pour un prochain numéro conjoint de la revue Recherches féministes et des Cahiers du genre
Sous la direction d’Anne-Marie Devreux (Cahiers du genre) et Diane Lamoureux (Recherches féministes)
Présentation :
Le développement des féminismes s’est historiquement accompagné de celui des antiféminismes. Tout comme le féminisme prend plusieurs formes, l’antiféminisme se présente en effet sous divers aspects, d’où le titre provisoire « Les antiféminismes ».
Dans ce numéro commun de la revue québécoise Recherches féministes et de la revue française Cahiers du genre, nous souhaitons faire apparaître l’antiféminisme sous ses différentes facettes, les multiples niveaux où il opère dans les sociétés contemporaines ou passées, et voir s’il convient d’en parler comme discours et mouvement cohérents ou comme pratiques et idéologies parcellaires.
La sociologie des mouvements sociaux et celle des rapports sociaux de sexe s’intéressent de plus en plus aux contre-mouvements et aux réactions. Elles nous invitent à nous interroger : peut-on interpréter les antiféminismes comme un ressac par rapport à l’expansion des féminismes au cours des années 70 et au-delà ? Est-ce un phénomène que l’ont peut repérer dans l’histoire, après chaque avancée du féminisme ?
Comment interpréter les résistances masculines au changement ? Que faire des idées postféministes ?
Plus concrètement, doit-on distinguer l’antiféminisme de la misogynie « ordinaire » dans des sociétés qui reposent encore largement sur l’exclusion des femmes dans les domaines politique, économique ou symbolique ? Tout comme le conservatisme mis à mal sous l’effet des mouvements d’émancipation, la misogynie s’affiche sans vergogne sous des formes traditionnelles ou nouvelles.
Quelle place donner aux réflexions sur le malaise des hommes dans la société, sur la masculinité en souffrance ? Comment distinguer le masculinisme des réflexions sur la construction sociale de la masculinité ? Quel accueil faire à la défense, parfois « scientifique », d’une spécificité de la « condition » masculine sur le plan psychosociologique ? Comment expliquer la persistance de l’idée de complémentarité des sexes et ce que cela implique d’essentialisation et d’exacerbation des différences entre le masculin et le féminin, sans parler de ses visées hétérosexistes ?
Quel est l’impact de la sur-médiatisation des discours antiféministes ? Et celui de l’instrumentalisation du féminisme dans les politiques de la « diversité » ?
Sur le plan des institutions et des politiques étatiques, comment interpréter le zèle de certains gouvernements brandissant l’étendard de l’égalité entre les sexes à propos du voile « islamique », mais refusant de prendre les moyens réels d’éradiquer la violence contre les femmes, de garantir l’équité salariale ou de reconnaître la double charge domestique et professionnelle des femmes dans la définition de leurs droits sociaux ?
Quel poids accorder aux discours des femmes qui ont fait leur place dans la société actuelle, mais qui nient tout apport du féminisme ou mettent en exergue les « exagérations » des féministes, ou vont jusqu’à s’insurger contre le discours victimisant du féminisme, alimentant ainsi, parfois en toute connaissance de cause, l’antiféminisme ?
Nous attendons des articles présentant à la fois des données factuelles ou des analyses d’archives ou de discours (littéraires, artistiques, politiques, journalistiques, etc.) ou encore des analyses comparatives dans l’espace et le temps, et une réflexion plus globale sur la définition de l’antiféminisme à partir des cas étudiés.
Les propositions (2000 signes espaces compris ou 300 mots) doivent nous parvenir avant le 30 septembre 2010. Les manuscrits (45000 signes espaces compris ou 7 000 mots maximum) doivent être soumis au plus tard le 31 mai 2011.
Les propositions d’articles peuvent être acheminées directement aux deux responsables :
Anne-Marie.Devreux@csu.cnrs.fr et Diane.Lamoureux@pol.ulaval.ca. Les articles seront transmis au secrétariat des deux revues : pour les Cahiers du genre, Daniele.Senotier@gtm.cnrs.fr et pour Recherches féministes revue@gremf.ulaval.ca