Session thématique 16 du CoSPoF 2015 6ème Congrès des associations francophones de Science Politique
Lausanne 5-7 février 2015.
Coordinatrices :
Martina Avanza, Université de Lausanne, matina.avanza@unil.ch
Magali Della Sudda, Centre Emile Durkheim/CNRS, m.dellasudda@sciencespobordeaux.fr
Argumentaire :
Outre-Atlantique, les mobilisations religieuses dans le champ politique sont bien connues. Aux Etats-Unis où le Tea Party et les autres droites chrétiennes ont désormais un poids sur le parti Républicain, le rôle des organisations confessionnelles dans l’activité politique n’a jamais cessé d’être l’objet de recherches académiques (Williamson & Skocpol, 2012). Toutefois, la mise sur l’agenda scientifique de ces formes d’engagement a été beaucoup plus tardive en Europe et notamment en France. Bien connues sous la Troisième République, période de consolidation de l’Etat-nation sur des fondements laïcs, ces mobilisations ont progressivement été délaissées (Portier, 1998 ; Déloye, 2006).
Il a fallu aux chercheurs, les manifestations en France contre l’accès au mariage civil pour les personnes du même sexe en 2012-2013 et la restriction de la loi sur l’avortement en Espagne en 2013, pour montrer la persistance de l’influence sociale de ces réseaux chrétiens et leur capacité de mobilisation que les récits sur la sécularisation ont eu tendance à faire oublier (Tartakowsky, 2014). L’intérêt de cette session thématique est d’éclairer ces processus de contestation en se fondant non seulement sur les représentations et arguments de ces groupes, mais aussi sur des enquêtes de terrain.
Nous privilégions ici un point de vue différent du traitement réservé à ce « catholicisme d’identité » en sociologie des religions (Portier, 1994 & Béraud, 2012). C’est en effet par les outils de la sociologie des mobilisations et du militantisme que nous saisirons l’engagement dans ces mouvements contestataires de l’ordre sexuel et politique contemporains. En d’autres termes, c’est la politisation des questions sexuelles et reproductives par des collectifs d’inspiration catholique qui sera au centre de cette session thématique. Ce centrage sur le catholicisme n’oubliera pas les efforts de rassemblement menés en vue de rallier les représentants d’autres confessions. Que l’on songe au texte du rabbin Gilles Bernheim, fortement inspiré des écrits de la Manif pour tous, ou à ce groupuscule conservateur musulman, Fils de France, mis en avant par les média et les communicants de la Manif pour Tous.
Qui sont ces militants ? Dans quelles organisations s’insèrent-ils ? Comment ont-ils été socialisés politiquement et religieusement ? Quelles sont les conséquences biographiques d’engagements où le personnel, ici définit comme les pratiques et orientations sexuelles, est politique ? Les mobilisations de 2013 ont montré la réappropriation de certains éléments classiques du répertoire de l’action collective portée par les mouvements sociaux. Quels sont les modes d’actions que ces groupes privilégient et mettent en place ? Observe t-on des ruptures ou des continuités avec d’autres formes plus anciennes de contestation religieuse conservatrices (Della Sudda, 2010). On pourra s’interroger notamment sur les usages du droit et la pratique assumée du lobbying institutionnel. Comment ces groupes font-ils usage des moyens de communication classiques et plus récents ? Quels liens entretiennent-ils avec la politique institutionnelle et les media ? Peut-on repérer des circulations entre différents espaces de mobilisation à la fois militants et géographiques ?
Sans exclure d’autres questionnements, ces interrogations seront abordées dans cette section thématique. Celle-ci privilégiera les travaux issus d’enquêtes empiriques (études de cas ou comparaisons) en cours ou achevées.
Les propositions de communication, d’environ une page, doivent préciser sur quels mouvements et terrains portera la communication et faire état des méthodes mobilisées.