique de nombreuses pratiques au niveau social. Si aujourd’hui les conventions entourant ce statut matrimonial sont plus ou moins tombées en désuétude, celles- ci ont pu être très prégnantes dans les sociétés européennes du passé. Quelles étaient ces conventions ? Dans quelle mesure les individus, confrontés à des besoins et des désirs divers, les ont-ils respectés, enfreints, et/ou faits évoluer ? Dans quelle mesure les représentations du veuvage incorporent l’évolution de ces conventions et pratiques du veuvage ? Là encore trois sous-thèmes orienteront les propositions de communication :
. Les traditions et les lois encadrant le veuvage
. Les réalités sociales du veuvage
. Les représentations culturelles du veuvage
Journée d’étude 3 : Guerres et veuvages en Europe
Le terme de « guerres » inclut l’ensemble des conflits qui ont impliqué les pays européens du 19e siècle au début du 21e siècle, des guerres napoléoniennes aux guerres civiles des Balkans. On peut aussi y associer les formes de conflits modernes, notamment le terrorisme (attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, Karachi en 2002, Madrid 2004, Londres 2005 mais aussi attentats au pays basque espagnol...). Quel est l’impact de la guerre sur le veuvage ? En quoi bouleverse-t-elle les législations, les usages sociaux et les rituels du veuvage et du deuil en général ? Du fait du contexte, les individus sont-ils plus libres de leurs mouvements ou, au contraire, plus encadrés par l’Etat et la société ? Les propositions de communication pourront s’articuler autour des deux sous-thèmes suivants
. Les institutions face aux veuvages de guerre
. Pratiques de deuil et de veuvage en contexte de guerre
Contact :
veuvages.europe@gmail.com

• Avant le 30 juin
"Parler pour dominer ? Paroles, discours et rapports de pouvoir"
Pour un prochain numéro de la revue Autrepart
Coordination :
Sandra Bornand (anthropolinguiste, CNRS UMR 8135 LLACAN)
Alice Degorce (anthropologue, IRD UMR 8171 IMAF)
Cécile Leguy (Professeur d’anthropologie linguistique à l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3)
Argumentaire :
L’analyse des pratiques langagières en situation constitue un révélateur des relations sociales, tout particulièrement de l’instauration de rapports de force ou de hiérarchie. Le pouvoir porté par les mots est connu, notamment des médias et des politiques. Mais ces mots ne prennent généralement sens que dans le contexte dans lequel ils ont été énoncés, et leur pouvoir n’est effectif que lorsqu’ils sont articulés au sein d’un discours lié à une situation de communication particulière. En ceci, les rapports de pouvoir et les stratégies de domination ne passent pas seulement par des actes mais aussi par la parole sous ses formes les plus diverses : nommer, élaborer un discours politique ou religieux, avoir recours à une langue particulière dans un contexte de politique linguistique tendu sont autant de lieux d’exercice du pouvoir dans ses liens à la parole. Si ces questionnements se sont trouvés à l’intersection de disciplines telles que l’anthropologie, la linguistique et la philosophie, ils concernent des objets de recherche et des concepts intéressant d’autres domaines des sciences humaines et sociales. Relations de genre, de générations, revendications autochtones, politiques, religieuses ou linguistiques sont ainsi autant d’objets d’études qui mettent en jeu la question du pouvoir et celles de la capacité d’agir des interlocuteurs, ainsi que de l’efficacité de la parole.
Ces problématiques se posent de façon nouvelle dans les sociétés des Suds, où des réformes politiques aussi importantes que les processus de décentralisation, des changements de régime, peuvent être le lieu de discours tendant à l’appropriation du pouvoir, ou encore de luttes syndicales usant de stratégies discursives particulières ; où la langue de l’administration, de l’école, des services de santé ou d’autres services publics de base peut être exclusive dans un contexte plurilingue ; où la mise en place de projets de développement participatifs ou communautaires présuppose une certaine circulation de la parole ; où les noms de lieux peuvent également être l’objet de stratégies d’appropriation du foncier, pour ne citer que ces exemples.
Le pouvoir a en effet partie liée à la parole et, plus la société est hiérarchisée, plus l’accès à la parole est codifié. Mais si le statut social peut offrir un droit à la parole, ceux qui sont censés être sujets à une forme de domination ont également la possibilité, notamment par des pratiques langagières qui leur sont propres, de prendre position et de faire entendre leur voix de manière subversive dans l’arène politique. Ainsi les “dominés” se créent-ils au quotidien des interstices langagiers dans les sociétés hiérarchisées, qui peuvent tant conforter l’ordre social que le remettre en cause. Le rapport à la domination peut aussi être normatif, les recherches sur ce thème ayant montré comment la contestation de la norme passe aussi par son incorporation ou sa réappropriation (Butler, Mahmood). Dans ces contextes, le chercheur peut lui-même se trouver dans un processus dont il ne maîtrise pas toujours les enjeux, voire être manipulé par les interlocuteurs qui l’utilisent à des fins dont il n’a pas toujours conscience. Une approche réflexive est donc encouragée dans les contributions qui seront proposées.
Les axes thématiques suivants pourront être abordés dans ce numéro de manière indépendante ou en lien les uns aux autres. Ces thèmes n’entendent pas exclure d’autres entrées possibles. Les contributions, qui pourront être issues de toutes les disciplines des sciences sociales, se baseront sur des enquêtes de terrain menées dans différents pays du Sud.
Un premier questionnement interroge la manière dont le langage est susceptible de devenir à la fois le moyen d’exercer un pouvoir ou une domination sur autrui par une série de manipulations, et l’objet de ces manipulations. Les discours politiques et religieux, la construction de discours historiques mettant en jeu la mémoire d’un peuple ou d’une nation en paraissent l’illustration même, tant par leurs conditions d’élaboration que par les contextes dans lesquels ils sont dits et les effets attendus sur leurs auditoires. Mais les stratégies de domination par l’intermédiaire du langage peuvent s’exercer par d’autres voies, observables dans des situations à plus petites échelles telles que les salutations, les secrets cancans ou rumeurs, ou des énoncés langagiers du quotidien dans lesquels se jouent les identités des interlocuteurs. Des contributions interrogeant les pratiques de nomination des hommes, des lieux ou des objets seront également attendues dans cet axe : nommer peut en effet être le moyen d’exercer un pouvoir sur autrui, mais aussi de contrer ou de tourner en dérision ce même exercice du pouvoir. Dans cette perspective, on se demandera également si des créations linguistiques comme l’argot ou le verlan, ou artistiques (rap, slam…), qui peuvent participer d’une démarche d’émancipation par rapport au pouvoir, notamment étatique, ne relèvent pas elles-mêmes de logiques de domination.
La maîtrise de la langue est un élément déterminant dans l’instauration de relations de pouvoir, que les interlocuteurs parlent des langues ou utilisent des registres différents (par exemple professionnels). La connaissance de la langue des bailleurs ou d’une langue locale est ainsi fondamentale dans la mise en œuvre de projets de développement, mais peut aussi avoir pour conséquence l’instauration de rapports de force ou de hiérarchie entre les différents acteurs du projet. La mise en place de politiques linguistiques (tant nationales qu’internationales, avec par exemple la francophonie) peut également concourir à la construction de relations de pouvoir par la langue. La volonté d’écrire de la littérature, dans les médias, et de publier dans sa propre langue peut elle même s’inscrire dans des stratégies linguistiques en lien ou en opposition avec le pouvoir.
Enfin, avec le développement rapide des nouvelles technologies apparaissent aujourd’hui des espaces de paroles jusqu’alors inédits dans les Suds comme l’internet et les réseaux sociaux (Facebook, Twitter) ou encore les SMS. Il s’agit d’interroger les représentations des situations de communication qu’impliquent ces technologies et ce qu’instaurer un rapport de force ou de domination dans ces contextes signifie. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) supposent en effet de nouveaux usages écrits et oraux des langues, tout en plaçant les paroles émises dans un contexte globalisé et transnational qui bouleverse les situations de communication « traditionnelles ».
Les intentions de contributions (titre et résumé ne dépassant pas 1000 signes) doivent être adressées à la revue Autrepart le 30 juin 2014 au plus tard
Les articles sélectionnés devront être remis le 30 septembre 2014
Les notes de lecture sur le thème du numéro doivent être adressées à la revue Autrepart avant le 15 octobre 2014
Contact :
revue.autrepart@gmail.com

