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Prévenir les violences basées sur le genre : mécanismes et stratégies ?

Avant le 22 février - Saint-Louis (Sénégal)


Date de mise en ligne : [17-02-2015]



Mots-clés : violence


Colloque international organisé par le Groupe d’Etudes et de Recherches Genre et Sociétés (GESTES)

Université Gaston Berger de Saint-Louis, Sénégal

18 au 20 mars 2015

Argumentaire :

L’année 1975 marque sans aucun doute un tournant important dans la politique internationale sur la question des femmes car c’est à partir de cette date que la Décennie de la femme est proclamée par les Nations Unies. La Conférence de Mexico organisée à cet effet, à la demande de l’Assemblée générale des Nations Unies pour attirer l’attention internationale sur le besoin de développer des objectifs précis et des stratégies efficaces et des plans d’action en faveur de la promotion des femmes, constitue un tournant décisif de l’agenda international sur les questions des femmes. L’Assemblée générale avait identifié trois objectifs clés qui devaient servir de base au travail des Nations Unies relatif aux femmes :

· L’intégration et la pleine participation des femmes au développement ; et
· Une contribution de plus en plus importante des femmes au renforcement de la paix internationale.
· Une égalité complète entre les hommes et les femmes et l’élimination de la discrimination fondée sur le sexe ;
[...]

 Par ailleurs, les initiatives des Nations Unies vont influencer la Commission Economique pour l’Afrique qui a élaboré l’Indice de développement et des inégalités entre les sexes en Afrique, outil destiné aux politiques publiques. En plus, des institutions et mécanismes seront créés pour faciliter l’intégration du genre dans les différentes politiques publiques et lutter contre toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes. Il s’agit entre autres au niveau de l’Union Africaine (UA) de la déclaration solennelle des chefs d’Etat sur l’égalité entre les hommes et les femmes en Afrique (2004), de « La décennie africaine de la femme » (2010), au niveau de la CEDEAO de la création l’Unité Genre au secrétariat exécutif à Abuja et le Centre de Développement du Genre à Dakar (2003) et l’adoption du plan stratégique sur le genre (2004) ainsi que la politique en matière de sexospécificités (2004). Au niveau national, à la suite de la revue du premier plan d’Action National de la femme de 1982, l’Etat du Sénégal élabora le deuxième Plan d’Action National de la Femme (1997-2001), en rapport avec les recommandations de Beijing, autour de différents objectifs, dont la question des « droits des femmes ». 
Cette option du Gouvernement du Sénégal s’est traduite par l’élaboration de la Stratégie Nationale d’Equité et d’Egalité de Genre en 2005 sur la base de l’évaluation du deuxième plan d’action. Elle se fixe l’horizon 2015 comme référence pour faire progresser l’égalité et l’équité et réduire les inégalités dans la perspective de l’atteinte des OMD. 
Malgré cette volonté politique affirmée, les femmes continuent encore de vivre des discriminations dont les Violences basées sur le Genre (VBG), ce qui justifie l’initiative lancée par le Secrétaire Général des NU « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes ». Ce cri de cœur au niveau international se passe dans un contexte de recrudescence des VBG dans différentes formes et dans des milieux insoupçonnés, ce qui nécessite la mobilisation de tous les acteurs dans des recherches et des actions pour mieux comprendre le fléau afin de mieux lutter contre et développer des stratégies adaptés de prévention. Le Groupe d’Études et de Recherches Genre et Sociétés (GESTES) a bénéficié à cet effet du soutien technique et financier du Centre International pour la Recherche et le Développement (CRDI) d’un projet de 36 mois sur « Violences Basées sur le Genre (VBG) au Sénégal : la prévention comme alternative aux périls de sécurité et de justice ». La recherche effectuée avec ce projet a permis de disposer de disposer d’informations sur les VBG dans différents milieux : les ménages, les milieux de formation, l’environnement professionnel tout en interrogeant le traitement du phénomène par les médias. Ce projet comme d’autres menés dans différents pays s’inscrivent dans la recherche de la compréhension des violences basées sur le genre qui constituent un cadre conceptuel récent. En effet, malgré la volonté politique affirmée, les différents acteurs impliqués dans la prise en charge de ce phénomène n’ont ni le même niveau de conscientisation, ni le même niveau d’action, en dépit de la nécessité reconnue à l’échelle internationale de la prise en charge simultanée de ces VBG à différentes échelles et dans toutes les sphères de la société, en commençant par les communautés de base. Par ailleurs, les VBG ont longtemps été confinées dans la sphère privée, domaine au sein duquel les États et les pouvoirs publics n’interviennent qu’exceptionnellement quand elles interfèrent avec le domaine public. De ce fait, des efforts restent à fournir pour une capitalisation par tous les acteurs impliqués (santé, justice, sécurité, familles, organisations de femmes, chercheurs, autorités…) dans la prévention et la prise en charge des violences. Pour analyser les VBG, il convient également de s’intéresser aux cadres sociaux d’expérience (Goffman, 1991) et aux différentes sphères de la vie : politique, économique, sociale, religieuse, professionnelle, éducative. Cela permet de comprendre dans quelle mesure les espaces publics et/ou privés peuvent constituer des lieux de leur prolongement et/ou de leur reproduction. La plupart des recherches se concentrent sur l’espace domestique comme lieu, par excellence, de production et de reproduction de violence, notamment celles basées sur le genre. C’est pour combler le déficit de connaissances sur les VBG et explorer les mécanismes de prévention des violences basées sur le genre qui justifient l’organisation d’un colloque international coïncidant avec les dix ans de GESTES au service du genre sur les violences basées sur le genre. Ce colloque s’inscrit dans une démarche pluridisciplinaire et s’articule autour de cinq (05) axes de réflexion. Des communications basées sur des recherches de terrain dans différentes zones sont attendues.

