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Le consentement et l’involontaire


Date de mise en ligne : [02-04-2012]



Mots-clés : sexualité | philosophie | anthropologie | droit


Séminaire. Le Centre d’études du Vivant - Institut des Humanités de Paris – Université Paris-Diderot a le plaisir de vous annoncer le séminaire

Par Judith Butler et Monique David-Ménard

Les mercredis 2, 9 et 16 mai de 19 à 21 heures
à l’amphi 10E (1er étage – Hall E) de la Halle aux Farines

Esplanade Pierre Vidal-Naquet – 75013 Paris - M°/RER Bibliothèque F. Mitterrand.

Présentation :

L’abstraction du sujet juridique, construit comme un sujet capable de volonté, de connaissance et de maîtrise de ses actes est-il un avantage ou un inconvénient lorsqu’il s’agit de prendre en compte des pratiques sociales concernant la vie sexuelle ? Dans les faits, le consentement est un topos à propos duquel se rencontrent juristes, psychanalystes, médecins. Mais leurs perspectives sont-elles compatibles ?

Du point de vue sociologique on remarque que le critère du consentement intervient toujours et de façons très diverses dans la fixation des normes et interdits concernant certains actes sexuels et sociaux : à quel âge des filles et des garçons peuvent-il être réputés majeurs et responsables c’est-à-dire consentants, à l’homosexualité, au mariage, à la sodomie etc ? Cette liaison directe entre l’individu « libre » et sa capacité à consentir a des conditions précises habituellement implicites mais qui apparaissent bien dans des contre-exemples : Dans plusieurs codes juridiques de par le monde le viol est puni comme un crime, sauf si le viol a lieu dans le mariage ou encore si les parents de la jeune femme violée « consentent » à ce que le violeur épouse sa victime. Qu’est-ce donc qui est à l’œuvre, avec le consentement, et pourquoi ?

Une telle dissociation entre une personne concernée par une décision et celles qui disposent de la capacité à consentir n’existe pas dans les débats qui opposent en Angleterre et aux Etats-Unis, les protectionnistes et les libertariens. L’enquête sociologique ( par exemple celle de Matthew Waites The Age of Consent : Young People, Sexuality and Citizenship, Palgrave Macmillan, 2005) débouche, dans cette culture, sur l’opposition de deux perspectives : les « libertariens » défendent le liberté de l’individu même s’il faut, pour cela, inscrire les choix et les actes sexuels dans une nature qui rend les individus inégaux les uns aux autres. Au contraire, les protectionnistes défendent avant tout la responsabilité morale et pénale des déviants qui ne respectent pas le consentement des partenaires sexuels en relation. La récente affaire d’Outreau, en France, montrait bien qu’à vouloir priver la parole des enfants de leur part fantasmatique, on aboutit à des erreurs judiciaires graves. Qu’est-ce qu’écouter un enfant ?

Les philosophes issus de la philosophie hégélienne et marxiste critiquent « l’abstraction du droit », soit pour l’abolir dans une utopie (Marx, Critique des programmes de Gotha et d’Erfurt 1875), soit pour la confronter aux pratiques sociales qui sont trop concrètes (trop riches de déterminations) pour se résumer à la seule forme de la propriété et du contrat (Hegel). Gramsci écrivit que le consentement « est toujours « fabriqué c’est-à-dire organisé par des pouvoirs auxquels personne n’a jamais consenti ». Cette critique du droit peut-elle servir à approcher la vie sexuelle qui est, non seulement toujours réglementée juridiquement, mais aussi rebelle « en elle-même » au modèle de la citoyenne ou du citoyen maîtres de leurs pensées et de leurs actes ?

Qu’est-ce que dire « oui » ou dire « non » dans les rencontres et dans la vie sexuelle si le fait de se rendre disponible à l’inconnu fait partie d’une expérience sexuelle ? Si notre implication dans une relation amoureuse et sexuelle suppose toujours l’après-coup d’une déception par rapport à une attente ? 

Le dispositif instauré par une cure psychanalytique affronte le fait qu’une décision, irréductible à un contrat, peut engager des partenaires au-delà de ce dont ils « ont conscience ». Cette « conscience » a des connotations cognitives et volontaristes qui décrivent mal cet excès. Le terme d’ « inconscient » permet-il de décrire mieux une possible libération qui se joue au plus près de ce qui nous a rendus dépendants dans le champ de la sexualité ? Faut-il lui préférer « l’involontaire » ou « l’une bévue » selon le jeu de traduction proposé par Lacan pour unbewusst ? Il y a quelque chose d’inéducable dans les pulsions et dans l’amour qu’il faut arriver à garder même si nos sociétés sont juridiques. Le séminaire examinera si le consentement peut ou non s’inscrire dans une anthropologie des relations.

Infos :

http://www.centredetudesduvivant.net

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