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Colloque ADES

Ecole, loisirs, sports, culture : la fabrique des garçons

13-14 mai - Bordeaux


Date de mise en ligne : [13-05-2013]



Mots-clés : masculinité


Colloque organisé par l’ADES - Aménagement, Développement, Environnement, Santé et Sociétés - UMR 5185
Atelier genre, Université Michel de Montaigne Bordeaux 3, ADES CNRS

Coordination : Sylvie Ayral, Yves Raibaud

13 et 14 mai 2013, Bordeaux

Présentation :

 S’adressant à un même public, éducation formelle et éducation non formelle sont confrontées à des questionnements proches. Cependant les espaces scientifiques communs nécessaires au débat entre tous les partenaires du parcours éducatif ainsi que de l’environnement des enfants et des jeunes sont rares. Des questions comme la mixité/non mixité, l’égalité filles/garçons ou les violences de genre, qui traversent l’un et l’autre champ, sont finalement peu débattues de façon transversale. Ce colloque se propose d’en fournir l’occasion.
La cohabitation des filles et des garçons à l’école et dans les activités périscolaires ne va pas de soi. L’égalité entre les sexes est loin d’être acquise, même si des progrès sont constatés chaque jour. Cela a valu, ces dernières années, un certain nombre d’attaques contre la mixité, défendue par ailleurs comme un dogme irréductiblement lié à l’idéal républicain. Certains chiffres sont accablants : au collège 80% des élèves punis mais aussi 70% des élèves de SEGPA et 86% des élèves des dispositifs Relais sont des garçons... Si l’Ecole met depuis quelques années l’accent sur l’émancipation des filles, en les encourageant, par exemple, à investir les domaines professionnels techniques et scientifiques, traditionnellement sexués « masculins », elle semble en revanche avoir bien du mal à penser l’évolution des garçons.
Les activités périscolaires, à l’inverse, enregistrent un décrochage massif des filles dès l’âge de 12 ans, notamment lors des temps de vacances et les séjours organisés. Des équipements tels que les skates parcs, les cités stades et les lieux de répétition des musiques actuelles, largement subventionnés car considérés d’utilité sociale, sont fréquentés exclusivement par les garçons.
Ces chiffres témoignent d’une asymétrie sexuée massive dans la prise en charge éducative des garçons et des filles. Qu’on les punisse, qu’on les oriente, qu’on les soutienne ou qu’on les distraie, l’essentiel des efforts se concentre sur les garçons. A cette échelle ce n’est pas un hasard mais bien un fait social. Comment parvient-on à cette surreprésentation masculine dans une institution qui se veut égalitaire ? Pourquoi n’est-elle jamais interrogée ?

1. Processus

Il conviendra de repérer et d’analyser, à la lumière des études de genre, les mécanismes de séparation et de hiérarchisation des sexes à l’œuvre dans le système éducatif et dans les loisirs culturels et sportifs périphériques à l’Ecole. N’existerait-il pas, en France, un programme institutionnel implicite qui consiste à fabriquer, par l’éducation, le sport, la culture, les loisirs, de « vrais » garçons et accessoirement de « vraies » filles ? La différence des sexes appréhendée dans ce cas comme un principe naturel, fondateur de la vie en société, suffirait en soi à justifier une intervention et une aide publiques favorisant les garçons « naturellement » plus « difficiles », plus « vulnérables », plus « enclins » à basculer dans la violence.

2. Effets produits

Ces mécanismes de séparation et de hiérarchisation des sexes peuvent avoir pour conséquence de considérer les filles et les garçons comme deux catégories homogènes, la première s’alignant sur le modèle « mignonne et sensible » et la deuxième sur le modèle « viril et dominant ».Peut-on y voir une des causes de la recrudescence d’attitudes et d’actes sexistes et homophobes observées ces dernières années, aussi bien dans les établissements scolaires que dans les activités périscolaires ? La « violence de genre » n’est-elle pas une des composantes centrales du harcèlement à l’école et de la violence scolaire en général ? Si les limites et les « pièges » de la mixité ont été interrogés, ces dernières années, notamment lorsqu’elle se trouve au carrefour d’autres rapports de domination tels que la classe ou l’ethnicité (la ‘race’), il s’agira d’analyser, à partir d’approches renouvelées par les études de genre, les effets politiques et sociaux de la non mixité.

3. Modèles d’analyse

Les Sciences de l’éducation ont longtemps pris pour modèles génériques le Contrat social de Rousseau (en tant que modèle universel de la construction du citoyen) et la triangulation freudienne Père-Mère-Enfant (comme modèle universel de la construction du sujet). Irène Théry les identifie comme des mythes de la modernité, plaçant « la différence sexuelle à l’origine de toute socialité. (…) Le premier (modèle) nomme son couple procréateur ‘la société de l’homme et de la femme’ et présente le mariage comme la première des sociétés et la seule naturelle ; le second (…) confond les institutions sociales avec l’interdit censé ordonner le trio oedipien du père, de la mère et de l’enfant ». Peut-on faire de l’approche traditionnellement androcentrique des Sciences de l’éducation (telle que l’Emile de Rousseau) une analyse critique et proposer d’autres approches scientifiques, issues des études féministes et des gender studies ? Quelle part la normativité des rôles de sexe joue-t-elle dans la définition des politiques éducatives ? Plus généralement, on se demandera dans quelle mesure les Sciences de l’éducation, qu’elles s’inspirent du modèle freudien de la construction du sujet ou du projet rousseauiste de la construction d’un citoyen neutre et universel, contribuent à la transmission et au maintien de rapports sociaux de sexe compromettant la réussite éducative des enfants et des adolescents.

Programme et infos :

http://www.ades.cnrs.fr/spip.php?article1101

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