• Avant le 30 juin
"Sexualité(e)s et enfermements"
Journée d’études organisée par le projet SEXENFER, coordonné par Gwénola Ricordeau et Régis Schlagdenhauffen. Elle est soutenue par l’Université de Lille 1, le Clersé (UMR 8019) et le laboratoire Lise (UMR 3320, Cnam/CNRS)
Comité d’organisation :
Régis Schlagdenhauffen & Gwenola Ricordeau
Vendredi 12 décembre 2014, Université Lille 1
Argumentaire :
Il a souvent été rapporté que les pratiques, les normes, ainsi que les représentations de la sexualité dans un univers fermé diffèrent de celles du reste de la société. Cette observation s’expliquerait par l’organisation de l’espace, la culture propre aux enfermé.e.s et les usages institutionnels qui contrôlent, réduisent ou interdisent les contacts entre les personnes enfermées avec les personnes extérieures.
Les individus vivant des situations d’enfermement physiques tels que dans les prisons, les camps d’internement et de concentration, les centres de rétention et les zones d’attente pour réfugié.e.s et demandeur.e.s d’asile, parfois pour une durée indéterminée, sont obligés de négocier la sexualité avec les détenteurs du pouvoir, mais aussi avec leurs « camarades d’infortune ».
Dans d’autres cas, l’enfermement peut se manifester de manière plus diffuse, notamment dans des institutions spécialisées (telles que les hôpitaux, maisons de retraite, internats, couvents, gated communities, etc.) posant la question de la « clôture » et par-delà celle de la perméabilité des relations sociales et sexuelles entre un « dedans » et un« dehors ».
L’avènement des études sur le genre, en France, a permis celui des travaux sur la sexualité. Ceux- ci demeurent néanmoins relativement limités dans le champ d’étude des lieux d’enfermement, que ceux-ci soient physiques ou symboliques.
Notre appel à communications suggère d’investiguer les relations entre enfermement et sexualités, au prisme des études sur le genre, et de questionner les frontières entre dehors et dedans.
Questionnement scientifique :
Les communications pourront notamment porter sur les cinq domaines suivants :
1. Histoire et pratiques de la non-mixité
Les pratiques de séparation des personnels et des personnes enfermées selon le sexe ; les personnels ou « extérieurs »de sexe opposé intervenant dans des lieux d’enfermement non- mixtes ; les discours sur les risques entrainés par la mixité...
2. Politiques et organisation de la sexualité
Organisation et répression de la sexualité ; mise en place d’aménagements de type « parloirs sexuels », chambres d’intimité ou d’amour ; mobilisations collectives légitimant un droit à la sexualité dans des institutions fermées.
3. La frontière dedans/dehors
Corps enfermant, corps enfermé ; adaptation et substitution des pratiques ; stratégies de transgression des normes institutionnelles, etc.
4. Pratiques, représentations et discours
Récits de personnes enfermées et de leur sexualité ; représentation des personnes enfermées dans les productions culturelles (théâtre, cinéma, littérature) ? Réception des représentations ?
5. Questions méthodologiques
Comment enquêter sur les sexualités dans les lieux d’enfermement ? Comment s’articulent ou se confortent les contraintes des enquêtes sur les sexualités et celles des enquêtes dans/sur les lieux d’enfermement ?
Modalités :
Cet appel à communications s’adresse en particulier aux chercheur.e.s travaillant en sciences sociales, histoire et littérature, mais il reste ouvert aux autres approches disciplinaires. Il n’est pas restrictif quant aux périodes historiques, ni aux aires géographiques étudiées.
Les propositions de communication des doctorant-e-s et des jeunes chercheur-e-s sont fermement encouragées.
Les propositions de communication (3 000 signes maximum, en indiquant un titre, votre statut et votre institution de rattachement) doivent être adressées par email avant le 30 juin 2014 aux adresses suivantes : regis.schlagdenhauffen@ehess.fr / gwenola.ricordeau@univ-lille1.fr
Les réponses seront transmises courant juillet 2014.

• Avant le 1er juillet
"Ecrire et penser le genre en contexte postcolonial"
Journées d’études coordonnées par Anne Castaing (CNRS/THALIM-Ecritures de la Modernité) et Elodie Gaden (Université Paris Sorbonne/CIEF)
20 et 21 novembre 2014
à l’INHA – Salle W. Benjamin
 Argumentaire :
Ces deux journées d’études s’inscrivent dans le programme “Penser le genre en contexte postcolonial” coordonné par Anne Castaing, et dans le pôle “Transculturalités” de l’UMR THALIM/Ecritures de la Modernité (CNRS/Paris 3).
Elles se proposent d’examiner les modalités et les singularités du genre en contexte postcolonial, de ses représentations et de ses identités.
A la fin des années 1980, la remise en question de l’universalisme de certains discours féministes a permis de repenser les catégorisations arbitraires établies et d’étendre la quête de la spécificité à une dimension extra-européenne. Celle-ci incite dès lors à intégrer de façon systématique les données culturelles, géographiques et historiques à toute réflexion sur les femmes, leurs représentations et le patriarcat, et plus largement, sur le genre. Chandra Talpade Mohanty (1991) appelle ainsi à une « décolonisation du genre » et une « reconnaissance des différences », Adrienne Rich (1984) à une « politique (et donc, une pensée) de la localisation », quand Gayatri Spivak (1988) dénonce la façon dont l’Occident colonise l’hétérogénéité de l’expérience de la « Femme du Tiers-Monde » et accapare son discours. De fait, si ce type de travaux ouvre le champ de la pensée postcoloniale aux questions de genre, ils permettent à la fois de repenser le féminisme comme discours racé et historicisé, de mettre en évidence la sexuation de la colonisation et du nationalisme (voir aussi Stoller 2013 ou Chatterjee 1993) et dès lors, d’offrir un espace d’expression à la différence, de « laisser parler le subalterne », comme le proposent, dans le champ indien, les études subalternes. D’où l’importance d’interroger le genre au prisme de la création, du langage, mais également des pratiques sociales et culturelles (Grodzins Gold & Goodwin Raheja, 1994), où se formule la complexité des identités et des cultures du genre. Cette perspective permettra également d’interroger l’histoire subalterne qu’est l’Histoire des Femmes, plus problématique encore qu’elle s’inscrit dans un contexte où les discours des femmes sont doublement subalternisés, doublement colonisés.
Au-delà même des débats qui inondent les médias, si le récent intérêt du monde académique français pour les Cultural Studies, les études postcoloniales et plus encore les études de genre témoignent du tournant qui s’opère dans la conception du « genre », perçu dorénavant dans une perspective non plus transnationale mais « locale », la multiplication des actions féministes internationales interrogent néanmoins sur la fragilité de l’« exception culturelle », qui demeure non pas un facteur incontournable mais un prisme par lequel le genre « peut » être pensé. Il est donc urgent de rappeler que l’hégémonie est souvent multiple et cumulée, que le patriarcat s’agrège souvent à d’autres types d’oppressions, aux manifestations parfois complexes quand celles-ci sont d’ordre culturel ou identitaire. Il est donc nécessaire de les penser et de les discuter dans cette perspective. 
Ouvertes à tous, ces journées d’études s’articuleront autour de quatre axes :
- Les corrélations et les négociations entre genre et nation (coloniale et postcoloniale). On s’intéressera notamment à la représentation de l’« Autre » (Femme et/ou Tiers-Monde) chez les orientalistes (voir Said 1978, Dorlin 2006), aux paradoxes du discours colonial sur la « Femme orientale », à la complexité et à la violence des réponses nationalistes à la colonisation : cristallisation des identités nationales, religieuses et de genre.
- Les modes hégémoniques et leurs formulations, la construction des subalternités et leurs modalités de résistance. On s’intéressera notamment aux différents types d’oppression élaborés durant la colonisation et après les décolonisations, à leur focalisation sur la “question féminine”, ainsi qu’aux constructions de cultures alternatives subalternes. On pourra par exemple discuter le mode de déconstruction historique qu’est l’histoire des femmes en contexte postcolonial, et de repenser cette subalternité au prisme de son contexte.
- Les singularités culturelles et historiques du genre et de sa formulation. On pourra s’interroger sur la diversité des pratiques genrées dans des contextes comparés et sur les modalités culturelles de la construction du genre, en écho à la complexité des contextes culturels et historiques coloniaux et postcoloniaux. Le genre comme prisme permettra d’aborder le postcolonial comme rapport à la diversité, et d’explorer les manifestations hybrides des identités de genre en contexte postcolonial.
- Migration, voyage, exil. On s’interrogera sur l’importance des diverses formes de déplacement et leur influence sur la constitution d’une identité culturelle genrée et/ou postcoloniale (Mills 1991 & 2003 ; Said 2000), ainsi que sur l’élaboration d’une écriture capable d’enregistrer ces enjeux (littérature (im)migrante ou de la migrance : Nepveu 1989, Bhabha 1994). Il s’agit également de discuter du positionnement éthique et politique du voyageur ou de la voyageuse depuis ou vers le pays colonisé ou colonisateur (Pratt 1992) et des formes artistiques et littéraires générées par et dans les « zones de contact » (Pratt 1991).
Les propositions sont à adresser avant le 1er juillet 2014 à :
annecastaing@yahoo.fr
elodie.gaden@free.fr

