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L’utopie du troisième genre dans les arts visuels au passage du 20e siècle

Avant le 15 octobre


Date de mise en ligne : [17-09-2014]



Mots-clés : arts


Comité scientifique :

Pascal Rousseau, Marcella Lista, Charlotte Foucher Zarmanian, Flaurette Gautier, Damien Delille (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, laboratoire HICSA).

Argumentaire :

Depuis quelques années, les historiens de l’art accordent à la question du genre une place de plus en plus importante. Pourtant, au sein d’une historiographie de l’histoire de l’art retravaillée par ces études de genres, l’approche binaire des catégories de sexe masculin/féminin occulte une multitude de figures poreuses et intermédiaires, communes aux sphères littéraire, médicale, judiciaire et artistique (androgyne, gynandre, virago, hermaphrodite, homosexuel, inverti, travesti, femme robot, homme nouveau…). Si l’émergence d’un troisième genre, considéré par certains comme la fusion idéale du masculin et du féminin, perçu par d’autres comme une psychopathologie sexuelle déviante, a été analysée dans le champ des sciences humaines, elle a en revanche peu été abordée dans celui des cultures visuelles.
Pour cela, la terminologie de « passage du siècle », propre à l’historiographie de la modernité, se teinte volontairement d’une résonance identitaire. Le passage d’un sexe à l’autre permet de transcender efficacement la question du biologique pour la déplacer du côté du performatif, où être femme ou homme réside avant tout dans l’adoption de critères ou de codes sociaux relatifs à l’un ou à l’autre genre : une posture corporelle, un vêtement, une expression mimique, une manière d’être, d’agir, de parler, qui postulent d’emblée, en dehors des présupposés biologiques, des identités sexuées. Comme le rappelle le psychanalyste Jean-Bertrand Pontalis dans L’Insaisissable entre-deux, l’idée d’un effacement de la différenciation sexuelle porte alors en elle tout un faisceau d’utopies. Du mythe ovidien de l’Hermaphrodite à l’Androgyne platonicien fantasmé par le Sâr Péladan, l’aspiration à transcender la conflictualité des contraires procède d’une quête d’une unité originelle supposée. Au seuil de la modernité, c’est ce rapport au mythe qui est réinterrogé. Alors que l’exploration d’un « troisième genre » est profondément réinterprétée par les avancées de la recherche médicale de l’époque – notamment sous l’impulsion du médecin allemand Magnus Hirschfeld et sa théorie des « stades sexuels intermédiaires » et les premiers débats, fondateurs, de la psychanalyse naissante -, les utopies communautaires et leurs résonances au sein de projets artistiques collectifs engagent une réflexion structurelle sur les relations entre la création artistique, le genre et l’idée d’universalité. Si le concept d’un « troisième sexe », tel qu’il apparaît dans la théorie médicale, ne connaît pas une terminologie équivalente dans la littérature artistique de l’époque, la problématique affleure comme partie prenante du terrain d’investigation du symbolisme et des avant-gardes. La résurgence de la mythologie au cœur de la modernité soulève des enjeux propres au processus artistique et alimente la croyance en une transformation humaine et sociale par l’art.
Ces journées d’étude se proposent d’engager la réflexion autour de figures et de pratiques qui, dans les décennies les plus animées de la modernité, autour du passage du siècle, ont porté ces projets d’une utopie sociale et politique du « troisième genre ». Sont attendues des propositions qui examinent les utopies d’un troisième genre engendrées par ces êtres intermédiaires dans les arts visuels (peinture, sculpture, gravure, dessin, cinéma, arts décoratifs) et arts vivants (théâtre, danse), dans les différents pays occidentaux où ces questions ont émergé, et sur une période allant des années 1880, avec les discours symbolistes, pour s’achever avec les premières avant-gardes et l’avènement de l’abstraction. Les communications pourront analyser les différentes stratégies artistiques visant à former de nouveaux espaces alternatifs du genre. Les théories scientifiques et spiritualistes autour de la propagation des espèces, les implications politiques relatives aux figures de l’entre-deux (féminismes, socialismes, anarchismes), les cultures extra-occidentales (primitivismes et traditions orientales), les mutations socioculturelles de la masculinité et de la féminité (espace domestique, monde du spectacle, homosocialité, lesbianisme de salon), ou encore les problématiques cyborg et la question de l’autoengendrement, sont autant de possibilités d’approches encouragées.

Modalités de soumission :

Les propositions d’environ 1500 signes devront être envoyées au plus tard le 15 octobre 2014 à l’adresse électronique suivante : utopiesdutroisiemegenre@gmail.com (utopiesdutroisiemegenre @ gmail.com)

Elles seront accompagnées d’une courte biographie, indiquant le nom et l’institution éventuelle de rattachement.

Les propositions pourront se faire en français et en anglais.

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