Date de mise en ligne : [05-02-2014]
Mots-clés : anthropologie | sociologie | marché du travail | travail
Sous la direction de Marie Buscatto, I.D.H.E.S., Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Cnrs, et Bernard Fusulier, FNRS, Université de Louvain - GIRSEF & CIRFASE
Loin d’une idéale mixité femmes-hommes, les recherches contemporaines soulignent la permanence des attributions sexuées dans de nombreuses pratiques sociales – culturelles, vestimentaires, sportives ou familiales par exemple. Les pratiques professionnelles ne font pas exception : les ségrégations genrées horizontales – répartissant les femmes et les hommes respectivement autour d’emplois « féminins » et d’emplois « masculins » – restent fort prégnantes dans les sociétés occidentales.
Si les travaux se sont multipliés pour mieux saisir les conditions d’entrée, de maintien et de promotion des femmes dans les mondes professionnels « masculins », la situation inverse reste encore trop peu explorée dans la littérature scientifique. Comment expliquer que les hommes soient si peu nombreux dans les domaines « féminins » ? Que se passe-t-il pour les hommes qui se risquent dans l’exercice d’emplois « féminins » ? Quels sont les ressorts et les limites de leur transgression du genre ? Quelles en sont, encore, les conséquences sur les individus concernés – leurs rémunérations, leurs trajectoires ou leur rapport au travail ?
A travers ce numéro, il s’est agi de saisir de manière systématique aussi bien les modalités sociales d’insertion, de professionnalisation, de promotion et de légitimation des hommes dans les espaces professionnels « féminins » que les manières dont ils développent une identité « masculine », pour soi et pour autrui, qui leur convienne.
Présentant sept cas empiriques originaux étudiés en France, en Suisse, en Italie et aux Etats-Unis – fleuristes suisses, sages-femmes français, danseurs italiens, strip-teaseurs français, entrepreneurs étatsuniens, orthophonistes et conseillers conjugaux français –, ce numéro enrichit notre connaissance des conditions et des processus d’entrée, de maintien, de progression et de construction identitaire des hommes dans les domaines professionnels « féminins » au sein des pays occidentaux à l’aube du XXIe siècle.