• Avant le 15 juillet
"Le genre : réceptions et appropriations d’une perspective de recherche"
Séminaire « Actualité des études de genre » (2014-2015)
Université de Bourgogne Centre Georges Chevrier (UMR CNRS 7366) MSH de Dijon
La deuxième année du séminaire « Actualité des études de genre » (2014-2015) sera consacrée aux usages du genre.
Argumentaire :
Les propositions de communication pourront aborder l’introduction du genre dans la recherche académique française. Quels sont les effets de cette perspective sur les études menées et l’organisation des recherches ?
Alors que les études de genre commencent à se développer de manière significative en sciences humaines et sociales, qu’en est-il dans les autres sciences, en particulier dans les sciences dures ? Comment cette perspective est-elle introduite dans ces disciplines ? Quels sont les obstacles à son développement ?
Les propositions s’appuyant sur des comparaisons internationales seront valorisées : où se situe la France en matière d’études de genre, par rapport à d’autres pays ? Si ces recherches sont particulièrement développées dans l’aire anglo-saxonne, comment se développent-elle en Europe et ailleurs ? Quelles sont les définitions et les angles d’approche privilégiés selon les contextes nationaux ?
On s’interrogera également sur les perfectionnements et approfondissements à apporter aux perspectives de genre. Contre une vision irénique de la démarche et dans un souci d’objectivation, il s’agira de se demander ce que permet le genre et ce qu’il ne permet pas. Quelles sont les limites et précautions à prendre pour mener une recherche sous l’angle du genre ? Quels sont les compléments et prolongements théoriques et empiriques possibles pour cette perspective ?
Les retours réflexifs sur des terrains de recherche pourront être mobilisés. Plus largement, l’objectif est d’explorer des dimensions du genre qui restent à développer.
Les propositions de contribution fondées sur des corpus théoriques et/ou empiriques comprendront un résumé d’une page maximum (environ 3 000 signes, espaces compris) et une courte présentation de l’auteur (statut, institutions de rattachement, principales publications). Elles sont à adresser aux deux organisateurs avant le 15 juillet 2014 aux adresses suivantes : mnavarre@laposte.net et g.ubbiali@free.fr
Les résumés seront examinés par les organisateurs. Ils avertiront les auteurs des propositions retenues fin juillet 2014.
Les contributeurs s’engagent à présenter leur texte dans le cadre du séminaire 2014- 2015. La présentation permettra de vérifier l’adéquation entre la proposition initiale et le texte final. Elle offre l’opportunité de confronter les propositions de texte à un public académique et de professionnels. Le séminaire se déroule le vendredi, de 10 h à 12 h à la MSH de Dijon. Le calendrier sera communiqué ultérieurement.
Les contributeurs s’engagent également à proposer des textes inédits en vue d’une publication des actes du séminaire sous forme de numéro de revue ou d’ouvrage collectif, courant 2016. Un comité scientifique sera constitué ad hoc.
L’acceptation de la contribution ne signifie pas qu’elle sera obligatoirement retenue pour publication. Les auteurs pourront être amenés à retravailler leur proposition entre ces deux étapes.
Contacts :
Maud Navarre (CGC – UB) mnavarre@laposte.net
Georges Ubbiali (CGC – UB) g.ubbiali@free.fr
Carnet du séminaire :
http://www.actugenre.hypotheses.org

