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Sexualité et religion aux risques de l’enquête de terrain

Avant le 3 mars - Paris Pouchet


Date de mise en ligne : [16-01-2015]



Mots-clés : sexualité | religion | sociologie


Journée d’étude

11 juin 2015
Paris Pouchet

Argumentaire :

L’idée de cette journée d’études est née de l’association scientifique de deux sociologues travaillant de manière qualitative sur la question de la sexualité chez les religieux(ses) consacré(e)s dans la religion catholique, et ayant décidé de réfléchir ensemble à la manière de mener leur enquête. Femme et juive pour l’une, homme et chrétien pour l’autre, les effets de la situation d’enquête ne manquèrent pas de se poser avec acuité dans cette réflexion croisée. Les dimensions de la sexualité et de la religion ont été articulées dans de nombreux travaux, souvent au prisme d’une perspective historique venant éclairer ou compléter l’approche sociologique. Deux angles étroitement liés ont été privilégiés. Le premier concerne l’étude des représentations et les pratiques sexuelles des individus déclarant une appartenance religieuse, celle-ci relevant le plus souvent du catholicisme, du judaïsme ou de l’islam. Le second angle renvoie à l’analyse des prescriptions et des restrictions en matière d’activité sexuelle telles qu’elles sont diffusées au travers des textes fondateurs de ces trois religions monothéistes.
Si les questions de sexualité et de religion ne constituent donc respectivement pas une lacune ni dans le champ de la sociologie de la religion ni dans celui de la sociologie de la sexualité, une dimension plus prosaïque reste à explorer. Les chercheurs ayant mené des enquêtes de terrain n’évoquent qu’en filigrane les questions d’ordre pratique, éthique et méthodologique qui se sont posées pendant leur recherche. Outre les réserves des individus à évoquer leur activité sexuelle, ou leur absence d’activité sexuelle, lorsqu’ils sont sollicités par un inconnu –et que rencontre au demeurant l’ensemble des sociologues travaillant sur la sexualité–, il paraît fécond de s’interroger sur les échanges proprement dits entre enquêteur et enquêté dans une étude articulant de manière spécifique les dimensions sexuelle et religieuse. Les études empiriques de la sexualité chez les religieux(se)s consacré(e)s constituent ici un angle particulièrement intéressant, en ce qu’elles concentrent le regard sur un objet dont le caractère tabou est redoublé. 
La journée d’étude vise à proposer un espace de parole propice à un retour critique-analytique des chercheurs sur le terrain de la sexualité et de la religion. Parce qu’elle mettra au centre des échanges un sujet périlleux à double titre, elle contribuera à enrichir la réflexion sur le recueil de données en terrain sensible. Cette réflexion s’organisera autour de trois grands axes thématiques.

Identités de l’enquêteur-trice et rapport au terrain

Peu de choses ont été dites sur la manière dont les variables –réelles ou supposées– du genre, de l’âge, du milieu socio-culturel et de l’appartenance religieuse pouvaient avoir des incidences sur la réalisation des études explorant les dimensions sexuelles et religieuses. Si ces variables constituent parfois des limites ou induisent des biais, elles peuvent aussi avoir un pouvoir heuristique qu’il importe d’examiner. Dans quelle mesure les indices attachés à la personne de l’enquêteur et de l’enquêté produisent-ils de part et d’autre des attentes, des jugements, des tentatives de contrôles, des contradictions et des provocations (l’empathie n’étant pas, rappelons-le, la seule posture favorable au recueil de données), chacun évaluant sa part d’altérité et de semblable ? Se jouent-ils des connivences, des duperies et des résistances dans la situation d’enquête ? Les communications explorant le rapport au terrain –nécessairement évolutif– du chercheur au prime des sentiments (vis-à-vis de son objet, des acteurs qu’il rencontre, des discours qu’il recueille ou des observations qu’il mène) seront les bienvenues.

Tabous et illégitimités de l’enquête sur la sexualité chez les personnes religieuses

L’illégitimité associée aux enquêtes qualitatives sur la sexualité se trouve ici redoublée par le fait que la dimension sexuelle est articulée à un système de restrictions morales prégnantes relatif à l’exercice de l’activité sexuelle. Il en résulte un tabou imprégnant fortement l’objet et qui n’est pas sans conséquences pour les chercheurs. Quels soupçons sont attachés à ce type d’enquête et par contamination à celles et ceux qui les mènent ? Compliquent-ils le recueil de données qualitatives auprès des individus concernés ? Soumis à un rôle d’exemplarité, la non-conformité de leurs conduites les expose, et leur institution avec eux, à un risque de « scandale » dans la sphère publique. Cet état de choses rend-il difficile l’instauration de la relation de confiance ? Observe-t-on des tentatives de contrôle de la part de l’institution sur la réalisation de l’enquête ? Se pose enfin la question de la diffusion des savoirs dans la sphère profane comme scientifique. L’aspect sensationnel de l’objet –face « positive » du tabou qui y est associé– est-il propice à cette diffusion ou vient-il au contraire l’entraver ?

Représentations collectives et textes du sacré

La question de la sexualité est abordée dans de nombreux textes qui tendent à s’imposer aux chercheurs comme un élément incontournable à l’aune duquel ils comparent les pratiques et les représentations de leurs enquêtés. Mais comment ces derniers mobilisent-ils les textes officiels dans leur discours et comment les articulent-ils à leurs expériences personnelles ? Ces textes font-ils « écran » à la réalité vécue ou constituent-ils au contraire une bonne entrée en la matière, favorable à la prise de parole sur un sujet éminemment intime, voire polémique ? Autre dimension venant s’immiscer dans la réalisation des enquêtes portant spécifiquement sur les religieux consacrés, les représentations collectives et son cortège de fantasmes foisonnent dans l’espace public. De quelle manière sont-ils susceptibles de jouer dans le recueil de données ? Induisent-ils des logiques particulières de mise en récit par les enquêtés (justification, condamnation, prise de distance, etc.) ? Est-il fécond pour l’enquêteur de les mobiliser à dessein de susciter les discours ?

Modalités :

Les propositions de communication se feront sous la forme d’un résumé de 2000 signes. Elles comporteront un titre, cinq mots-clefs et une brève présentation de l’auteur. Elles sont à envoyer par courriel aux deux adresses suivantes :
myriam.joel@yahoo.fr
josselintricou@gmail.com

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