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Penser l’intersectionnalité

Avant le 14 janvier 2014 - revue ¿ Interrogations ?


Date de mise en ligne : [17-10-2013]



Mots-clés : intersectionnalité


n° 19, revue ¿ Interrogations ?

Argumentaire :

Les catégorisations de classe, d’âge, de sexe, de sexualité, de "race", etc., contribuent à homogénéiser les groupes, ce qui pose souvent problème pour rendre compte de la réalité sociale dans sa diversité et sa complexité. Comment "classer", regrouper afin de monter en généralité, sans être schématique ou caricatural ? Comment décrire les phénomènes de domination tout en évitant le piège de l’abstraction globalisante ? La notion d’ « intersectionnalité » (Crenshaw ; 2005) propose de penser l’entrecroisement des caractéristiques sociales. Elle dé-essentialise en montrant la co-construction des relations de pouvoir à la base des inégalités. D’origine anglo-saxonne, l’approche se focalise sur la construction des identités multiples, conséquentes des formes plurielles de domination (de classe, d’âge, de race, de sexe, de sexualité, etc.). Le Black feminism constitue l’un des premiers objets d’études. Cette attention à la combinaison des rapports sociaux correspond également à des préoccupations de chercheur-e-s francophones à l’instar de ceux de Danièle Kergoat dans son étude pionnière des femmes ouvrières (Kergoat ; 1978). La question de l’articulation des rapports sociaux de classe et de sexe est posée. Cependant, les interprétations en termes d’intersectionnalité sont rejetées au motif qu’elles fragmentent l’analyse du social et contribuent au relativisme (Kergoat, 2012). La réflexion s’est prolongée ultérieurement à travers des études telles que celles d’Elsa Dorlin (Dorlin ; 2006 et 2009). Elle soulève plusieurs questions.

1) Les enjeux méthodologiques : comment appréhender
l’intersectionnalité ? Faut-il "hiérarchiser" des variables comportementales pour comprendre le social ? Dans quelle mesure se centrer sur un type de rapport social plus qu’un autre peut contribuer à modifier la réalité sociale appréhendée à travers la recherche ? Par exemple, on peut considérer que se focaliser uniquement sur le genre (ou la classe, la "race", la sexualité, l’âge, etc.) constitue une imposition de problématique. Cela revient à utiliser une grille de lecture unidimensionnelle du social alors que la réalité est façonnée par de multiples rapports sociaux construisant des identités hétéroclites. Comment dépasser ces biais ?

2) Les enjeux théoriques : en quoi l’intersectionnalité permet-elle d’appréhender les rapports sociaux ? Comment remet-elle en question certaines théories "classiques" des inégalités sociales ? La théorie de la « domination masculine » (Bourdieu ; 1998) est- elle infirmée par des études récentes, montrant que la "féminité" ne constitue pas nécessairement un handicap social ? C’est, par exemple, le cas en politique dans un contexte d’élections paritaires, a fortiori lorsque la féminité se « cumule » à d’autres caractéristiques reflétant la « diversité », comme la jeunesse ou encore une origine ethnique marginale (Achin et Lévêque ; 2011). Le cumul des « stigmates » (Goffman ; 1975) enferme-t-il toujours dans des positions sociales subalternes ou bien existe-t-il des situations et des configurations permettant de renverser la donne ? Comment s’agencent les différents rapports sociaux ? Faut-il les concevoir dans leur analogie ou bien dans leur imbrication ? Les processus de domination sociale peuvent-ils être transformés, voire subvertis, par leur co-construction ?

3) Ces questions en soulèvent d’autres, d’ordre épistémologique. On se demandera ainsi si une théorisation de l’intersectionnalité est possible. La notion ne signifie-t-elle pas en soi l’abandon de la volonté de saisir dans sa globalité le monde social ? Au-delà d’une description et explication des phénomènes humains, la question témoigne des enjeux théoriques contemporains. L’intersectionnalité est-elle une approche pertinente pour les sciences sociales ? Chercher à prendre en compte la pluralité des expériences risque de faire perdre la capacité à monter en généralité. Quelles autres alternatives sont possibles ?
Entre perfectionnement de la Grounded theory (Strauss et Corbin ; 1990) et déconstructionnisme conduisant à relativiser la pertinence des théories macro-sociales, en particulier structuralistes, les enjeux méthodologiques, théoriques et épistémologiques relatifs à l’intersectionnalité sont nombreux. La revue ¿ Interrogations ? propose de les questionner dans son dix-neuvième numéro et recherche, pour ce faire, des contributions originales et inédites portant sur l’analyse empirique ou théorique de l’imbrication des rapports sociaux, quels qu’ils soient.

Les articles, rédigés aux normes de la revue, au format .doc ou .odt, devront être adressés à Maud Navarre, avant le 31 janvier 2014, à l’adresse électronique suivante : mnavarre@laposte.net. Ils ne doivent pas dépasser 50 000 signes (notes et espaces compris).n° 19 - Revue ¿ Interrogations ?

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