• Avant le 30 juillet
"Au cœur du vieillissement ? Regards croisés sur le corps"
Colloque Interdisciplinaire et International organisé par le groupe « Vieillissements » du Réseau des Jeunes Chercheurs Santé et Société et le Réseau Thématique 7 « Vieillesses, vieillissement et parcours de vie »
de l’Association Française de Sociologie
Paris, 12-13 Novembre 2014
Argumentaire :
Depuis une vingtaine d’années, il est admis que le vieillissement ne se réduit pas à la dégradation physiologique, tout comme la vieillesse n’est pas synonyme de maladie. Les sciences humaines et sociales sont à l’origine de ces changements de paradigmes. Ces disciplines insistent, par exemple, sur le fait que le vieillissement est un processus tant biologique que psychologique ou social (Lock, 1993), qui affecte l’ensemble des mondes sociaux (travail, famille, santé, loisirs, etc.) (Caradec, 2001, 2004 ; Lalive-d’Epinay et al., 2008). Elles défendent également l’idée que la vieillesse et le vieillissement ne relèvent pas tant d’une question d’âge numérique que d’un remaniement des positionnements au sein de la société, vis-à-vis de soi- même et vis-à-vis d’autrui (Bourdelais, 1993 ; Caradec, 2004). La mise en évidence des dimensions sociales du vieillissement a conduit les chercheurs à délaisser la question du corps, et en particulier du corps vieillissant. Pourtant, le corps apparaît comme un lieu privilégié de cristallisation des luttes de domination, des processus d’identification et des logiques de recompositions identitaires (Bourdieu, 1977), en reflétant et en dénonçant en même temps les clivages entre le biologique et le social. Ce sont les fragilisations du corps vieillissant qui mobilisent aujourd’hui tout particulièrement les politiques publiques de la vieillesse (Renault, 2004 ; Brechat et al., 2008) – en termes d’aménagement des soins, de l’habitat ou des transports – et la silver economy en pleine expansion. Enfin, le corps comme réceptacle de l’empreinte du temps et marqueur des signes du vieillissement est aujourd’hui plus que jamais au centre des enjeux du « bien vieillir » (Crignon-De Oliveira, 2010) et de ses controverses. Ainsi, si le corps s’affirme comme une réalité biologique du vieillissement, c’est une réalité construite et normée par le social.
Dans la volonté de réaffirmer la place du corps dans le processus de vieillissement comme objet d’études pour les sciences humaines et sociales, nous souhaitons mener une réflexion à la fois sur les effets des métamorphoses du corps au cours de l’avancée en âge et sur la production sociale d’un corps vieillissant. A l’inverse des théories naturalistes, nous opterons pour un questionnement des effets du social sur les théories/représentations/appréhensions du biologique (dans la ligné des travaux de Gardey et Löwy, 2000) et soulignerons les articulations qui existent entre le social et le biologique. Comment le processus de vieillissement (pris au sens large) travaille-t-il le corps, dans ses dimensions biologiques, sociales, physiologique, politiques, etc. ? Autrement dit, il ne s’agit plus simplement d’aller dans le sens d’une déconstruction de la réalité naturelle et biologique du corps (tel que l’ont proposée des auteurs comme M. Mauss, 1934), mais de réfléchir également aux déterminations biologiques qui sont elles-mêmes (on le voit dans le cadre de la maladie d’Alzheimer, par exemple) informées socialement (Vincent, 2008).
Au travers de trois axes de travail, il s’agira :
1. d’une part, de définir le « corps vieillissant » et la manière dont il peut être appréhendé dans nos recherches. Cette définition est problématique car dans nos sociétés, aucun rite de passage ni âge précis ne marque le début des processus de vieillissements ni l’entrée dans la(es) vieillesse(s). Néanmoins c’est le corps qui bien souvent porte les marques de la vieillesse, et par conséquent fait l’objet d’enjeux de contrôle et de maîtrise de la part des individus vieillissants ou des médecins (Bourdelais, 1993 ; Drulhe, 2003) ;
2. d’autre part, de saisir les normes d’usages sociaux de ce corps vieillissant, leur production dans la tension entre le biologique et le social, et les conséquences de ces normes sur le vécu individuel des processus de vieillissements ;
3. enfin, un dernier axe s’attachera à décrire les pratiques du corps vieillissant – celles de la vie quotidienne - et leurs évolutions au fur et à mesure que le corps se transforme ainsi que celles causant des transformations du corps vieillissant. Il conviendra de revenir notamment sur les processus de recomposition biographique et de redéfinition de soi impulsés par les transformations corporelles au cours du vieillissement. Il paraît ainsi indispensable d’analyser non seulement les pratiques, institutionnalisées et individualisées, par lesquelles le ralentissement d’une dégradation physique et mentale est recherché, que les manières, socialement distribuées, dont les transformations corporelles sont perçues, accompagnées, appropriées, et sur le sens qu’elles prennent pour les personnes qui en font l’expérience.
Nous avons pour ambition d’articuler dans chacun de ces axes, trois niveaux d’analyse : l’expérience des personnes vieillissantes ; celle de leur entourage (sociabilités familiale, amicale, professionnelle...) ; et la manière dont les pouvoirs publics appréhendent chacune des questions abordées dans ce colloque.
I. Penser le corps vieillissant
Cet axe interrogera les représentations d’un corps transformé par le temps qui passe. Plusieurs questions pourront être discutées. Tout d’abord, notre travail s’attachera à déconstruire et à dénaturaliser le corps vieillissant. Il s’agira ici de questionner les définitions socialement construites de la vieillesse et du vieillissement corporel. Les seuils d’âge définissant l’entrée et la progression dans le vieillissement seront analysés du point de vue du vécu subjectif et des types d’institutionnalisation.
D’où l’intérêt d’une réflexion située à un niveau anthropologique pour saisir les dimensions culturelles du vieillissement et les représentations sociales qu’elles produisent. En effet, selon les sociétés observées, le poids des années peut forger différemment les corps : un corps répugnant, décrépi, affaibli ou, au contraire, un corps anobli par l’âge, un corps de sorcier puissant qui force le respect, incarne la sagesse, le savoir, le pouvoir (Arcand, 1982). De la même manière, la dimension historique est particulièrement intéressante : comment les évolutions démographiques et sociales influent-elles sur les images de corps vieillissant ? Comment les perceptions des âges de la vie (entre respect pour les aînés, généralisation du jeunisme, ou encore, attitudes et jugements âgistes) à des époques différentes structurent-elles les représentations sociales des corps ? Comment la médicalisation contemporaine et la professionnalisation du soin accompagnant l’avancée en âge ont-elles modifié l’image profane d’un corps vieillissant par rapport aux époques précédentes ?
Le corps marqué par le temps et la vieillesse soulève également des questions d’ordre philosophiques et éthiques. Il s’agit alors de penser le corps en fin de vie, sa prise en charge (soins palliatifs, acharnement thérapeutique, droits des patients...). Autant d’aspects qui exacerbent la tension entre les dimensions biologiques et sociales des corps situés à la frontière entre la vie et la mort.
Plus généralement, il s’agit d’appréhender les trajectoires de métamorphoses du corps, prises dans leurs contextes, afin de comprendre les divers processus sociaux engagés par l’avancée en âge. Peut-on parler d’une trajectoire type du vieillissement corporel ? Quels sont les moments charnières à travers lesquels ces métamorphoses se révèlent (par exemple, la ménopause, l’andropause...) ? Quelle est la place du corps dans la définition de la dépendance et de l’autonomie ? Sur quelles définitions du corps reposent-elles implicitement ?
Généralement, le corps en sciences humaines et sociales est pris dans sa dimension globale et entière. Cependant, l’appréhension de l’unité bio-psycho-sociale de l’individu et de son corps est souvent perdue au profit d’une dimension privilégiée. Ce type de clivage, perceptible dans la recherche, se fait fortement ressentir en écho sur le terrain, auprès des professionnels comme auprès des personnes interrogées. Nous questionnerons les conditions de possibilité d’un rapprochement multidisciplinaire autour de ce problème.
Enfin, il sera nécessaire de situer les définitions et les images du corps vieillissant qui émergent dans des contextes sociaux différents. Nous proposons de nous attarder ici sur les métiers dans lesquels le corps constitue le principal outil de travail, comme les métiers qui engagent fortement l’esthétique du corps (mannequins, comédiens) ou la force physique (ouvriers, artisans, sportifs, militaires).
II. « Encadrer » le corps vieillissant
Dans cette partie, nous proposons d’analyser les normes corporelles liées aux différentes étapes du processus de vieillissement, leur production, leurs conséquences sur les expériences individuelles.
Qu’est-ce que le « bien vieillir » ? Quelle place occupe le corps dans la conceptualisation du vieillissement réussi ? Que nous apprend l’encadrement hygiéniste des corps vieillissants ? Quel regard portent les individus sur ce discours médiatique ? Dans quelle mesure ce discours contribue à forger un rapport à un corps vieillissant ?
Nous souhaitons également interroger les effets des normes sociales différenciées sur les transformations du corps avec l’âge. L’empreinte du temps sur le corps a-t-elle le même effet pour tous (selon l’âge, le genre, le niveau de diplôme, la profession, le niveau de revenu et le milieu social en général) ? Comment prendre en compte cette diversité de normalisation des métamorphoses corporelles au cours du vieillissement ? Quelles modalités de réponses appelle- t-elle ? La question du genre se présente également comme incontournable (Arber, Ginn, 2002). Ilana Löwy (2006) questionne ainsi la persistance d’inégalités de genre au cours du vieillissement, qui introduisent un traitement social différencié du corps masculin et du corps féminin.
Par ailleurs, les politiques publiques de différents niveaux s’orientent vers la prévention des risques spécifiques liés à l’avancée en âge (chutes, fragilité face à la canicule, maladies chroniques, grippe, etc.). En quoi consistent ces dispositifs ? A qui s’adressent-ils ? Quelles en sont les conséquences sur la vie quotidienne, tant au niveau des pratiques médicales, alimentaires, sportives, etc.?
III. « Faire avec » le corps vieillissant
Ce dernier axe sera focalisé sur les pratiques, celles des acteurs vieillissants et de leur entourage informel et institutionnel.
Si la société d’aujourd’hui peut être qualifiée de réflexive (Giddens, 1991), les individus sont incités à se projeter dans l’avenir. Comment, dès lors, les personnes vieillissantes entrevoient- elles ce dernier ? La dégradation corporelle est-elle perçue comme inévitable ? Quelles stratégies anticipatrices et défensives mobilisent-elles ? Dans quelles mesures les trajectoires biographiques orientent-elles l’appréhension du corps vieillissant et son évolution au fil de l’âge ? Dans cette perspective, nous nous interrogerons sur les rapports au corps des personnes vieillissantes, en fonction de leur genre mais également de leur âge. Comment travaillent-elles leur corporéité au fil des années ? Nous nous pencherons également sur la place du corps vieillissant dans les transformations de la sexualité des personnes âgées (Bessin, Blidon, 2011) et les normes qui lui sont prescrites.
Les fragilisations du corps survenant au cours du vieillissement posent la question des aménagements de l’environnement proximal du sujet vieillissant. Comment les « adaptations » plus ou moins majeures du cadre de l’habitat (domicile, habitat intermédiaire, établissement médicalisé) qui accompagnent les pertes de mobilités/fonctionnalités transforment les habitudes de vie du sujet ? Mais aussi comment les personnes vieillissantes s’adaptent à des environnements inadaptables ou inadaptés ? Quelles stratégies, logiques sont mises en œuvre afin que les corps puissent continuer à se mouvoir ? Finalement, comment ces diverses modalités d’habiter médiatisent les relations que la personne entretient avec son corps et son espace de vie (Mallon, 2004) ? Comment les pratiques individuelles d’adaptation s’inscrivent- elles (si elles le font) dans les cadres conçus dans les institutions responsables des logements ? Enfin, il s’agira d’analyser les effets du lieu de vie sur la santé et l’autonomie fonctionnelle des résidents. En quoi ces habitats définissent, du fait de leurs configurations spécifiques, différentes figures de parcours de vieillissement corporel ?
Au-delà de l’environnement matériel, comment les relations avec les proches, mais également avec les professionnels, influencent-elles à la fois l’appréhension du corps et le « travail de soi » (Darmon, 2003) des personnes âgées ? Comment les aspects physiques du vieillissement sont- ils travaillés, c’est-à-dire soulignés, mis en scène, minimisés voire effacés, tant par les personnes âgées que par les professionnels ou par les proches, qui les aident, les accompagnent, les conseillent ? Comment ce travail varie-t-il selon les trajectoires de vie, les milieux sociaux, les contextes institutionnels des personnes âgées ? Des professionnels ? Des proches ? Comment l’appréhension du vieillissement physique de l’autre, des défaillances du corps, des douleurs, mais également des transformations de la présentation de soi, contribue-t-elle à donner un âge, à qualifier la vieillesse et le vieillissement, dans un rapport dialectique avec les âges numériques, les représentations sociales des âges et les normes qui leur sont attachées ?
Des stratégies compensatrices peuvent être développées afin de faire face à des limitations fonctionnelles. Nous invitons les intervenants à questionner les inégalités susceptibles d’intervenir dans ces stratégies et les façons dont elles se mettent en œuvre. Et sans parler de limitations fonctionnelles, l’avancée en âge peut engendrer un processus de « déprise » de certaines activités au profit d’autres qui sont plus accessibles aux sujets, tout en conservant celles qui sont à leurs yeux les plus signifiantes (Barthe, Clément, Drulhe, 1988 ; Caradec, 2004). Nous souhaiterions questionner le rôle du vécu du corps vieillissant dans ces « déprises », ainsi que les limites qu’il impose aux choix des relations et des pratiques à maintenir ou à cesser. Comment « faire avec » son corps vieillissant dans un contexte où l’individu a de moins en moins de prise sur celui-ci ? Lorsque, par exemple, dans le cas de la maladie d’Alzheimer, le rapport au corps, à soi, à l’esprit échappe à l’individu, se fait plus labile. Comment faire « avec » un corps qui ne rend pas visible une pathologie qui affecte l’un de ses organes moteurs ? Mais, plus généralement, comment les individus vieillissants « jouent-ils » avec leur corps, ou, au contraire, affichent-ils leur vieillissement et l’assument ? Quel « travail du vieillir » se révèle dans les pratiques des individus vieillissants ?
Les propositions de communication (2000 à 3000 caractères) sont à envoyer avant le 30 juillet 2014 à l’adresse : colloque2014@vieillissementsetsociete.org
Le colloque est co-organisé par le groupe « Vieillissements » du Réseau des Jeunes Chercheurs Santé et Société et le RT7 de l’Association Française de Sociologie, avec le soutien du Centre Max Weber (UMR 5283). Il vise à rassembler des contributions ne relevant pas nécessairement de la sociologie du vieillissement.
Pour toutes questions, veuillez vous adresser à : colloque2014@vieillissementsetsociete.org
Nous annoncerons les propositions retenues le 1er septembre 2014. Nous réceptionnerons les textes des communications le 1er novembre 2014.