Axe 1 - Les violences basées sur le genre dans les ménages

Les violences basées sur le genre trouvent son origine dans les rapports de force historiquement inégaux entre hommes et femmes. Souvent, même les études menées ne sont pas désagrégées selon l’âge, la presse rapporte tous les jours des abus et violences à l’endroit de jeunes femmes et des jeunes filles au sein de leur propre famille. Cette situation interpelle au plus haut point la puissance publique mais aussi tous les autres acteurs de la société. Elles constituent l’une des principales atteintes aux droits humains. Au sein des ménages, les croyances et tabous, le devoir de réserve sur la vie privée fait que le vécu de nombreuses femmes/filles et hommes/garçons n’est pas connu. Lorsque le vécu est révélé, c’est souvent pour dénoncer l’abandon conjugal, l’adultère, la maltraitance physique. Les interventions attendues dans cette thématique permettront de comprendre les causes profondes des VBG, leurs manifestations et les mécanismes pour y remédier.

Axe 2 - Les violences basées sur le genre en milieu de formation

Le phénomène des violences persiste toujours et touche des milieux insoupçonnés. L’on risque de ne pas saisir la complexité des VBG si l’on ne prend pas en compte la dimension symbolique et les lieux dans lesquels elles sont construites. Les VBG en milieu de formation qui, bien que souvent considéré comme un espace laïc et démocratique, est aussi un lieu potentiel de production de violence, d’inégalité et d’injustice. En général l’institution éducative représente le premier « espace sur » dont les citoyens de demain sont formés. Or ces institutions sont des cadres sociaux où se reproduisent les relations de pouvoir, les pratiques de domination et de discrimination domination de pouvoir de la société dans son ensemble. Les communications dans cette thématique interrogeront les causes, les manifestations et les sources de production et de reproduction des VBG en milieu de formation

Axe 3 - Les violences basées sur le genre en milieu professionnel

La plupart des perspectives sur la violence en milieu professionnel mettent l’accent sur les abus des employeurs sur les employés, en présentant la violence comme un phénomène à sens unique. Elles traitent principalement des pressions psychologiques telles que le harcèlement sexuel, le chantage et l’intimidation dont sont souvent les principales victimes sont les femmes. Le traitement des médias de ces cas a fini par favoriser la banalisation de ces abus, érigés d’ailleurs au rang de « faits divers ». Or, des analyses sociologiques ont montré que les violences ne sont pas des « faits divers », mais des phénomènes de toute structure sociale. Dans ce sens, les milieux de travail sont présentés comme des champs d’exercice de rapport de forces (Bourdieu : 1998), des lieux conflictuels (Touraine : 1973), des arènes investies par des groupes stratégiques (De Sardan : 1995), des espaces de revendication identitaire et culturel (Sainsaulieu : 1977 et 2001) et des lieux de production d’injustices (Foucault : 1997, Baudelot : 2003, Dubet F. et al. 2006). Cette sociologie des conflits au travail a donné lieu à un arsenal conceptuel : inégalités sociales de travail, fracture sociale, dynamique des conflits, violence symbolique, etc. Pour cette thématique, les interventions porteront sur les causes, les manifestations et les conséquences des VBG en milieu professionnel.

