Séminaire de Roberto Frega (CEMS)
Jeudi de 15 h à 17 h (salle 2, RdC, bât. Le France, 190-198 av de France 75013 Paris), du 7 mars 2013 au 6 juin 2013. Le 21 mars, la séance se déroulera de 18 h à 20 h en salle 3 ; les séances des 11 avril et 23 mai se dérouleront de 18 h à 20 h en salle 2 ; la séance du 6 juin se déroulera de 18 h à 20 h en salle 1.
Présentation :
Pour toute une longue tradition de pensée, la démocratie est radicale ou elle n’est pas. D’autres ont rétorqué que toute tentative d’aller au delà d’une définition minimale de démocratie est inévitablement condamnée à rendre la démocratie oppressive. Le séminaire explorera les conditions de possibilité et les limites de la démocratie radicale à partir des contributions du pragmatisme américain. Cette tradition remonte au moins à la théorie et à la pratique de la désobéissance civile de Henry Thoreau et à l’individualisme démocratique de Ralph Emerson, et s’achève notamment avec la théorie démocratique de John Dewey, l’un des théoriciens de la démocratie les plus influents du XXe siècle. Les théories pragmatistes de la démocratie ont connu au cours des trois dernières décennies un énorme regain d’intérêt, comme le montrent les travaux récents de Hilary Putnam, Richard Rorty, Richard Bernstein et James Bohman, tout comme ceux de représentants de la théorie critique qui se réclament aujourd’hui du pragmatisme, que ce soit Roberto Unger ou Axel Honneth. Le séminaire sera aussi l’occasion pour faire émerger les traces d’une pensée féministe interne au pragmatisme depuis les travaux de Jane Addams, dont on connaît à la fois l’engagement pratique dans les mouvements civiques de Chicago du tournant du XIXe au XXe siècle et la réflexion théorique sur la démocratie, et jusqu’à la reprise récente de l’inspiration pragmatiste chez Nancy Fraser ou Iris Marion Young.
Mais on sera aussi amené à réfléchir à certaines des implications majeures de la conception pragmatiste de la démocratie pour les sciences sociales, tant en ce qui concerne l’impératif de participation que l’analyse des arènes publiques et des dynamiques propres aux mouvements sociaux en tant que piliers de la démocratie. Au fil de cette histoire se dessinent les contours d’une théorie de la démocratie et la détermination critique de ses limites. En se frayant un chemin entre les traditions concurrentes du libéralisme anglo-américain, du républicanisme, et de la théorie critique, le pragmatisme aura été le lieu à la fois de l’articulation d’une conception radicale de la démocratie et de la mise en garde vis-à-vis des risques que toute conception radicale porte en elle. On sera ainsi conduit à comprendre en quel sens pour le pragmatisme, de Dewey à nos jours, le projet de la démocratie n’est et ne peut qu’être que « a task before us ».
Intervants extérieurs :
. 4 avril 2013 : Magali Bessone (Université de Rennes)
. 11 avril 2013 : Sandra Laugier (Université Paris 1)
. 16 mai 2013 : Alice Cristini (Università di Padova)
. 6 juin 2013 : Estelle Ferrarese (Université de Strasbourg)
Contact :
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