• Avant le 30 septembre
"Hommage à Assia Djebar : Sortir de la marge et du harem"
Numéro spécial de la revue CELAAN
Argumentaire :
  En 1975, Hélène Cixous révolutionna la discipline de la théorie des genres (gender theory) en publiant son fameux texte sur Le Rire de la Méduse dans lequel elle exhorte les femmes ‘’à sortir de la marge et du harem.’’ Dans cet hommage à Assia Djebar, la revue CELAAN se propose de se pencher sur le paradigme de ‘’l’échappée hors harem’’ dans l’œuvre littéraire, cinématographique et théorique d’Assia Djebar.  
 S’il est vrai qu’Assia Djebar a joué le rôle de précurseur dans la création d’une écriture féminine maghrébine en français et qu’un grand nombre d’écrivaines Maghrébines se saisirent du qalam que cette pionnière leur tendait, force est de constater que depuis son immortalisation à l’Académie française en 2005, Djebar a été la cible de vives attaques lui reprochant notamment de fomenter les stéréotypes orientalistes sur la condition de la femme arabo-musulmane, victime éternelle d’une culture qui serait oppressive, monolithique et immuable.
 Nous projetons de réunir des travaux interdisciplinaires s’appuyant sur la thématique de l’envol des femmes qui défile dans le corpus djebarien depuis son premier roman, La soif, publié en 1957 jusqu’à ‘’Nulle part dans la maison de mon père’’ publié en 2007, en passant par sa production cinématographique et ses textes théoriques (Ces voix qui m’assiègent). Depuis de nombreuses années, la critique arabo-américaine s’est efforcée de briser l’image orientaliste de la femme Arabe tiraillée entre deux facettes : celle de l’odalisque passive, aphasique et sensuelle et celle de la musulmane voilée, soumise et tourmentée par les membres de sa communauté. Assia Djebar s’inscrit-elle dans cette tournure dés-orientaliste ?
 Cette querelle entre l’orientalisme, le contre-orientalisme ou encore le dés-orientalisme ne peut se faire sans passer par une réflexion sur l’histoire de la colonisation de l’Algérie qui est évidemment prégnante dans la littérature de Djebar. Depuis les années 2000, nous avons pu assister, d’une rive à l’autre, au phénomène de la guerre des mémoires et les historiens n’ont pas manqué de décrier les dangers de cette "hypermnésie" qui incite un discours d’auto-victimisation, un isolement dans le passé, une impossibilité à vivre dans le présent et à envisager l’avenir. Il serait intéressant d’examiner comment Assia Djebar parvient à naviguer sur les flots de la mémoire coloniale en évitant de couler sous la litanie victimaire.
Vos propositions d’articles en français ou en anglais (titre+résumé de 300 mots) sont à envoyer sous forme électronique au plus tard le 30 septembre 2014 et les articles sélectionnés (qui ne doivent pas dépasser 5000 mots) au plus tard le 31 janvier 2015 à Nelly Noury : nnossia@uh.edu
Les consignes de rédaction des articles se trouvent sur le site : http://www.skidmore.edu/celaan

