Séminaire, organisé conjointement par la Caisse nationale des Allocations familiales (Cnaf), l’Institut Démographique de l’Université Paris 1 (Idup) et l’Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux Sociaux (Iris)
Organisateurs :
Benoît Céroux, sociologue à la CNAF
Benoît Hachet, professeur agrégé à l’EHESS
Renaud Orain, maître de conférences à l’Université Panthéon-Sorbonne (Paris-I)
1er et 3e jeudis du mois de 17 h à 19 h (salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris)
Présentation :
Depuis les années 1970, les transformations des modèles familiaux ont été importantes, notamment l’augmentation des séparations et des naissances hors mariage. Ces évolutions ont donné lieu à une multiplication de travaux académiques visant à déconstruire les modèles traditionnels. On assiste à une redéfinition de la/des famille(s), autour de l’enfant plutôt que du couple parental.
Cette redéfinition permet d’englober de multiples configurations et histoires familiales. En outre, les préoccupations autour du droit des enfants (Convention internationale des droits de l’enfant) et de leur bien-être servent désormais de principe de régulation des politiques publiques. Une pression normative pèse sur les mères et pères autour de la figure du « bon parent », que la multiplication d’ouvrages et de manuels de vulgarisation du savoir être / faire parent vient conforter. Le terme « parentalité » – qu’il s’agira d’interroger – est apparu dans les années 1950 en psychanalyse pour désigner le processus psychique conduisant à devenir mère ou père. Il est au cœur de ce double mouvement de diversification des configurations familiales et d’injonction normative à l’égard des responsabilités parentales. Repris par les sciences sociales, ce terme désigne la fonction paren- tale, assumée potentiellement par une pluralité d’acteurs, au sein de trajectoires familiales multiples (monoparentalité, beau-parentalité, homoparentalité...). Il renvoie également au vécu des pratiques parentales. Les termes anglo-saxons de « parenthood » et de « parenting » recouvrent ces dimensions de condition parentale et de pratique parentale.
L’objectif de ce séminaire est d’étudier le rapport, et les tensions, entre les représentations du rôle de parent et l’expérience concrète d’être parent, au regard du genre, de l’origine sociale, des conditions familiales (statut conjugal, taille de la fratrie...), des ressources économiques ou culturelles, etc.
Cette année le séminaire portera sur l’expérience. Il s’agira d’interroger, du point de vue des parents, conjointement la vision du « métier de parent » (les compétences parentales) et du « bon parent » (le parent idéal). Comment les parents définissent-ils leur rôle de parent et l’articulent-ils avec la construction de leur identité personnelle et celle de conjoint éventuel ? Comment les parents exercent-ils finalement concrètement ce rôle, compte tenu des contraintes économiques et temporelles avec lesquelles ils doivent composer ? Le séminaire abordera les manières dont la parentalité se concrétise dans des environnements socioculturels, économiques et démographiques différenciés. Une attention particulière sera portée à la question du genre, aux stéréotypes identitaires et à la disponibilité temporelle des pères et des mères. Le dialogue entre représentations et expériences de la parentalité proposé au cours des séances 2013-2014 s’inscrit dans le temps long du parcours parental. Les premières séances s’intéressent à l’entrée en parentalité, moment propice pour observer comment la projection parentale se télescope avec l’exercice concret du métier de parent. Le deuxième temps sera consacré à l’éducation. Il portera sur les injonctions multiples à la « bonne éducation » adressées aux parents, qu’ils soient considérés comme déviants ou non. Enfin, l’organisation de la coparentalité fera l’objet des dernières séances. Elles interrogeront les manières de rester parent quand la configuration familiale se modifie.
Programme et infos :
http://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2013/ue/102/