L’association DEMETER-CORE organise un nouveau colloque international, ouvert aux chercheurs scientifiques de toutes disciplines ainsi qu’aux associations et acteurs de terrain.
Comité d’organisation :
Body Catherine . Directrice du CIDFF PHOCEEN.
Couraud Geneviève, Présidente de l’Observatoire des Droits des femmes (Conseil général des Bouches-du-Rhône). Présidente de l’ECVF (Elu.e.s Contre les Violences faites aux Femmes)
Fouchier Esther, Fondatrice de FORUM-FEMMES-MEDITERRANEE. Secrétaire de la Fondation des femmes de l’EUROMEDITERRANEE.
Lecuyer Nolwenn, Maîtresse de conférences en archéologie. Chargée de mission Egalité hommes-femmes . Aix-Marseille- Université
Lenfant Gaelle, vice-présidente du conseil régional
Poutrain Véronique, Sociologue . GeFem. TELEMME. MMSH.
Rastit Françoise
Vassas Isabelle. Juriste. Militante associative
Aix-en-Provence
6 et 17 janvier 2015
Argumentaire :
Selon les économistes de l’ère industrielle le " travail" est "productif" (producteur de valeur marchande), il se vend et s’achète sur le marché, relève de la sphère publique, et appartient essentiellement aux hommes. Les activités liées à la reproduction (mise au monde et première éducation des enfants) n’entrent pas dans la catégorie "travail" parce qu’elles ne se vendent pas et n’auraient donc pas de "valeur" ; relevant de la sphère privée, elles sont confiées aux femmes, mères et futures mères, sous le contrôle des pères. Cette distinction a été remise en question depuis les années 1970, à mesure que s’installait la société "postindustrielle". D’une part l’essor économique des "Trente glorieuses" a stimulé le développement du "travail productif", à tel point qu’il est devenu le grand organisateur des sociétés contemporaines : il tend à annexer "le travail reproductif" en le professionnalisant. D’autre part les femmes, mères comprises, sont sorties de la sphère privée pour entrer massivement sur le marché du "travail", où elles exercent des activités rémunérées, sans renoncer pour autant à enfanter.
Ce bouleversement fondamental des mœurs et des représentations, vivement encouragé par le féminisme, s’est traduit par l’émergence de nouveaux enjeux sociaux que les sciences humaines s’efforcent d’analyser. La plupart des études ont pris le "genre" comme base d’investigation, sans faire toujours la différence entre les femmes qui ont des enfants et celles qui n’en ont pas. Pendant ce temps une littérature abondante et éloquente exprimait la souffrance de celles qui assument une "double journée". Depuis une quinzaine d’années, l’Union européenne a incité ses membres à prendre des mesures pour faciliter la "conciliation" travail-famille et soutenir les mères en emploi en améliorant l’accueil des jeunes enfants. Aujourd’hui le problème semble concerner également certains pères, qui souhaitent se réaliser non seulement dans leur travail mais aussi dans la paternité. Les relations entre la sphère privée et la sphère publique connaissent de nouveaux remaniements, que le féminisme devra, lui aussi, prendre en compte. La définition même du "travail" est remise en question.
Ce colloque doit mettre en valeur l’identité plurielle de mère et de travailleuse. Il vise à observer attentivement non pas les femmes mais les mères qui cumulent le travail "productif" et le travail "reproductif", en tenant compte des conditions sociales, des structures familiales de l’organisation du travail (urbain, rural, industriel, de service, etc), et des politiques publiques. Ce questionnement sera focalisé sur l’aire méditerranéenne. Pourquoi ? Sans doute parce que le culte de "la bonne mère" y a toujours été célébré avec ferveur, depuis la plus haute antiquité !... Et aussi parce que la "société salariale" s’y généralise plus tardivement : l’externalisation des charges domestiques (grâce à des politiques publiques comme en France, ou grâce à des initiatives privées comme aux Etats-Unis) y reste encore peu développée. D’ailleurs, le nord, le sud et l’est de la Méditerranée offrent une grande variété de situations. Cette diversité s’explique-t-elle seulement par des décalages d’ordre socio- économique, liés plus ou moins à la colonisation ? Ou bien quels autres facteurs méritent d’être pris en compte ?
Principales investigations :
Les mères et les activités rémunérées
Nombre et âge de leurs enfants. — "Travaillent"-elles par nécessité économique ? Sinon pourquoi ? — Vivent-elles en couple, en famille, en solo ? — Quelles activités exercent-elles ? Les ont-elles choisies ? Si oui selon quels critères ? — Travaillent-elles à temps complet ou à temps partiel ? Par nécessité, par choix de vie ou par "choix contraint" ? — Sont-elles protégées en tant que mères ? Par qui et de quelle manière ? — Certains métiers leur sont-ils réservés, d’autres interdits ? — Le travail a-t-il un impact sur le nombre d’enfants ? L’arrivée de l’enfant modifie-t-elle le rapport au travail ?
Quand la mère "travaille", comment se modifient les relations à l’intérieur de la famille ? Notamment entre le père et la mère ? — Entre la mère et la fille (éducation maternelle) ? — L’espace domestique est-ce un lieu de pouvoir ?
Les mères expriment-elles des revendications ? Par quels relais et en quels termes ? — Existe-t-il des mouvements d’opinion pour où contre leur choix de vie ?
La professionnalisation
Les tâches "reproductives", naguère invisibles, peuvent-elles être professionnalisées hors de l’espace privé ? Il faut sans doute distinguer trois catégories : les travaux domestiques (préparation de la nourriture, entretien du logement et des vêtements) ; les soins donnés (care ?) ; les contraintes biologiques (grossesse et accouchement, allaitement).
Qui accueille, garde, soigne les enfants de la mère qui "travaille" ?
S’il existe des crèches et des garderies, par qui sont-elles fondées et gérées ? Comment le personnel est- il recruté, formé, rétribué ?
Les "assistantes maternelles" élèvent les enfants des autres. Reçoivent-elles une formation professionnelle ? Comment sont-elles rémunérées ? Est-ce là un marché libre ? Comment s’organisent les relations entre une assistante qualifiée et une mère (ou des parents)
Mobilités, Migrations
Les migrantes sont souvent tiraillées entre leur culture d’origine, qui retient les mères au service de la famille, et la culture du pays dit d’accueil, qui pousse toutes les femmes, mères comprises, vers des activités rémunératrices. Comment choisissent-elles ? Comment jouent les politiques publiques : offrent-elles des formations ?
Certaines mères viennent des pays en développement pour soigner les jeunes enfants (et/ou des personnes âgées) dans des familles occidentales. Cette question, vaste et complexe, ne sera pas abordée au cours de ce colloque.
Références historiques
Des exemples pris dans la longue durée, depuis l’Antiquité, peuvent être éclairants.
Les propositions de communications seront reçues jusqu’au 1er mai 2014. Le comité scientifique répondra avant le 30 juin. Le texte de proposition ne devra pas dépasser 1500 signes ou 300 mots.
Contact :
Yvonne Knibiehler, yvonne.k@club-internet.fr