• Avant le 30 septembre
"Genre et santé"
Colloque de l’Institut Emilie du Châtelet en partenariat avec l’Inserm
Paris, 8 - 9 Juin 2015
Comité d’organisation :
Armelle Andro (sociologie-démographie, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne), Nathalie Bajos (sociologie-démographie, INSERM), Laurie Laufer (psychopathologie, Université Paris Diderot), Ilana Löwy (histoire des sciences biomédicales, INSERM), Pascale Molinier (psychologie, Université Paris 13 Nord), Florence Rochefort (histoire, CNRS), Catherine Vidal (neurobiologie, Institut Pasteur).
Argumentaire :
Comparées aux autres domaines de la vie sociale, sphères politique, professionnelle et familiale, les inégalités en matière de santé frappent d’emblée par un trait particulier : les femmes semblent avoir une position plus favorable, leur espérance de vie étant plus élevée que celle des hommes. Toutefois, si elles vivent plus longtemps que les hommes, elles passent aussi plus d’années qu’eux en mauvaise santé et présentent des taux de morbidité bien différents de ceux des hommes, aux différents âges et pour nombre de pathologies. L’histoire de leurs corps peut être marquée par leur appartenance de sexe (maladies liées à la grossesse et à l’accouchement, cancer des organes reproductifs) mais aussi par leur appartenance de genre (effets des métiers « féminins », stress liés aux cumuls des tâches familiales et professionnelles, violences physiques et psychiques, etc.). L’histoire des corps masculins renvoie aussi aux poids de la biologie (cancers des organes sexuels masculins) et des rapports de genre (effets des métiers « masculins », alcoolisme, tabagisme etc.).
Si les différences selon le sexe sont bien établies dans les enquêtes de santé publique, force est de constater que les recherches se donnant pour objet de comprendre de tels écarts dans une perspective de genre restent encore rares, notamment en France. Une pensée naturalisante des stéréotypes de genre, encore prégnante même dans les revues scientifiques prestigieuses, tend à réifier l’idée d’une constitution féminine différente d’une constitution masculine. De fait, les disparités de santé entre les sexes sont encore bien souvent interprétées à l’aune des constitutions physiques des femmes et des hommes sans s’interroger sur le poids des représentations du masculin et du féminin et des pratiques sociales genrées, et sur l’articulation entre différentes formes d’inégalités et de relations de pouvoir.
Cette faible prise en compte de la dimension de genre dans le champ de la santé est à mettre en lien avec le recours tardif en France à ce cadre d’analyse, et notamment à l’articulation du genre avec d’autres rapports sociaux. Mais c’est aussi parce que le genre est rarement pensé comme un rapport social producteur d’inégalités de santé.
Ce colloque interrogera les modalités d’incorporation des différences de sexe/genre dans notre compréhension du normal et du pathologique, sur les effets de la biologie sur le genre, et du genre sur la biologie. Il s’agira également de questionner la systématicité de la bipartition de la population selon le sexe pour rendre compte des inégalités sociales de santé tandis que la distinction entre sexe et genre devient l’objet d’une interrogation de plus en plus complexe.
Ce colloque pluridisciplinaire se donne ainsi pour objectif de comprendre comment les rôles sociaux liés au genre tendent à orienter la façon dont les femmes et les hommes sont (i) exposé.e.s différemment à des problèmes de santé, (ii) comment elles et ils se représentent les affections qui les touchent et (iii) ont ou non recours au système de soins, (iv) et comment les réponses des professionnels de santé se construisent différemment selon le sexe de leurs patients. On analysera en particulier la façon dont le genre participe à construire les troubles de la vie psychique, les représentations des maladies comme le cancer et les affections cardio-vasculaires, les questions de santé sexuelle et reproductive, dans des contextes sociaux, professionnels et de soins eux-mêmes genrés.
Les propositions de communication (2 pages) accompagnées d’un CV seront déposées avant le 30 septembre 2014 via le formulaire ouvert sur le site internet de l’IEC : http://www.institutemilieduchatelet.org/colloque-detail?id=246
Elles devront s’inscrire dans une des thématiques suivantes :
A Genre, maladie cardio-vasculaire et vieillissement, B Genre et santé au travail, C Genre et cancer, D Genre et santé mentale, E Genre et santé sexuelle
Contact :
iec@mnhn.fr

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4 - THÈSES :

• Loïc Szerdahelyi a soutenu sa thèse intitulée "Femmes d’action ». Parcours d’enseignantes d’EPS en France, des recrutements séparés à la mixité des concours (1941-1989)" le 11 juin 2014, à 9h, à l’Institut des Sciences de l’Homme (ISH Lyon)
Jury :
Michelle Zancarini-Fournel, Professeure émérite, université Lyon 1, Directrice
Philippe Liotard, Maître de conférences, université Lyon 1, Co-directeur Christine Mennesson, Professeure, université Toulouse 3, Rapporteure
Luc Robène, Professeur, université Bordeaux 2, Rapporteur
Rebecca Rogers, Professeure, université Paris Descartes
Résumé :
En France, dans la seconde moitié du XXe siècle, l’enseignement de l’éducation physique et sportive est marqué par la sportivisation de la discipline, l’hétérogénéité des statuts enseignants et la séparation sexuée des recrutements. Si le régime de Vichy, en 1941, confère à l’éducation physique sa dimension sportive, sur fond de division sexuée et statutaire des recrutements, ce n’est qu’en 1989 que le concours du professorat, désormais seule voie d’accès à l’enseignement, devient commun pour les femmes et les hommes. De la séparation à la mixité, la diversité des existences interroge les processus d’adhésion et d’intégration des femmes à un métier historiquement masculin. Á partir de dossiers de carrière, d’entretiens et de questionnaires, auxquels s’ajoute la presse syndicale et professionnelle, cette histoire sociale genrée des enseignantes d’EPS appréhende la diversité des parcours au regard de leurs expériences sociales, professionnelles, familiales. Sous couvert de contraintes structurelles et conjoncturelles, cette étude donne la primeur à l’individu actrice de sa propre vie. Le temps long est marqué par la construction d’une émancipation professionnelle et l’expression d’une relative liberté d’être et d’agir, au sein de carrières pondérées par le poids de la famille, mais guidées aujourd’hui par un idéal d’égalité. Ce travail de doctorat entend participer à un renouvellement de l’histoire du sport et de l’éducation physique, par les femmes, les statuts et l’individu, afin d’aborder in fine la controverse professionnelle sur la mixité.
Mots-clés :
Enseignantes, éducation physique et sportive, genre, parcours, carrières, mixité.
Contact :
loic.szerdahelyi@gmail.com

