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Soutenance de thèse

Meriem Rodary, "De l’exclusion à la résistance : femmes, travail et classe à travers le cas de Neggafat et de Neqqashat de Sidi Youssef Ben’Ali (Marrakech)"

7 janvier 2010 - EHESS


Date de mise en ligne : [05-01-2010]



Mots-clés : monde arabe


Jeudi 7 janvier 2010 à 14h00
EHESS, 54 boulevard Raspail, 75006
Salle 524

Les membres du jury sont :
Sonya DAYAN, Professeur Emérite à l’Université de Paris VII/Diderot
Jean-Noël FERRIE, Directeur de Recherche CNRS
Marie-Élisabeth HANDMAN, Maître de Conférence à l’EHESS
Tassadit YACINE, Directrice d’Etude à l’EHESS

Résumé de thèse :

Cette recherche se penche sur la réalité de femmes qui exercent les activités de neggâfa (« ordonnatrice des cérémonies ») et de neqqâsha (« poseuse de henné »), dans un quartier populaire de Marrakech, Sidi Youssef Ben ‘Ali.

Ce travail s’intéresse aux diverses formes d’oppression que ces femmes subissent en tant que femmes, de classes populaires et Marocaines, dans une perspective qui croise les rapports sociaux de genre, de classe et postcolonialistes. Globalement, ces systèmes de pouvoir se renforcent entre eux pour invisibiliser et dévaloriser ces activités et les femmes qui les pratiquent.

Du point de vue individuel, l’exercice de ces activités est attaché à une « mauvaise réputation » : les femmes qui les pratiquent sont stigmatisées, notamment dans leur comportement sexuel. Elles sont victimes du « stigmate de putain » qui vise plus explicitement certaines femmes (dont les prostituées) mais « contrôle implicitement toutes les femmes » (Pheterson 2001 : 16).

D’un point de vue plus collectif, ces activités, comme les autres activités féminines informelles, sont invisibilisées par le discours dominant. De fait, malgré la réalité et la profondeur historique du travail des femmes dans les classes populaires, celui-ci est absent du discours savant et politique, qui est guidé par une vision orientaliste de la société marocaine et de ses femmes.

Cette invisibilisation/dévalorisation permet de contenir le pouvoir que l’exercice de ces activités pourrait apporter aux femmes qui les pratiquent, et donc de préserver l’ordre établi, aussi bien du point de vue des rapports sociaux de sexe (domination masculine), que des inégalités sociales (classe), qui sont intrinsèquement liées à la configuration postcoloniale de la société.

Cependant, ces femmes sont aussi actrices de leur vie, sans cesse luttant contre et/ou négociant avec l’ordre dominant, et gagnant ainsi quelques espaces de pouvoir. Face aux différentes formes d’oppression qu’elles subissent, elles mettent en place des stratégies de résistance propres. C’est précisément dans les marges créées par leur exclusion qu’elles vont trouver des outils de résistance. Les « lieux » dans lesquels elles sont acculées (économie informelle vs sphère dominante du capitalisme, sociabilité féminine populaire vs espace public masculin dominant, etc.) sont en effet des espaces où peuvent émerger des outils et des stratégies d’empowerment singuliers.

J’explore donc, dans ce travail, à la fois le poids des rapports de pouvoir et les stratégies de résistance que les individus – en l’occurrence des femmes marocaines défavorisées – déploient face aux différentes formes de domination auxquelles elles et ils sont confronté-e-s, à travers plusieurs thèmes : l’exclusion économique, politique et idéologique (ou culturelle) des classes populaires marocaines, l’appropriation et l’invisibilisation du travail des femmes de ces mêmes classes à travers l’histoire du pays, et enfin les pratiques et discours autour de la sexualité et de la sociabilité féminines dans les classes populaires. Cette approche permet de mettre en lumière les espaces et pratiques de résistance propres aux femmes des classes populaires dans un pays « du Sud » ou postcolonial, thème encore trop peu exploré dans la littérature en sciences sociales.

Plan résumé :

Prélude : UnE ethnologue au Maroc. Réflexions sur le rapport au terrain

1e partie : Autopsie d’une exclusion : domination et résistance des classes populaires dans la société marocaine

Chapitre I : Bnât Sidi Yûsf : histoire d’un « quartier populaire » ou la production de l’exclusion urbaine au Maroc

Chapitre II : Des activités « traditionnelles » ? Domination culturelle et résistances à travers le « mariage marocain »

2e partie : Des activités féminines populaires : une perspective historique et sociale

Chapitre III : Femmes, travail et classe dans l’histoire du Maroc : du discours à la réalité

Chapitre IV : Des activités dans leur siècle : de la colonisation au capitalisme mondialisé, la précarisation des femmes des classes populaires

3e partie : Des stratégies de résistance localisées : sexualité et sociabilité féminines en milieu populaire

Chapitre V : Des « femmes libres » : entre subordination de la sexualité féminine et pratiques de résistance

Chapitre VI : Réseaux et modes de sociabilité des femmes populaires : des outils d’empowerment

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