Séminaire CERAM (Centre d’études sur l’Afrique et la Méditerranée)
Jeudi 8 novembre – 18h30-20h30
Amphithéâtre – Ecole de Gouvernance et d’Economie de Rabat (Maroc)
Présentation :
Aujourd’hui, le terme de« gouvernance » fait l’objet d’usages multiples. Tout d’abord, comme le rappellent John Pierre et Guy Peters dans Governance, politics and the State (2000), il incarne le nécessaire renouvellement de l’Etat au sein d’un contexte marqué par les crises économiques et répond également au besoin de moraliser la vie publique. Le concept de « bonne gouvernance » est en effet régulièrement employé au sein des discours politiques et montre la performativité employée par les dirigeants pour légitimer ce nouvel idiome. Toutefois, comme le rappelle Yves Sintomer dans ses travaux sur la délibération publique, parler de gouvernance signifie également l’importation des techniques managériales des entreprises privées au sein du monde des affaires publiques. Pour certains, la gouvernance signifie la substitution d’une démocratie délibérative et participative par un gouvernement technocratique délaissant la concertation du peuple et privilégiant les impératifs du marché. Comme le montre la place occupée par les gender studies au sein des travaux de recherche sur la gouvernance, ces deux approches sont loin d’être antithétiques. Si l’objectif de ce colloque n’est pas de fixer un cadre référentiel à la notion de gouvernance, il entend par contre penser cette dernière à la lumière de la gouvernabilité, c’est-à-dire à partir des différents modes de contrôle et de gestion des populations gouvernées. Aujourd’hui, il semble possible de parler de « gouvernance pastorale » des corps pour définir le pouvoir normatif que l’Etat, notamment ce que l’on appelle « l’Etat de droit », exerce sur les populations gouvernées. Au sein de ces enjeux, les gender studies occupent une place importante sur laquelle nous nous proposons de revenir en croisant les approches juridiques et politiques. Il s’agit de penser la façon dont l’action publique agit sur le corps des gouvernés en tenant compte à la fois de la normativité juridique mais aussi des effets que le droit induits au sein des pratiques sociales.
Programme :
Présentation
> Jean Zaganiaris, « Foucault, la gouvernance, le féminisme : quelles affinités électives ? »
Jean Zaganiaris est enseignant-chercheur CERAM/EGE Rabat, auteur de « Les rapports sociaux de genre au moment de l’Indépendance du Maroc : les enjeux politiques de la littérature marocaine », Amar Mohand-Amer et Belkacem Benzenine (dir.), Le Maghreb et l’indépendance de l’Algérie, Paris/Tunis, CRASC/ IRMC/Karthala, 2012
Intervenants
> Bruno Perreau, "La gouvernance pastorale du genre"
Bruno Perreau est professeur au Massachusetts Institute of technology et Newton Fellow à l’université de Cambridge, auteur de Penser l’adoption. Une gouvernance pastorale du genre, Paris, PUF, 2012.
> Johanna Marie Buisson "Vers une herméneutique féministe de contre-pouvoir : la question de l’égalité dans le Coran"
Johanna Marie Buisson est enseignant-chercheur CERAM/EGE Rabat, auteure de Lingua Barbara or the mystery of the other. Otherness and exteriority in Modern Poetry, Oxford, Peter Lang, 2012.
Discutant :
Issame Kamal, Professeur de droit, responsable pédagogique, EGE Rabat.
Contact :
Jean Zaganiaris, zaganiaris@yahoo.fr