Le Champ des Lettres, revue des écrivaines du passé, présent et de l’avenir, n°4
Présentation :
Archives, articles, traductions, textes... Pour ce numéro, nous cherchons à faire revivre les mots méritants des consœurs du passé, balayées sous le tapis de l’Histoire, qu’elles aient été connues ou non de leur vivant. Elles peuvent aussi être connues dans leur propre culture, mais non traduites en français. Elles peuvent être issues des cultures et des langues méconnues, traduites jusqu’alors en aucune langue. Elles peuvent être des écrivaines actuelles de l’armoire, de l’ombre. Vous pouvez aussi écrire sur le thème du méconnu chez des écrivaines connues, ce qui peut toucher au fantastique, à l’étrange (je pense ici à Marie NDiaye – et par ailleurs, bien avant qu’elle reçoive le prix Goncourt, j’ai entendu un professeur la qualifier, elle et quelques autres écrivaines, de « petit auteur »...). Allez fouiller dans les bibliothèques ces pages jaunissantes qui peuvent encore (ou enfin !) nous parler, ou des manuscrits dont des extraits seront ainsi enfin imprimés en jolies lettres pourpres... Fouiller aussi dans les œuvres méconnues d’autrices connues – pourquoi le sont-elles ? Qu’est-ce qui distingue la petite littérature de la grande ? Souvent, bien qu’on ne le dise pas, les textes des femmes sont mal jugés seulement parce qu’écrits par des femmes. À priori, elles ne peuvent pas faire partie de la Grande Littérature – sauf quelques exceptions érigées pour prouver le statut exceptionnel. Mais aussi souvent, les textes ont quelque chose qui sort des critères employés par la société dominante (ceux qui choisissent les textes, les cursus...), qui sont loin d’être objectifs. L’objectivité est-elle d’ailleurs possible dans l’étude littéraire ? Que fait un texte, pour devenir méconnu ? Comment un même texte peut-il faire tout ce que doit faire la Grande Littérature, pour une lectrice qui ne fait pas partie de « ceux qui choisissent » ?
Alors qu’on cherche souvent dans les médias ce qui est connu, et des variantes/ nouveautés autour de ceci – il en va de même dans les milieux de recherches, et les études littéraires s’organisent autour d’un canon – ici, nous cherchons l’inconnue. L’insignifiant (je pense à la pièce Trifles de Susan Glaspell), dans un monde où l’Histoire se résume par des guerres et des rois, l’Actualité par des discours politiques et des catastrophes naturelles et artificielles, la Littérature par l’angoisse existentielle, l’intrigue amoureuse... donnez-nous autre chose, le « hors champs », le « à côté de la plaque »... En effet, qui décide ce qui mérite d’être connu, et ce qui constitue plutôt des non-questions, des non-sujets, « dignes de silence » ? Briser les murs du canon, mettre au centre des perspectives marginalisées, les universaliser... tels sont les objectifs du Champ des Lettres, qui universalise, comme paradigme, le féminin dans la langue et le discours.
Les propositions peuvent aussi être des réflexions autour de (l’être) inconnue, car nous acceptons également des essais, de l’opinion. Dans tous les cas, le ton doit être accessible et vivant, sans jamais compromettre la qualité et l’originalité des recherches et de l’expression. Les images (libres de droits), bd, traductions, transcriptions d’archives, poèmes, nouvelles, extraits de romans, et bien sûr des articles de recherches et de réflexion sont les bienvenues. Nous éditons des textes porteurs d’un élan libérateur, qui doivent être écrits ou traduits en français, totalement inédits ou pour les textes de plus 75 ans, introuvables sauf dans des archives, etc. Nous cherchons aussi des bd, images, et contributions sur la littérature visuelle...
Responsable : Kate Robin
citedesdames@gmail.com