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Revue

"L’ambivalence du travail : entre exploitation et émancipation"

Nouvelles Questions féministes, Volume 27, n°2


Date de mise en ligne : [16-06-2008]




Coordination : Hélène Martin, Françoise Messant, Gaël Pannatier, Marta Roca i Escoda, Magdalena Rosende, Patricia Roux

Présentation :

Le travail salarié est-il un outil d’émancipation des femmes ? Dans les années 70 du
Mouvement de Libération des Femmes, la réponse paraissait évidente : avoir un emploi devait
permettre aux femmes d’être matériellement indépendantes et de renforcer leurs moyens de
lutte contre la domination des hommes, en particulier au sein du mariage hétérosexuel.
Aujourd’hui, la réponse est plus complexe, car si les femmes ont en effet investi massivement
le marché de l’emploi, elles restent fortement discriminées (salaire, temps partiel, plafond de
verre notamment), et continuent à assumer, en plus, la très grande partie du travail domestique
et éducatif.

Le message fort qui émane des autrices est le suivant : le sort des femmes ne se joue pas dans
le seul monde du travail rémunéré. Si solution d’émancipation il y a, c’est dans la prise en
compte de l’interdépendance entre sphères privée et professionnelle. Autrement dit, la
concentration de tous les efforts sur le seul emploi, au vu du fait, incontestable, que rien ne
change au niveau du « partage des tâches domestiques », est un traquenard.

Les contributions traitent toutes de cette interdépendance, mais à partir de points de vue et de
domaines très différents. Une recherche porte par exemple sur des compagnes de viticulteurs
qui exercent un emploi salarié hors de l’exploitation familiale et qui, pour s’affranchir de la
famille élargie, sont davantage contraintes que leurs aînées aux travaux ménagers. Examinant
la relation entre une « nounou » africaine et une employeuse blanche, de milieu social élevé,
un autre article analyse les implications contradictoires de leur assignation respective au
travail domestique. L’une connaît l’exil, le racisme, l’autre délègue une large partie de « son »
travail à une autre femme qu’elle exploite.

La complexité des voies de l’émancipation ressort aussi de trois autres contributions qui
proposent, chacune à leur manière, qu’un travail professionnel effectué dans la continuité du
travail domestique peut permettre aux femmes de développer un rapport à leur emploi
subversif, voire émancipateur. A partir d’exemples (aide-ménagères, infirmières, médiatrices
interculturelles, travailleuses domestiques sans statut légal), il apparaît que les femmes dont
les emplois ont une relation avec les activités dans la sphère privée peuvent avoir un rapport
positif à leur travail rémunéré, notamment se sentir utiles dans ce qu’elles y font. Restons
cependant vigilantes : si une forme de continuité entre les univers privé et professionnel peut
procurer un sentiment d’utilité, cela ne doit pas nous faire oublier la pénibilité, la faible
rétribution et la non-reconnaissance de ce type d’emplois. C’est là toute l’ambivalence du
travail féminin dans nos sociétés.

Sommaire :

Édito

. Françoise Messant, Hélène Martin, Marta Roca i Escoda, Magdalena Rosende, Patricia Roux
Le travail, outil de libération des femmes ?

Grand angle

. Élise Lemercier
Travail et femmes migrantes : invisibilisation des qualifications, utilité sociale et parcours d’émancipation

. Caroline Ibos
Les « nounous » africaines et leurs employeurs : une grammaire du mépris social

. Irène Jonas, Djaouida Séhili
Les nouvelles images d’Épinal : émancipation ou aliénation féminines ?

. Céline Bessière
« Travailler à l’extérieur » : des implications ambivalentes pour les compagnes d’agriculteurs

. Elsa Galerand, Danièle Kergoat
Le potentiel subversif du rapport des femmes au travail

Champ libre

. Laetitia Carreras
Travailleuses domestiques « sans papier » en Suisse : comment s’en sortir, rester et résister ?

. Laetitia Dechaufour
Introduction au féminisme postcolonial

Parcours

. Magdalena Rosende, Patricia Roux
De la sociologie du travail aux Études Genre. Un hommage à Françoise Messant

Comptes rendus

Séverine Rey
Nicole-Claude Mathieu (dir.) : Une maison sans fille est une maison morte

http://www2.unil.ch/liege/nqf/sommairesNQF/som272.html

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