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Des violences conjugales aux violences intrafamiliales : quelles définitions pour quelles compréhensions du problème ?

Avant le 3 février - revue EFG


Date de mise en ligne : [16-01-2014]



Mots-clés : violence | famille


Pour un prochain numéro de la revue EFG (Canada) au printemps 2015

Rédactrices invitées :

Marylène Lieber, professeure associée, Université de Genève (Suisse)
Marta Roca Escoda, maître d’enseignement et de recherche, Université de Lausanne (Suisse)

Argumentaire :

Les violences faites aux femmes sont désormais une catégorie d’action publique. Elles font l’objet de débats et de controverses dans l’espace public, de comptages - quoique partiels - par les pouvoirs publics et de politiques publiques, via des campagnes de prévention, la création de refuges ou de centres de conseils, qui réunissent une pluralité d’acteurs institutionnels et non institutionnels, à l’échelle nationale comme à l’internationale. Elles font également l’objet de législations spécifiques qui varient d’un contexte à l’autre.
Bien que les violences faites aux femmes ont été définies dans un premier temps comme des violences interpersonnelles structurelles aux rapports sociaux de sexe - la dimension féministe de ce terme entendant souligner les rapports de pouvoir qui sont au cœur de ce phénomène (Kelly, 1987) -, cette acception très large du terme a amené les acteurs sociaux, juridiques et politiques à différencier les catégories en violences sexuelles et violences conjugales ou encore en violences intrafamiliales, et à développer des actions différenciées sur certains types de violences faites aux femmes en fonction des espaces sociaux dans lesquels elles sont commises (agressions sexuelles dans la famille, harcèlement au travail, violences domestiques, harcèlement de rue, etc.) Il existe une diversité de définitions du phénomène - selon les caractéristiques des agressions, les périodes historiques et les contextes nationaux - qui ont des conséquences importantes sur les politiques et les actions mises en place. Il est donc nécessaire d’analyser quels sont les moteurs de ces changements, les motivations politiques et sociales, ainsi que les solutions proposées en fonction de la définition du problème dans des études de cas spécifiques (Gusfield, 1981 ; Bacchi, 1999).
De nombreuses recherches témoignent de l’intérêt politique et scientifique croissant porté à la question des violences envers les femmes (Vigarello, 1998 ; Romito, 2006 ; Lovett et Kelly, 2009), mais c’est davantage l’espace domestique qui a fait l’objet de l’attention publique ces dernières années, toutes les statistiques soulignant que les violences envers les femmes sont d’abord des violences d’hommes que les femmes connaissent et que le lien conjugal, avec la dépendance féminine qu’il engage souvent, est particulièrement propice à l’instauration d’un climat de contrôle et de violences (Gillioz et al., 1997 ; Jaspard et al., 2003). Cette perspective centrée sur la famille procède également d’une reconfiguration du problème, qui contribue en retour à orienter et légitimer l’action publique en la matière. Quelles sont donc les conséquences d’une perspective centrée sur la famille ? Celles-ci sont-elles les mêmes dans toutes les configurations nationales ?
En effet, si les organisations internationales contribuent à diffuser une perspective féministe axée sur les rapports sociaux de sexe, dans quelques contextes, comme en Suisse, dès les années 2000, le discours féministe a été largement marginalisé au profit d’une perspective sur les violences dans le cadre familial, qui ne se concentre pas forcément sur le lien conjugal mais insiste sur les diverses formes de violences entre les membres de la famille. Tandis qu’en France, le traitement institutionnel des violences conjugales aurait tendance à favoriser parfois le rétablissement de l’harmonie dans le couple au détriment du droit des femmes à ne pas subir de violences (Volpi, 2012). Dans d’autres cas, se concentrer sur la famille invite à réfléchir à la situation des enfants (Déroff et Potin, 2013). À l’heure actuelle, la question des violences en famille recouvre donc une pluralité de terminologies et de compréhensions du problème qui renvoient aux manières spécifiques dont la question a été publicisée et aux acteurs qui ont permis de faire émerger ce problème comme un problème public devant faire l’objet d’une attention de la part des pouvoirs publics. Dans cette pluralité de compréhensions du phénomène, nous voulons mettre l’accent sur la dimension conjugale et familiale comme lieu (i.e., cadre et rapport) de problématisations de ces violences.
Depuis la sociologie des problèmes publics et dans une perspective de genre, ce dossier entend rendre compte des enjeux définitionnels actuels des violences envers les femmes, et retraçant une variété de définitions et actions qui ont été et sont faites de ces violences dans divers contextes nationaux et au niveau international, et en privilégiant les définitions du problème dans le cadre domestique et/ou familial. Comment peut-on expliquer qu’à un moment donné des violences qui ont été passées sous silence pendant des lustres apparaissent comme intolérables, inacceptables ? Qui sont les acteurs qui ont porté cette question et quel était le contexte qui a permis une meilleure réception de telles revendications ? Comment ces violences sont-elles définies ? Qu’en est-il des outils pour mesurer ces violences ? Autant de questions qui serviront de fil rouge à ce projet de numéro.
Pour ce faire, ce dossier vise des contributions issues des enquêtes réalisées dans divers contextes nationaux qui observent le phénomène des violences de genre avec une approche historique ainsi que depuis la sociologie des problèmes publics et politiques publiques en regardant comment l’action publique autour des violences de genre est conceptualisée. Est-ce que les politiques initiées en termes de violences domestiques ou intrafamiliales sont similaires à celles engagées en termes de violences conjugales ? La terminologie utilisée renvoie-t-elle à des conceptions et des définitions similaires du problème ? Et qu’en est-il des violences sexuelles dans le couple ou à l’égard des enfants ? Comment celles-ci sont-elles comptabilisées ? Enfin, quels sont les rapports entre les définitions du problème et les définitions du lien familial ?
Ce dossier va privilégier des articles qui permettent de mettre au jour le travail de redéfinition et de reconfiguration au sein de diverses sphères sociales et institutionnelles, qu’elles soient militantes, juridiques, médicales, médiatiques, statistiques, policières ou politiques, de la problématisation des violences envers les femmes, tel qu’effectué initialement par les militantes et chercheuses féministes.

La proposition doit être soumise en ligne sur le site Web de la revue avant le 3 février 2014. Pour ce faire, vous devez créer un compte d’usager en tant qu’auteur, en cliquant sur l’onglet « S’inscrire ». Votre soumission doit comprendre un titre provisoire, un résumé (1 500 à 2 000 caractères, espace compris) ainsi que les coordonnées de tous les auteurs.
Les manuscrits complets (50 000 à 60 000 caractères, espaces compris, excluant le résumé et la bibliographie) des propositions retenues par les rédactrices invitées devront être soumis en ligne avant le 16 mai 2014.
Les auteurs sont priés de se conformer aux règles d’édition de la revue : www.efg.inrs.ca/index.php/EFG/about/submissions#authorGuidelines
Tous les manuscrits sont acceptés ou refusés sur la recommandation de la direction et des responsables de ce numéro thématique de la revue, après avoir été évalués à l’aveugle par deux ou trois lecteurs externes.

Contact :

efg@ucs.inrs.ca

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