Pour un prochain numéro de la revue Enfances Familles Générations
Rédacteurs invités :
Aline Charles, Université Laval (Canada)
David Troyansky, CUNY, Brooklyn College (États-Unis)
Argumentaire :
Longtemps menées en parallèle, les études sur les âges de vie et sur le genre convergent davantage depuis quelques années, tout en laissant encore de vastes territoires à découvert. Ce numéro de la revue Enfances Famille Générations propose donc de contribuer à cette convergence. Il y sera question de constructions sexuées des âges et de trajectoires structurées par le genre. Ce qui mènera tout naturellement à tenir compte du temps qui passe et des évolutions historiques, des cycles de vie féminins et masculins, des expériences (inter)générationnelles ou encore des temporalités sociales sexuées (travail, famille, loisir, etc.).
Si plusieurs chercheurs-es ont déjà ouvert la voie, il reste du chemin à parcourir pour que l’âge et le genre soient traités comme deux systèmes de rapports sociaux à la fois distincts et inter-reliés. Les sciences sociales et humaines traitent encore l’âge (et parfois le genre) comme une simple variable qui n’exige pas de problématisation. De leur côté, les approches féministes intersectionnelles qui combinent pourtant le genre avec d’autres formes de rapports sociaux (classe, « race », ethnie, etc.) négligent encore l’âge. Les travaux sur les différents âges de vie, quant à eux, se sont multipliés et tiennent mieux compte des rapports sociaux de sexe. Généralement limités à la jeunesse, l’adultéité, la parentalité ou la vieillesse, ils perdent toutefois de vue le fait que grandir et vieillir constituent des processus continus. Bref, des historiens-nes le disent, des sociologues l’avancent, des littéraires et des anthropologues le confirment : l’arrimage entre genre et âge pourrait être resserré.
Joan Scott plaidait dans les années 1980 pour que le genre prenne valeur de « catégorie utile d’analyse ». Un peu plus tard, Margaret M. Gullette militait de son côté pour que l’âge soit lui aussi élevé au rang de catégorie analytique. Manier – simultanément ou en parallèle – ces deux formes de catégorisation sociale fait ressortir les similarités qu’elles partagent, les différences qui les séparent et les interactions qui les associent. L’âge et le genre structurent autant l’organisation collective que les trajectoires individuelles, génèrent des rapports de pouvoir complexes, initient nombre de représentations culturelles très sensibles aux contextes spatio-temporels considérés, et sont régulièrement naturalisés, voire « biologisés ». Mais le tout n’est pas qu’affaire de similitudes. Des spécificités importantes les démarquent aussi.
Pour ce numéro d’EFG, nous en appelons surtout à des articles offrant des perspectives larges, qui ne se limitent pas à un âge ou une phase de vie. Embrasser le cycle de vie dans sa globalité offre une autre prise sur la jeunesse qui bénéficie déjà d’études nombreuses, qu’elle soit féminine ou masculine. Saisir, dans leur ensemble, les rapports sexués d’âge ou de génération déplace le regard vers une adultéité et une vieillesse encore négligées. Cela incite aussi à raffiner, à l’aune de l’âge, l’analyse des masculinités. Bref, ces perspectives permettent de mieux mesurer en termes de genre et d’âge l’impact des évolutions démographiques, des normes culturelles, des régimes d’éducation ou de retraite, des filets de sécurité sociale, des migrations ou encore de la médicalisation des corps. Elles jettent aussi un nouvel éclairage sur plusieurs évolutions majeures : la généralisation des seuils d’âge sexués, la pénurie de jeunes femmes en Asie, la déchronologisation des cycles de vie féminins et masculins, la féminisation de la vieillesse en Occident, etc.
Lancé aux spécialistes d’horizons régionaux et nationaux variés, cet appel s’adresse aussi à celles et ceux qui adoptent une perspective transnationale pour saisir comment les normes, pratiques ou représentations d’âge et de genre circulent par-delà les frontières. Les approches théoriques et empiriques sont toutes deux bienvenues.
Modalités :
Le résumé de la proposition (1500 à 2000 caractères, espaces compris) doit être soumis en ligne sur le site internet de la revue EFG à l’adresse suivante : efg.inrs.ca
Pour ce faire, vous devez créer un compte d’usager en tant qu’auteur, en cliquant sur l’onglet « S’inscrire » ou, si vous possédez déjà un compte, sur l’onglet « Se connecter ».
Votre soumission doit comprendre un titre provisoire, un résumé (1500 à 2000 caractères, espaces compris) ainsi que les coordonnées de tous les auteurs.
Les manuscrits complets des propositions retenues par les rédacteurs invités (50 000 à 60 000 caractères, espaces compris, excluant le résumé et la bibliographie) devront être soumis en ligne avant le 14 septembre 2015.
Les auteurs sont priés de se conformer aux règles d’édition de la revue : http://www.efg.inrs.ca/index.php/EFG/about/submissions#authorGuidelines
Tous les manuscrits sont acceptés ou refusés sur la recommandation de la direction et des responsables du numéro thématique après avoir été évalués à l’aveugle par deux ou trois lecteurs externes.
Contact :
efg@ucs.inrs.ca