Appel à communications pour la journée d’études doctorales de l’EA 1571 (Centre de recherches historiques : Histoire des pouvoirs, savoirs et sociétés ), lundi 12 octobre 2015, Université Paris 8, salle G-2.
Présentation
Se cacher pour résister. Que ce soit pour préserver des pratiques religieuses interdites ou pour former une opposition politique, le passage à la clandestinité apparaît comme la conséquence d’une résistance à l’autorité, et donc un choix individuel et collectif radical.
Par clandestinité, nous entendons le fait d’entrer dans l’illégalité et de s’y maintenir – en cela, elle implique une durée qui la distingue du simple acte illégal – que cette entrée se fasse volontairement ou sous la contrainte. Elle suppose une dissimulation et une certaine forme de marginalité. La clandestinité est aussi lutte contre un pouvoir qui tend à réprimer ou persécuter ceux qui lui résistent. On doit cependant la distinguer de la guerre civile, car la clandestinité suppose un combat asymétrique entre une organisation aux moyens limités et un pouvoir qui lui est théoriquement supérieur.
Pendant des siècles, le refuge dans la clandestinité apparaît comme un moyen de se protéger des persécutions, en particulier religieuses (des premiers chrétiens aux protestants). Mais les actes clandestins sont aussi un moyen de contourner la censure (que l’on songe aux éditeurs, passeurs ou lecteurs de livres interdits, par exemple), s’affirmant dans les périodes moderne et contemporaine comme le terme d’un processus de lutte politique rejetant ouvertement la légitimité de l’État.
Mais la clandestinité implique aussi des zones grises, car tous ses acteurs ne sont pas toujours clandestins et certains de ceux qui y concourent – en apportant une aide logistique, un soutien moral – ne sont pas à proprement parler des clandestins. Semblent ainsi émerger plusieurs degrés de clandestinité, depuis les acteurs perpétuellement cachés à ceux qui, insérés dans la société, se contentent de soutenir certaines actions.
En conséquence, se pose la question des relations entre les clandestins et la société dans laquelle ils évoluent, celle-ci pouvant être un appui ou un obstacle au développement du mouvement clandestin : climat de délation ou, au contraire, de soutien, permettant, selon la célèbre formule de Mao, au révolutionnaire d’être « dans le peuple comme un poisson dans l’eau ».
Le rapport de la lutte clandestine avec la violence et son lien avec les différentes cultures politiques, sur un temps long, apparaît une perspective stimulante et rarement abordée en tant que telle, tant en histoire que dans les autres sciences sociales. Nous avons ainsi choisi d’étudier cette question sur une période très large afin d’interroger la pertinence d’un concept, il est vrai, essentiellement utilisé par l’histoire contemporaine mais qui semble pouvoir trouver des prolongements intéressants dans d’autres périodes.
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