Axe 4 - Les VBG et le traitement des médias

Le paysage médiatique a connu ces dernières années une forte mutation. Ces évolutions trouvent leur origine dans les transformations politiques, les bouleversements économiques et financiers mais aussi dans les avancées technologiques majeures. Le développement d’internet et des TIC en général a favorisé l’essor de nouveaux types de supports comme les sites d’information, les réseaux sociaux et les blogs qui revendiquent le statut de médias au même titre que les supports classiques. Cet accroissement et cette diversité de l’offre médiatique s’accompagnent d’une redynamisation du mouvement associatif au sein de la corporation. De nombreuses études effectuées sur les médias en sociétéont porté entre autres sur les conditions de production et de réception des contenus médiatiques mais c’est sans doute la relation émetteur/récepteur qui a le plus retenu l’attention des spécialistes. En s’inscrivant dans cette perspective, les intervenants de cette thématique chercheront à voir comment mettre les médias de masse au cœur du dispositif de sensibilisation et de la lutte préventive contre les violences basées sur le genre (VBG), un phénomène reconnu aujourd’hui par les instances nationales et internationales de lutte pour les droits de l’homme comme un fléau social du fait du lourd tribut qu’il fait payer aux sociétés contemporaines.

Axe 5 - Prévenir les violence basées sur le genre pour une cohésion sociale

Les études de même que les actions menées sur les violences abordent le phénomène sous un même angle. Il s’agit de la lutte contre les violences. La lutte montre de manière latente l’accomplissement du fait et ignore souvent les actions préalables de prévention qui permettent d’éviter leurs productions.
La prévention est une action classable sous forme d’attitude, de comportement, de mesures et d’outils qui visent à éviter une situation économique, sociale et environnementale. Dans le cas des violences, il s’agit d’action préventive qui aurait une incidence antérieure à leur production. Par conséquent, elle implique différents acteurs. Dans les pays du sud et particulièrement au Sénégal, elle est laissée en rade alors que les cadres de référence qui jouaient ce rôle ont disparu dans les sociétés actuelles à cause de tout un processus d’évolution et de transformation sociétales qui ont produit des changements de comportements ainsi que de nouveaux risques pour les couches vulnérables que sont les filles et les femmes. La prévention devient donc une approche qui aurait aussi bien le mérite de déterminer les causes profondes qui permettent de réfléchir et proposer des solutions durables dans le sens d’une transformation sociale en intégrant de multiples disciplines (économie, sociologie, droit, psychologie, médecine…).

La stabilité des structures sociales passe par un ensemble de normes, de valeurs et d’institutions qui œuvrent à la cohésion sociale. Les paradigmes de recherches en sciences sociales abordent souvent les questions liées au continent africain sous l’angle de la crise et des problèmes qui lui sont spécifiques. En engageant cette recherche sur la prévention des violences basées sur le genre, l’un des objectifs est d’identifier les éléments constitutifs de la cohésion sociale, particulièrement pour les sociétés africaines. Il est important de comprendre les mécanismes et les procédures socialisés qui permettent aux individus de vivre en sécurité. La gouvernance de la paix et de la sécurité est devenue fondamental pour préserver les évolutions consenties par le continent africain dans la résolution des conflits. L’approche intersectionnelle utilisée stipule que les relations de genre s’intègre à l’intersection de différents domaines de l’espace social, économique, religieux, culturel et juridique entre autres. Dès lors, le phénomène des violences basées sur le genre ne peut être abordé qu’en prenant en compte toutes ces dimensions. Mais aussi, pour agir sur les violences, la compréhension des mécanismes qui intègrent la paix dans les relations sociales qu’elles soient structurelle, systémique ou environnementale s’avère indispensable. Ainsi, il peut paraitre surprenant qu’un colloque sur les violences basées sur le genre aborde la cohésion sociale. Il s’agit cependant d’un axe fort de ce colloque qui a pour objectif d’identifier et de proposer des actions en vue de prévenir les violences basées sur le genre.

Objectifs :

Le principal objectif de ce colloque est :
· Identifier les mécanismes de prévention des violences basées sur le genre 
Il existe aussi plusieurs objectifs spécifiques :
· Comprendre les violences basées sur le genre : source, typologie et mécanisme
· Identifier les mécanismes de prévention des violences basées sur le genre
Les propositions de communications sont attendues au plus tard le 22 Février 2015 par email à gestes@ugb.edu.sn. Les notifications seront envoyées au plus tard le 28 Février 2015.Les personnes retenues doivent envoyer les drafts de leur communication au plus tard le 15 Mars 2015.Une publication d’un ouvrage collectif est envisagée comme acte du colloque.

Infos :

www.gestes-ugb.org

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