Fanny Mazzone (département de Langues et littératures françaises) a soutenu sa thèse :
"L’édition féministe en quête de légitimité. Capital militant, capital symboliste (1968 – 2001)"
le mercredi 28 novembre 2007 à l’Université Paul Verlaine-Metz
Jury :
Pierre HALEN, Professeur à l’Université Paul Verlaine-Metz
Jean-Yves MOLLIER, rapporteur, Professeur à l’Université de Versailles - Saint-Quentin-en-Yvelines
Bruno PEQUIGNOT, rapporteur, Professeur à l’Université de Paris III – Sorbonne Nouvelle
Jean-Marie PRIVAT, directeur de thèse, Professeur à l’Université Paul Verlaine-Metz
Gisèle SAPIRO, Directrice de recherche, CNRS
Résumé :
Cette recherche part du concept de champ éditorial de Pierre Bourdieu, en tant qu’espace relativement autonome et capable de retraduire, selon sa logique propre et à travers les stratégies éditoriales, les forces économiques, politiques et culturelles qui lui sont extérieures. Nous émettons l’hypothèse de l’existence d’un sous-champ de l’édition féministe doté des mêmes attributs que le champ éditorial. Dans la mesure où l’édition participe du débat féministe, ce sous-champ éditorial est aussi une composante du champ militant. Son évolution est liée à celles du Mouvement de Libération des Femmes : l’édition a ainsi représenté une voie de légitimation pour le mouvement féministe, tandis que le MLF a modifié les frontières du champ éditorial. En effet, à partir des positions éditoriales, des prises de positions ont émergé dans le choix et la manière de publier le féminisme et les femmes. Sur le marché des biens littéraires, les revendications du MLF se sont d’abord élargies à des réflexions d’ordre esthétique, à l’avant-garde du champ. L’objectif était alors d’intégrer les strates du pouvoir culturel à travers des processus d’institutionnalisation. Ensuite, l’édition féministe a doté les agents du champ éditorial et ceux du champ militant en capitaux spécifiques. Ce genre d’édition, dans le cadre de l’économie de marché contemporaine, a généré des échanges intenses sur les plans militant et littéraire, y compris au niveau international (salons, traduction, manifestes, etc.). Enfin, les mutations du féminisme se sont traduites par des stratégies (risquées) de reconversion qu’illustrent les éditions Des Femmes dans leur politique de maintien dans le champ éditorial « cultivé » et sur le marché des idées « militantes ».