• Lucie Nayak soutiendra sa thèse de sociologie intitulée "Sexualité et handicap mental. Enquête sur le traitement social de la sexualité des personnes désignées comme « handicapées mentales » en France et en Suisse", préparée en cotutelle internationale sous la direction de Claudine Burton-Jeangros (Université de Genève) et de Philippe Combessie (Université Paris Ouest) le mardi 1er juillet 2014 à 14h15 à l’Université de Genève, Bâtiment Uni-Mail, 40 Boulevard du Pont d’Arve, en salle 2160.
Jury :
Claudine Burton-Jeangros, Professeure à l’Université de Genève, codirectrice de la thèse
Philippe Combessie, Professeur à l’Université Paris Ouest, codirecteur de la thèse
Eric Fassin, Professeur à l’Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis, rapporteur
Alain Giami, Directeur de recherche à l’INSERM, rapporteur
Eric Widmer, Professeur à l’Université de Genève, président du jury
Résumé :
Le propos de la thèse est d’étudier le traitement social de la sexualité des personnes désignées comme « handicapées mentales » en Suisse et en France, par le biais d’une enquête qualitative réalisée par entretiens avec des personnes considérées comme « handicapées mentales », des parents, des éducateurs spécialisés et des assistants sexuels.
Une première partie est consacrée à l’analyse des représentations des personnes désignées comme « handicapées mentales » au sujet de la sexualité et à la mise en lumière des formes de leur vie sexuelle. Les données du terrain ont révélé quatre types de sexualité. Les deux premiers, majoritaires sur notre terrain, sont la sexualité écartée, qui est celle des personnes refusant les relations sexuelles ou se déclarant indifférentes à la sexualité, et la sexualité conformiste normalisante, caractérisée par une grande conformité aux normes sexuelles qui prévalent à l’ère de la « santé sexuelle », à travers laquelle les personnes « handicapées » recherchent une « normalité » qui ne leur est pas reconnue dans les autres domaines de leur vie. En marge de ces deux principales catégories, la sexualité revendicative est celle des personnes luttant pour l’autodétermination de leur vie sexuelle et refusant les contraintes qui leur sont imposées par la vie institutionnelle. Enfin, les personnes à la sexualité alternative opèrent une redéfinition de la sexualité en érotisant des pratiques qui ne sont pas ordinairement considérées comme en relevant. Cette typologie offre une première grille de lecture de la sexualité des personnes « handicapées mentales », souvent commentée mais qui demeurait inexplorée. Les analyses développées opèrent une rupture avec les représentations dominantes en déconstruisant les spécificités communément prêtées à leur sexualité. Alors que, de façon quasi systématique, leurs comportements sexuels sont expliqués par leur seul handicap, nous montrons que les différentes catégories de sexualité observées ne sont pas spécifiques aux personnes « handicapées ». En revanche, nous mettons en évidence l’influence de la désignation en tant que personnes « handicapées mentales » sur la vie sexuelle de celles et ceux qui en ont fait l’objet, et donc son caractère socialement construit de cette sexualité. Cette première partie permet ainsi de définir ce à quoi l’on fait référence lorsque l’on parle de « la sexualité des personnes handicapées ».
Se construisant largement en réaction aux positionnements des autres catégories d’acteurs en la matière, la sexualité des personnes considérées comme « handicapées mentales » ne peut se comprendre sans l’analyse des représentations et des pratiques institutionnelles et parentales relatives à son accompagnement, objectif de la deuxième partie de cette thèse. Dans le récent contexte normatif de la « santé sexuelle », celles-ci se sont considérablement transformées. Les données du terrain révèlent tout d’abord la persistance de représentations qui envisagent les personnes « handicapées mentales » comme porteuses d’une différence perçue comme une caractéristique individuelle, qui les sépare du monde des « valides ». Dans une telle perspective, leur sexualité est considérée comme impossible car dangereuse. Mais parallèlement s’observe une tendance croissante à la reconnaissance de leurs « besoins » en termes de « santé sexuelle » et au développement de conduites visant à en favoriser la satisfaction. Celles-ci découlent d’une évolution des représentations de la personne « handicapée mentale », qui tend désormais à être envisagée comme une « personne », à laquelle il convient de donner les mêmes droits qu’aux « non handicapés ».
Dans ce contexte paradoxal, nous avons fait émerger quatre positionnements institutionnels et parentaux, qui s’inscrivent sur un continuum allant de l’interdit à l’encouragement de la sexualité dans une perspective de santé, en passant par les nuances de la compensation de la différence et de la limitation. Cette typologie met en évidence cette situation de paradoxe et les conflits qu’elle entraîne, qui débouchent sur le maintien de la sexualité des personnes « handicapées mentales » dans la liminalité : si elle n’est plus totalement empêchée, elle n’est pas laissée libre de s’exprimer au même titre que celle des « valides ».
Depuis quelques années, une nouvelle catégorie d’acteurs est impliquée dans l’accompagnement de la sexualité des personnes « handicapées mentales ». Il s’agit des assistants sexuels, dont les représentations et les pratiques sont analysées dans la troisième et dernière partie de cette recherche. L’analyse porte sur le travail de promotion de la « santé sexuelle » réalisé par cette activité récente, qui repose sur un objectif pragmatique : permettre aux personnes « handicapées » d’accéder à la sexualité dans un objectif de santé. Cela suppose la transgression de plusieurs normes sexuelles dominantes, telles que la gratuité des échanges sexuels, l’association de la sexualité et des sentiments amoureux et l’exclusivité sexuelle. L’assistance sexuelle rend également possible des contacts sexuels entre des personnes « handicapées », notamment « handicapées mentales » et des individus « valides », brisant ainsi un interdit moral important. Mais ces transgressions ne sont pas revendiquées en tant que telles. Les assistants sexuels les présentent comme nécessaires à ouvrir l’accès des personnes « handicapées » à la sexualité mais n’en font pas l’apologie en dehors de leur activité. Au contraire, nous observons qu’ils tendent à perpétuer certaines représentations traditionnelles de la sexualité et du handicap. Ainsi soutenons-nous que l’assistance sexuelle est finalement une activité conformiste, qui sert l’idéologie actuelle de la « santé sexuelle », qu’elle valide et dont elle est une application pratique. Si l’assistance sexuelle présente l’intérêt d’offrir une solution concrète aux personnes « handicapées », elle ne s’inscrit pas dans la logique de leur inclusion sociale. En tant que dispositif qui leur est spécifiquement destiné, elle illustre au contraire le statut liminal qui leur est réservé.
En prenant le parti de mobiliser le handicap mental et la sexualité comme des révélateurs mutuels, cette recherche se donne ainsi pour objectif d’analyser comment les différentes catégories d’acteurs impliqués dans l’accompagnement de la sexualité des personnes « handicapées mentales » co-construisent les normes qui régissent la vie sexuelle de ces dernières. Elle vise à offrir une étude la plus complète possible du traitement social de leur sexualité et des logiques qui le sous-tendent.
Contact :
lucienayak@yahoo.fr

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5 - EN LIGNE :

• Cahiers du GRIF en ligne
Les Cahiers du GRIF, périodique féministe francophone fondé en 1973 par Françoise Collin au sein du Groupe de recherche et d’information féministes à Bruxelles était une revue à numéros thématiques, chaque numéro identifiant, explorant, et analysant, une dimension particulière du rapport au monde appréhendé du point de vue des femmes ou du genre : la parenté, la politique, l’amour, la sexualité, le savoir, le travail, la création, etc. à travers réflexions et témoignages. L’approche était transdisciplinaire, voire extra -disciplinaire et faisait recours – surtout dans la première étape de sa parution – à l’expérience autant qu’au savoir qu’elle contribue d’ailleurs à constituer. Il s’agissait d’inciter les femmes à refonder en quelque sorte en leur nom propre leur rapport théorique et pratique au monde et à l’autre. La revue a accompagné et soutenu de manière autonome le développement de la pensée féministe depuis ses premiers balbutiements jusqu’à son institutionnalisation universitaire dans le cadre des « études de genre ». Les cahiers ont paru de 1973 à 1997, Les bulletins (ISSN 0770-6138) de 1980 à 1982
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/revue/grif

