Journée d’études organisée par Mireille Calle-Gruber, Anne Castaing, Sarah-Anaïs Crevier Goulet, Xavier Garnier, Christine Lorre et Myriam Suchet
Université Sorbonne Paris 3
vendredi 21 février, salle Claude Simon (Maison de la Recherche), 9h30-19h
Présentation :
Le concept d’écriture migrante a fait l’objet au Québec de recherches approfondies et d’analyses théoriques dans le domaine des lettres et des arts depuis les années 80, constituant un champ épistémologique à part entière. Le moment d’émergence de ces études est marqué par la publication de La Québécoite de Régine Robin en 1983, qui fut suivie d’une production fournie et diversifiée comprenant aussi bien des écrivains d’Europe que du Maghreb, de la Caraïbe, d’Asie et du Moyen-Orient.
Par la suite, c’est dans une perspective dynamique sur plusieurs générations que s’est effectuée l’interrogation des écritures migrantes, tant au plan historiographique, sociolinguistique, théologique que littéraire et philosophique. Il en est résulté la mise au point d’un ensemble d’outils méthodologiques.
C’est en considérant les résultats de cette démarche que nous faisons ici une double hypothèse suivante :
1) la méthodologie des écritures migrantes pourrait permettre de considérer à nouveaux frais la question du genre et des différences sexuelles, question qui s’inscrit forcément dans un contexte pluriculturel, entrainant une réflexion sur l’hospitalité telle qu’elle est mise en œuvre dans la littérature et les arts.
Il en résulte la nécessité d’une attention toute particulière au rapport de la théorie des écritures migrantes du genre avec la langue, les imaginaires des langues, et les transferts culturels. La question de la traduction, envisagée tant d’un point de vue métaphorique que dans sa dimension pratique la plus concrète, pourrait constituer une piste complémentaire et rejoindre le paradigme traductionnel actuellement prisé des sciences humaines et sociales dans leur ensemble.
2) Il s’agirait par suite d’arracher la notion de genre à l’uniformisation de la pensée et à son institutionnalisation en ouvrant la perspective des multitransferts et des pluralités culturelles : à la lumière des processus migratoires des œuvres littéraires et artistiques, c’est à un feuilletage d’infinis potentiels que devraient conduire ces recherches. Les approches les plus récentes de la notion d’écriture migrante, qui critiquent volontiers leurs aspects parfois stéréotypés, invitent précisément à dépasser la représentation essentialisée et idéalisée de l’Autre pour engager une multiplicité de rapports éthiques et discursifs.
Programme :
> Mireille Calle-Gruber (U. Paris 3), « les corps d’énergie que nous sommes », > Simon Harel (U. de Montréal) : « L’écriture et la survivance dans Folie passée à la chaux vive de Christine Jeanney et Stéphane Martelly »
> Ying Chen (écrivain, Vancouver) : « Le plus grand obstacle ». L’écrivain sera présenté par Christine Lorre-Johnston (Paris 3)
> Maribel Penalver : « De l’affect des mots “migrants” : une mise en scène de l’hos(ti)pitalité poétique »
> Régine Robin : Depuis La Québécoite... > Sarah-Anaïs Crevier Goulet (U. Paris 7/ U. Paris 3) : Entre migrance et immobilité : explorer le continent inconnu du corps chez Anne-Marie Alonzo »
> Melina Balcazar Moreno (U. Paris 3) : titre à préciser
> Sarah Carmo (U. Paris 3) : « Le hors-lieu du passage des cultures ou l’exil de Leonor dans As Luzes de Leonor de Maria Teresa Horta »
> Xavier Garnier (U. Paris 3) : « Troubles afropolitains dans l’écriture du genre » > Aline Bergé (U. Paris 3) : « Arrière-paysages des migrantes : lectures de Leïla Sebbar » > Yolande Cohen (UQAM, Montréal) : « Retours sur un départ : de Meknes à Montréal »
Contact :
annecastaing@yahoo.fr