B.A.R, Paris Monographs in American Archaeology 22, 2008, 193 p., 35 £. ISBN 9781407303093
Premier ouvrage traitant de l’homosexualité chez les Aztèques,
cette étude comprend trois parties intitulées respectivement La per-
ception de l’homosexualité, Les fondements de la masculinité et La
peur de la femme phallique. La première partie s’intéresse à l’ana-
lyse des chroniques des conquérants et missionnaires et montre
combien les Espagnols ne comprirent pas la réalité américaine et
donnèrent libre cours à leur imagination et à la violence à l’heure
d’évoquer les relations sodomites des Indiens. Les schèmes de
pensée européens laissent place ensuite à l’étude de la position az-
tèque concernant l’homosexualité. L’auteur analyse non seulement
la législation, le lexique et les us et coutumes mais s’intéresse aussi
à l’idéal impérialiste aztèque à travers sa conception de la sexualité
dirigée exclusivement vers la procréation. Cette première partie se
termine par une étude, principalement iconographique, de la prati-
que de l’éviscération qui pourrait constituer un des châtiments pri-
vilégiés réservés aux homosexuels aztèques. La deuxième partie
s’ouvre sur une étude des fondements de la masculinité, c’est-à-di-
re les caractéristiques et les attitudes que devaient présenter les
hommes pour être perçus comme tels, des fondements qui permet-
tent d’expliquer davantage le mépris dont les homosexuels sem-
blaient faire l’objet dans la culture aztèque. Après avoir expliqué
ce qu’étaient les traits dominants de la masculinité aztèque, Nico-
las BALUTET étudie les cérémonies de deux vingtaines, Quecholli
et Toxcatl, qui semblent déployer un ensemble de rituels visant à
renforcer cette masculinité. Sont analysés ensuite deux groupes, les
guerriers et les joueurs de balle, qui manifestent de manière écla-
tante l’hétéronomie de toutes les affirmations de la virilité. Ce fai-
sant, l’auteur montre que la féminité et la passivité homosexuelle
servent de contretypes négatifs à la virilité et se voient utilisées
pour discréditer les vaincus et, en règle générale, tous ceux qui ne
montrent pas assez de preuves de leur puissance masculine. Dé-
coulant des deux parties précédentes, la problématique de la der-
nière partie de cet ouvrage est consacrée à une longue étude de ce
qui semble être au cœur du phénomène de dévalorisation des fem-
mes dans la société aztèque, à savoir la peur de la femme phalli-
que, qui met en péril la puissance auto-affirmée des hommes et les
relèguent à un rôle faible et passif.
Nicolas Balutet enseigne l’espagnol à l’Université « Jean
Moulin » – Lyon 3. Spécialiste de l’histoire de la Méso-Amérique pré-
colombienne et de l’homosexualité dans la littérature latino-américaine
contemporaine.