• Transgender Studies Quarterly, Volume 1, Number 1-2, May 2014
Welcome to TSQ : Transgender Studies Quarterly, which we intend to be the journal of record for the rapidly consolidating interdisciplinary field of transgender studies. Although the field is only now gaining a foothold in the academy, the term transgender has a long history that reflects multiple, sometimes overlapping, sometimes even contested meanings. For some, it marks various forms of gender crossing ; for others, it signals ways of occupying genders that confound the gender binary. For some, it confers the recognition necessary for identity-based rights claims ; for others, it is a tool to critically explore the distribution of inequality. The term transgender, then, carries its own antinomies : Does it help make or undermine gender identities and expressions ? Is it a way of being gendered or a way of doing gender ? Is it an identification or a method ? A promise or a threat ? Although we retain transgender in the full, formal title of this journal, we invite you to imagine the T in TSQ as standing in for whatever version of trans- best suits you — and we imagine many of our readers, like us, will move back and forth among several of them. We call your attention as well to our use of the asterisk (symbol of the open-ended search) in the journal’s logo, our hopefully not-too-obscure gesture toward the inherently unfinishable combinatorial work of the trans- prefix. Whatever your critical, political, or personal investment in particular trans- terminologies, we hope that you will find — or make — an intellectual home for yourself here.
http://tsq.dukejournals.org/content/current

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6 - PUBLICATIONS :

• Langage et Société, "Recherches linguistiques sur le genre : bilan et perspectives", n° 148, éditions de la MSH, 170 p., 16,50 euros. ISBN : 978-2-7351-1609-6
Numéro coordonné par Luca Greco
Sommaire :
Luca Greco (Paris III) - « Présentation du numéro ».
Luca Greco (Paris III) - « Les recherches linguistiques sur le genre : un état de l’art ».
Marie-Ève Arbour et Hélène de Nayves (Office québécois de la langue française) - « Féminisation linguistique : étude comparative de l’implantation de variantes féminines marquées au Canada et en Europe ».
Régis Schlagdenhauffen (CNAM) - « Une écriture du désir bisexuel est-elle possible ? ».
Deborah Cameron (Oxford) - "Straight talking : the sociolinguistics of heterosexuality".
http://www.editions-msh.fr/livre/?GCOI=27351100030970&fa=sommaire

• Nicole-Claude Mathieu, L’anatomie politique II : usage, déréliction et résilience des femmes, La Dispute, 368 p., 26 euros. ISBN : 9782843032516
Ce recueil constitue le prolongement du classique qu’est devenu L’Anatomie politique (catégorisations et idéologies du sexe) réédité chez iXe. Il présente les travaux les plus récents d’une des théoriciennes les plus importantes du féminisme français qui dès 1971 faisait sortir les catégories de sexe du naturalisme.Ses travaux d’anthropologie ont contribué à fonder et continuent aujourd’hui d’irriguer les théories du genre et des rapports sociaux de sexe.
http://ladispute.atheles.org/mouvementsdesociete/lanatomiepolitique2

• Guyonne Leduc, Comment faire des études-genres avec la littérature. Masquereading, L’Harmattan, 314 p., 32 euros. ISBN : 978-2-343-03412-6
Issues d’un séminaire doctoral (Lille 3, 2013), ces 19 contributions (littérature, philosophie, droit, sociologie, cultural studies…) tentent de répondre à deux questions : que fait-on quand on écrit " sur " les genres ? Dans quel cadre épistémologique est-on ? Autrement dit, quels régimes de savoirs/pouvoirs informant les genres combat-on dans la perspective ouverte par la critique féministe qui a posé un regard politique sur les relations de pouvoir, que génère le système sexe/genre dominant ?
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=43508

• Damlé, Amaleena et Gill Rye (Eds.), Aventures et expériences littéraires. Écritures des femmes en France au début du vingt-et-unième siècle, Amsterdam Rodopi, New York, 336 p., 73 euros. ISBN : 978-90-420-3841-7
Dans ce nouveau millénaire, le champ littéraire en France continue à nous offrir des écrivains et des écrivaines étincelant(e)s, qui ne craignent pas de provoquer et de prendre des risques littéraires et philosophiques. Plus que jamais, les écrivaines, qui ont longtemps lutté pour être reconnues comme artistes et penseuses égales aux hommes, se trouvent au premier plan des expérimentations littéraires contemporaines.
Aventures et expériences littéraires identifie et explore les mouvements clés de l’écriture des femmes au cours de la première décennie du vingt-et-unième siècle, regardant en arrière afin de remarquer l’évolution des thèmes féminins et féministes précédents, et s’ouvrant à de nouveaux horizons et à « l’encore à venir ». Les aventures et expériences des femmes sont explorées ainsi que les parcours littéraires suivis par des écrivaines reconnues telles que Christine Angot, Nina Bouraoui, Virginie Despentes, Régine Detambel, Annie Ernaux et Marie NDiaye au côté de nouvelles voix comme Gwenaëlle Aubry, Chloé Delaume ou Sumana Sinha.
http://www.rodopi.nl/ntalpha.asp?BookId=FAUX+394

• Aurore Evain, Perry Gethner et Henriette Goldwyn (dir.), Théâtre de femmes de l’Ancien Régime, vol. 1, XVIe siècle, Garnier, 516 p., 32 euros. ISBN 978-2-8124-2051-1
Réédition de ce premier volume
Des dizaines de femmes ont participé à la floraison du théâtre sous l’Ancien Régime. Le premier volume de cette anthologie témoigne de leur arrivée sur ce terrain. Il présente un choix varié de pièces (farces, comédies, tragi-comédies, bergeries, pastorales, dialogues...) écrites par la reine Marguerite de Navarre, la poétesse lyonnaise Louise Labé et l’animatrice d’un célèbre salon poitevin, Catherine Des Roches. Les oeuvres de ces trois pionnières sont présentées en français moderne, annotées par des spécialistes. L’ensemble met en valeur l’étonnante richesse du théâtre du XVIe siècle, alors en pleine effervescence et mutation, et fait entendre la voix de femmes engagées dans les débats de leur temps.
http://www.classiques-garnier.com/editions/index.php?page=shop.product_details&flypage=flypage_garnier.tpl&product_id=1543&category_id=15&keyword=th%C3%A9%C3%A2tre+de+femmes&option=com_virtuemart&Itemid=1&vmcchk=1&Itemid=1

• Iona Lupu, Carrières de femmes. Identité, socialisation et vie familiale dans les cabinets d’audit et d’expertise, Vuibert, 256 p., 26 euros. ISBN : 978-2-311-01359-7
A l’heure où certains remettent en cause la notion de « genre », cette enquête remet les pendules à l’heure et permet de comprendre les mécanismes entraînant la rareté des femmes dans les positions de responsabilité. Minutieuse et vivante, elle analyse les représentations que les femmes se font des obstacles à affronter et les ressorts intérieurs qui ont déterminé leur succès ou, au contraire, leur insuccès professionnel. Elle montre que la rareté des femmes aux postes élevés se construit progressivement, dès le début de leur carrière et tout au long de celle-ci. Elle porte sur les cabinets d’audit et d’expertise comptable, mais les résultats sont généralisables à l’ensemble des cabinets spécialisés et au-delà à l’ensemble de la vie professionnelle.
Ce livre s’adresse à tous ceux qui s’intéressent aux problématiques du genre et d’(in)égalités professionnelles, et notamment aux départements RH des grands cabinets et des grandes entreprises, ainsi qu’aux consultants et chercheurs en RH.


Fédération de recherche sur le genre RING (FR 4120)
Bâtiment D - Salle 226
Université Paris 8
2 rue de la Liberté
93526 Saint-Denis - Cedex 02
- permanence tous les mardis -
01 49 40 73 49
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