Volume 31, n°1, 2012, Éditions Antipodes, 25 euros. ISBN-13 9782889010752
Coordination du numéro : Céline Perrin, Marta Roca i Escoda et Lorena Parini
Présentation :
L’« homophobie » désigne couramment le rejet et les discriminations vécues par les personnes homosexuelles ou supposées telles. C’est une notion largement utilisée aujourd’hui dans le langage politique et médiatique, mais aussi au sein des recherches en sciences sociales portant sur les minorités sexuelles.
Le point de départ de ce numéro de Nouvelles Questions Féministes a été une envie et une nécessité de réfléchir à la portée et aux limites de la notion d’homophobie, en particulier dans son articulation avec une perspective féministe.
Le numéro propose un ensemble d’articles qui, en se basant sur des recherches empiriques, viennent alimenter ce questionnement : quelles sont les discriminations vécues par les lesbiennes, sont-elles similaires à celles que vivent les gays, et surtout, comment rendre compte de ce qui les produit et les structure ? Les luttes juridiques, matérialisées en Espagne et en Belgique, par exemple, par l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, permettent-elles d’éradiquer l’homophobie du droit, de construire une réelle égalité entre couples homos et hétéros ? Comment rendre compte des points communs entre les discriminations et les contraintes vécues par les personnes transsexuel·le·s dans leur parcours imposé pour mettre en conformité leur sexe biologique et leur état civil et celles vécues par les gays, bis et lesbiennes ?
Les thèmes abordés par les articles illustrent ainsi de manière empirique les discriminations que vivent diverses minorités sexuelles et, en même temps, démontrent la complexité des structures qui façonnent ces discriminations, complexité dont la notion d’homophobie à elle seule échoue à rendre compte. Ils invitent donc à réfléchir à l’articulation de la hiérarchie des sexualités, qui sous-tend la norme hétérosexuelle, avec la hiérarchie des sexes et les normes qu’elle produit. Une telle réflexion, loin d’être uniquement théorique, invite également à repenser les stratégies politiques à mettre en œuvre sur le terrain par les mouvements et associations de défense des personnes LGBTIQ.